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dimanche 30 mars 2025

EXAMEN CRITIQUE DE L'ÉVEIL COMME PAIX : AU CŒUR DE LA VISION SANS TÊTE, L'EVOLUTION CONSCIENTE DE L'ÂME et quelques unes de ses conséquences concernant l'évolution de l'humanité.

Œuvre de Ton Dubbeldam


AU COEUR DE LA VISION SANS TETE, VIVRE LE SOI AVEC UNE AME OU L'EVEIL DE L'EVOLUTION CONSCIENTE DE LA CONSCIENCE


Pour percevoir cet œil ouvert de lumière intérieure en moi, de façon plus continue, les expériences de Douglas Harding me furent d'un grand secours. Grâce à elle, cette Ouverture consciente de la conscience, entraperçue régulièrement auparavant,  a pu se stabiliser au sein du vécu. 

La perception et la pensée sont distinguées aisément et de plus en plus radicalement avec la pratique d'un retour aux faits perceptifs pointés par Douglas Harding. Cette distinction entre perception et pensées ou émotions reste usuellement minorée par une vie ordinaire d'un ego ignorant de sa source. L'égocentrisme de mes personnalités est grâce à cela viscéralement relativisé. Mes personnalités ne trônent plus au centre de ce que je suis, elles n'y parviennent que fort épisodiquement. 

La lumière intérieure me met devant le mystère de l'autocréation de ce qui est et paraît comme mon individualité avec ses personnalités, les autres et le monde. Cette lumière intérieure se désenténébrant est lumière divine, Félicité,  Beauté, Bonté. Elle me révèle mon cœur. Ma présence personnelle dans cette présence divine descend s'enfoncer dans le cœur au centre du torse. Là certains pans de ma personnalité commencent à ne faire qu'un avec l'Ouverture de conscience. Des dimensions personnelles s'avèrent être dans la continuité de la Présence. Certaines s'avèrent de l'essence même la Présence. L'union sans séparation est aussi vue comme un fait en croissance. Elle n'est pas uniquement le produit d'une transparence acquise par ma personne en évoluant dans le Voir inhérent à l'Ouverture de conscience consciente. Elle ne résulte pas uniquement d'une intégration de mon individualité au sein de la Présence.
Cette réalité d'union par essence entre la Présence et des pans de ma personne rend la notion de Divin encore plus pertinente et évidente. Par cette union devenue perceptible, mes dimensions individuelles participent d'un amour universel dirigeant le Devenir. Là commence la découverte de ce que j'ai pu appeler, sur ce blog, le Soi avec une âme.

Pour prendre conscience de la lumière intérieure, nous avons des techniques psychocorporelles. Pour trouver une continuité avec le parfum de mon âme, cette dimension de ma personne véritable qui prend naissance dans cette lumière du divin, je ne peux témoigner d'aucune technique précise et réitérable par chacun, parce que, sans doute, il ne s'agit pas d'un simple retour à l'esprit et sa lumière. C'est un retour de notre âme vraie à elle-même. Cet enfant Divin que je suis/nous sommes commence par lui-même à se percevoir dans l'humain qu'il expérimente. Lui seul s'exprime dans l'aspiration à la descente dans le cœur. Lui-seul donc peut inspirer à ce qui descend vers lui le mouvement le plus juste qui correspond à sa propre rencontre avec lui-même au sein de l'individualité humaine dont il est le soubassement et pour laquelle il est la source véritable du sens de cette vie humaine temporaire.

Il y a bien sûr quelque chose qui a un rapport avec une descente du sentiment de notre personne dans le cœur ; le pur amour, ou la karuna, brille davantage quand une de nos personnalités en devient davantage l'instrument au lieu de se croire le pseudo-auteur de ce qui est moral. 
Dans cette descente, Il y a des bouffées de joie sans cause et sans objet qui surgissent de là et encourage la descente. D'où l'aspiration pour une large part de notre personne de servir le centre et de ne plus le masquer illusoirement. 
Cependant, c'est à l'acmé de notre authenticité dans la situation, ici et maintenant, qui exige de devenir et d'agir avec le plus de justesse possible, qu'il y a ce parfum. 
La justesse n'est pas simplement une question de servir l'amour. Il y a une vérité à servir avant d'être sûr de servir l'amour pur dans son flux autocréateur global. Cette vérité à pressentir n'est pas une vérité humaine mentalement exprimable.

