lundi 3 novembre 2025

NUANCES SUR LA PAIX ET L'AMOUR - UN COMMENTAIRE SUR UN PROPOS D'ALEXANDRE JOLLIEN

Œuvre de Champlakal



La vie est bien trop courte pour perdre son temps à se faire une place là où l’on en n'a pas, pour démontrer qu’on a ses chances quand on porte tout en soi, pour s’encombrer de doutes quand la confiance est là, pour prouver un amour à qui n’ouvre pas les bras, pour performer aux jeux de pouvoir quand on n’a pas le gout à ça, pour s’adapter à ce qui n’épanouit pas. 
La vie est bien trop courte pour la perdre à paraître, s’effacer, se plier, dépasser, trop forcer. Quand il nous suffit d’être, et de lâcher tout combat que l’on ne mène bien souvent qu’avec soi, pour enfin faire la paix, être en paix. 
Et vivre. 
En faisant ce qu’on aime, auprès de qui nous aime, dans un endroit qu’on aime, en étant qui nous sommes, 
Vraiment..

 Alexandre Jollien


Mon commentaire :

Il y a des défis d'amour à relever. 
Parfois, être en paix et laisser les faux semblants, c'est encore servir un désir et ne pas aller jusqu'au bout de l'amour. L'amour vrai n'attend plus rien en retour. La paix, c'est l'équanimité intérieure... 
Il est parfois utile d'admettre que notre cœur est encore trop petit pour telle situation, plutôt que d'édifier ou nourrir un ego spirituel sans aucune ressource pour trouver une aide intérieure. L'âme, c'est le fond du cœur et ça ne peut que servir ce fond du cœur de l'autre. L'âme se sait et se sent hors d'atteinte de tout inconfort et de tout danger. L'âme est l'enfant protégé du Divin et n'aspire qu'à l'amour du Divin. Le reste, c'est de l'ego et des désirs. Bon, il faut bien s'en occuper comme ceux des enfants, tant qu'ils n'ont pas été soumis à une maturation humaine et, plus radicalement, à la transformation divine. 
Mais s'il y a maturation et transformation,  arrive un temps où l'appel du cœur et de l'âme peuvent prévaloir. Et il y faut notre obéissance à la commande. Les désirs de paix et de tranquillité de notre ego spirituel sont souvent en porte-à-faux avec la commande divine. Celle-ci,  suivie quoi qu'il en coûte à notre ego, produira une émergence du pouvoir réel d'équanimité intrinsèque au Divin. Si peu à peu l'amour du divin nous a suffisamment rendu réceptif à son appel au bien, au beau et au vrai, il nous appartient d'y répondre ou non. Si nous avons cette sincérité, à ce moment-là, il n'y a plus d'écart entre l'individualité et la vision en première personne partagée par Douglas Harding... 
L'âme, c'est ce point où une véritable individuation en parfaite harmonie avec le devenir est une évidence indubitable. L'échelle alors n'est plus une courte vie humaine. L'âme de nature divine partage l'éternité atemporelle de l'Être Divin et la sempiternité du Devenir Divin.
L'âme pressent que tout est Un et elle grandit dans l'intelligence du Devenir. 
Quand la voix de Dieu s'entendra à travers notre âme, il serait dommage que notre ego, qui demeure en surface de nous-même n'obéisse pas à la commande divine. L'ego même spirituel, même imbibé d'un mental spiritualisé peut ne pas être un bon serviteur de l'amour du Divin. Il peut vouloir continuer à améliorer la façon de vivre sa situation et ses relations alors que le progrès de l'âme exige une aventure périlleuse pour l'ego voire une rupture avec une vie relationnelle qui nous disperse de notre profondeur. 
En intégrant tout ce que nous sommes autour du centre véritable de nous-mêmes qu'est notre âme, la division entre l'impersonnel et le personnel, l'individuel et l'universel n'a plus de sens... 
La vacuité universelle et impersonnelle découvre désormais une dimension divine personnelle et individuelle qui en est inséparable. La seule présence de la vacuité est désormais ressentie incomplète quand la présence divine de l'âme se retire, à cause de notre insubordination au Divin. Réciproquement, il ne peut y avoir la présence de l'âme sans être consciemment vacuité. L'ego qui a suivi une impulsion qui étouffe et ferme à la présence de l'âme ne manque pas ensuite d'être sollicité par des impulsions qui cherchent à lui faire perdre de vue la présence pacifiante de la vacuité.
Le Devenir est une joie en mouvement dont l'âme est une onde. Le désir, le plaisir, la peine, la douleur demeurent peut-être encore, mais ils sont bien vus comme un restant d'ego séparateur. Ils sont le symptôme de l'inachèvement de notre transformation divine.
La vision en première personne arrache la tête de l'ego, son égocentrisme, mais pas ses racines que sont le désir, la recherche du plaisir et leur revers qu'est la souffrance.
Pour cela, il faut trouver son cœur et, dans son cœur, il faut trouver son âme et la conscience vraie du Devenir, la Mère divine, dont la substance est aussi celle de notre âme.
 L'horizon d'être un pur instrument entre les mains du Divin peut alors commencer à se concrétiser. Ce n'est plus ce qu'on aime, ceux qu'on aime, dans un endroit qu'on aime. Ce que nous sommes vraiment, c'est le Divin et son  Devenir. Et pour Être et Devenir ce que nous sommes vraiment, pour que la filiation divine de notre âme l'emporte sur notre subconscient animal, notre ego doit devenir comme un soldat qui s'exécute sans délai et sans ménagement pour sa petite personne. Un bon soldat n'est-il pas prêt à donner sa vie, juste le temps du salut militaire marquant l'obéissance à son supérieur venant de lui ordonner une mission périlleuse ?

Œuvre de Niranjan Guha Roy 



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