Qualité des actions, justesse des connaissances dans leur inconnaissance sont exigées autant que dévotion à la bonté. La voie triple ou le quadruple sentier qui unit pratique des œuvres, de la dévotion, de la connaissance voire voie de la Perfection est donc utile et requise. Mais quelle inflexion mettre ? quand la mettre ? etc. Tout ceci reste à préciser pour chacun et selon le chemin singulier de chacun. 
Pour dire synthétiquement la visée focale de ce chemin, je parlerais d'authenticité du fait de se confier le plus entièrement possible au Divin et à sa dynamique évolutive. 
La foi la plus pure n'est plus seulement une volonté plus ou moins ferme, un sentiment plus ou moins fluctuant, une croyance mentale plus ou moins solide, elle s'avère un engagement naturel du cœur, shraddha en sanscrit. Se confier au Divin, c'est se soumettre vraiment à Lui. Se soumettre au sens de s'abandonner à son action dans la confiance, se soumettre au sens d'ancrer de plus en plus notre humanité individualisée par notre âme vraie, enfant du Divin, engendrée, non pas créée, dans l'œuvre Divine de perfection.


Le parfum de l'âme s'avère un feu. Il semble me ramener des morceaux d'histoire très fugitifs qui font écho maintenant comme à quelque chose qui rejoue une butée, ici et maintenant, d'une subtilité défiant toutes traductions mentales.

La présence de l'âme nous met en présence de l'action vraie. A côté de mes impressions d'action sur le plan mental, vital et physique, qui restent le fait de mes personnalités de surface, il y a l'action vraie. Elle nous fait d'abord pressentir que derrière tous les flux multiple du Devenir, il y a un fleuve unique du Devenir, un flux supraconscient. La dimension autocréatrice de ce qui est, quand elle est pressentie peut sembler inconsciente du point de vue mental, vital et physique : illusion, erreur, émotions perturbantes, souffrances, douleurs physiques, destructions incompréhensibles accompagnent inexorablement le Devenir autocréateur. Mais quand on pénètre sur ce plan de l'âme, on y voit ce flux du Devenir engendrer son étincelle d'individuation : le Suprême divin éternel est son Père et cette réalité divine autocréatrice est sa Mère. L'âme est de la même substance que la Mère du Devenir. L'aspiration de l'âme et de la Mère Divine est de s'aligner sur la "volonté" du Suprême même si nos dimensions humaines nous empêchent de connaître le pourquoi du comment. 
Et au fond, rien n'est contre du point de vue du développement de nos âmes. 
Un ego peut être balayé de la vie, un individu peut subir des injustices inacceptables du point de vue des idéaux humains mentaux, vitaux et physiques. Une âme s'incarne, elle, quelles que soient les circonstance ; si elle quitte la scène terrestre, chassée par les circonstances, elle en aura tout de même tirée une évolution. 



INDICES D'UNE COEVOLUTION EN COURS DE L'HUMANITE CONTRIBUANT A UN EXAMEN CRITIQUE DE L'EVEIL COMME PAIX POUR LA BULLE MENTALE HUMAINE

Même hors du point de vue expérientiel de l'âme, en considérant nos connaissances mentales de l'histoire de l'univers, on voit bien que la matière se vitalise, que la vie se mentalise et que dans ses sommets, l'évolution autocréatrice prend conscience d'elle-même au moins partiellement en un individu. Du point de vue mental, on sait qu'il y a une évolution de la matière produisant une individualisation ; du point de vue spirituel, on découvre un lien entre la conscience de l'Ouverture consciente, l'autocréation de tout ce qui se manifeste comme évolution universelle et ce que nous devenons individuellement. 
On peut pressentir, à partir de ces lignes de faits intérieurs et extérieurs objectifs, une réalité qui surgit d'au-delà de la conscience mentale humaine et peut matérialiser quelque chose au-delà des possibilités de compréhension de cette conscience. 
Si nous prenons au sérieux une évolution où par le passé des individualisations deviennent de plus en plus consciente, pourquoi ne pas envisager que ce mouvement se poursuive ? Le scandale de l'évolution de la matière n'est pas notre filiation passée, mais le fait que nous, humains, soyons nous-même un pont, une transition. 
Nous pourrions être un jour face à un être surhumain qui nous ressemble, un peu comme notre animal domestique nous ressemble ; nous pourrions communiquer avec lui comme notre animal domestique peut communiquer avec nous ; mais, comme notre animal domestique avec nous, nous saurions que quelque chose nous échappe dans son action au vu de ses résultats, nous serions amené à reconnaître un niveau de conscience incarné qui nous dépasse.

Cessons cette spéculation, même si elle est conséquente du point de vue du paradigme évolutif. Considérons juste le point de vue humain quand il reçoit une poussée évolutive, une intuition qui change son vécu mental de la vie. On doit admettre que cette expansion ne dure pas et produit le plus souvent ses propres obstacles qui devront recevoir une solution nouvelle jamais envisagée. 
Cette lumière qui s'est levée là sous la forme d'une intuition renouvelant la vie mentale, y compris matériellement, a tôt fait de s'éteindre dans les décombres de l'histoire. 
Et puis, même ce qu'il y a de plus lumineux dans tel regard de la vie mentale sur elle-même, ce qu'il y a d'amour le plus convaincant, paraît toujours s'accompagner d'ombres, qui à un moment deviennent concrètes et nécessitent un élan nouveau. 

Un Bouddha nous parle d'éveil, mais il ne reprend guère ses disciples affirmant que les femmes doivent se réincarner en homme pour qu'il se réalise plus aisément. 
Un Jésus-Christ nous parle d'un Dieu d'amour. Mais, d'après les Evangiles, il invite ses apôtres à maudire ceux qui n'accueillent pas sa Bonne Nouvelle en secouant leurs sandales à l'entrée de leur demeure ; il parle de cris et pleurs dans l'enfer, ce qui ressemble à une menace pour qui refuse son enseignement.

Le bonhomme humain ne change pas fondamentalement tant que l'âme et la lumière spirituelle n'exercent qu'une influence mentale, vitale et physique qui reste intermittente ou, plus encore, inconsciente en surface de notre individualité.

Revenons, maintenant, à ce qui se passe de nos jours. Actuellement, pour qui est attentif et rassemble les données, à l'évidence, il y a une émergence de l'âme plus radicale soutenue par l'action de la Mère divine, l'intelligence, pour nous, supraconsciente du Devenir autocréateur. 

Concrètement, les aspirations spirituelles se démultiplient et elles sont de moins en moins rattrapées par des dogmes collectifs, des pratiques standardisées, etc. Elles échappent ainsi de plus en plus à toute forteresse mentale religieuse.
Les aspirations spirituelles se singularisent, la religion s'individualise parce qu'une force intérieure, à laquelle les événements extérieurs répondent, accélère sans aucun doute l'individuation des âmes.


On peut observer ici comme un effet co-évolutif sur les formes du vivant qui accompagnent cette nouvelle individualisation matérielle en cours. 
L'émergence mentale s'est elle-même caractérisée par une co-évolution du vivant, aujourd'hui de plus en plus renseignée objectivement. Avec la disparition des dinosaures-mastodontes, des insectes pollinisateurs émergent avec les fleurs, émergent aussi alors les fruits produits de ces fleurs et nos ancêtres dont le volume cérébral croissant nécessite le sucre abondant de ces fruits.

Le vieil homme en nous, en qui s'effectue l'œuvre de cette supraconscience, force transformatrice, perd ses repères mentaux, il n'a plus de désirs qui le portent, son caractère se fissure, ses habitudes physiques déraillent insuffisantes. Le vieil homme perd pied. 
Certes l'âme émerge dans la conscience jusque là individualisée humainement, ce processus passe par un consentement intérieur, une soumission volontaire de notre personne. 
Mais aujourd'hui, même s'il n'y a pas cette intériorisation et ce consentement, celui qui ne vit que dans la perspective du vieil homme se voit le jouet des circonstances extérieures : il s'accroche à des repères, à des valeurs, à des désirs qui, sans cesse, sont ballotés, désarçonnés, inquiétés. 


Le besoin de Paix devient tellement criant que les chercheurs et les trouveurs de la Présence se démultiplient dans nos sociétés.
Pour l'humain ordinaire, l'horreur de la situation est de plus en plus impossible à fuir dans un quelconque divertissement. 
Mais même vivant déjà au sein de la Présence de cette Paix, l'horreur de la situation, demeure un objet de lutte constant : c'est ce monde, en ébullition, cet autre de plus en plus envahissant, qui met le désordre, menace nos modes de vie. 
Parmi ceux qui ont réalisé la Présence comme Paix, il y a beaucoup de fake-news qui sont partagées en tout sens, il y a un manque de discernement dans l'action, même si la Paix immuable est indéniablement présente en arrière-plan des actes de cette personne. 

Car se tenir humainement dans la Paix immuable, ce n'est encore n'y rien comprendre au Divin, c'est risquer de continuer à empirer les circonstances, l'horreur de la situation. Le premier danger certainement est d'absolutiser mentalement cette réalisation ; dès lors on exclut toute autre possibilité spirituelle, on commence à dogmatiser, à s'enfermer tout en se croyant l'Ouvert, une conscience indubitable de l'absolu. 

S'enfermer mentalement avec cette Paix, c'est refuser la Félicité et la divinisation qui se proposent, c'est refuser la nouvelle harmonie qui croît. C'est refuser de se mettre à l'écoute de son cœur et du feu de son âme vraie qui s'y tient cachée en arrière-plan. 
Et c'est forcément trouver aberrante toute idée d'un nouvel être au-delà de l'humain, même si son émergence parmi nous humains et sa victoire incarnée matériellement est peut-être la seule réponse à la crise évolutive que nous vivons. 
Car nous ne vivons pas, si vraiment nous nous plaçons dans la perspective de l'âme vraie, une crise écologique, politique, morale, etc., nous vivons actuellement d'abord et avant tout une crise évolutive. L'horreur de la situation ne peut être traitée authentiquement avec un début d'égalité d'âme qu'à ce niveau.

Les rôles qui font l'horreur de la situation et ceux qui la subissent s'inversent aisément et même se superposent. 
Et cela dessine comme en miroir inversé, la coévolution humaine qui accompagnera le saut évolutif au-delà de l'humain, si une espèce humaine demeure comme les oiseaux demeurèrent après la disparition des autres dinosaures, lors du dernier saut évolutif.

Par exemple, les palestiniens font l'horreur de la situation des israéliens et les israéliens font l'horreur de la situation des palestiniens. Il y a ceux qui font le choix des victimes palestiniennes et ceux qui font le choix des victimes israéliennes. Et ainsi va l'horreur de cette situation. Mais aussi émergera une vie humaine sans victimisation, sans cercle vicieux de la violence ainsi perpétuée par le jeu de la dramatisation.

La corruption et le vide de sens des propositions des politiciens libéraux et démocrates font que parmi ceux qui vivent la Présence, on lorgne vers des visions avec plus d'ordre et de valeurs. Même éveillé à la Présence, on relaie les idées illébérales d'un Trump, d'un Poutine - le fascisme d'un Julius Evola ne choquerait pas ceux qui le promeuvent sans le savoir. 
Mais comme une dictature de gauche, un autoritarisme de droite, c'est la vindicte contre des gens qui défendent d'autres points de vue.
Le mensonge politique s'inscrit plus largement dans l'œuvre du mensonge y compris celui de l'homme éveillé à la Paix spirituelle. Il peut y avoir la Paix et elle ne peut pas pour autant empêcher la fausseté du dialogue : on prétend écouter, on déforme le propos, on ne retient rien au nom d'un point effectivement faux, la part de vérité de l'autre est systématiquement niée et ignorée.

Ce n'est guère manifester la Paix ! Car la Paix sans l'Amour, ce n'est guère la Paix. L'absence de dialogue authentique est toujours une absence de pureté et de vérité de l'Amour !

La Présence sourde au dialogue et les spiritualités sans âme ignorent les bienfaits du pluralisme. La paix sans âme, ce sont les tentations de régler les problèmes par uniformisation politique. L'âme nécessite le pluralisme, à la surdité dialogale, elle préfère le dissensus fraternel comme base d'une communion véritable et authentique. La fraternité pluraliste est tout sauf une  massification communiste d'où aucune tête ne doit dépasser, quitte à ce qu'on les coupe. La fraternité pluraliste est tout sauf un ordre fasciste où aucun écart du rang n'est pardonné quitte à tuer toute figure d'originalité qui ose interroger cet ordre. 

La Paix et l'Amour supposent un pluralisme créateur car sinon ce n'est guère de l'Amour Ouvert. Une autorité qui n'encourage pas un pluralisme créateur et ne partage pas ses pouvoirs aboutit inéluctablement à un autoritarisme tout à fait contraire à la Vérité de la Paix et de l'Amour Ouvert.

Ainsi s'emballe un processus qui semble contraire à toute harmonie, à tout sens de l'âme, qui, par essence, n'est d'aucun pays, d'aucune nation, d'aucune religion. Mais la maladie redouble ses symptômes avant qu'un saut évolutif immunise le corps définitivement. 

Si vraiment tout est Divin, ce que nous ressentons comme l'horreur de la situation est le refus secret dans notre cœur de poursuivre sur la voie du vieil humain en nous qui croit tout solutionner mentalement, dogmatiquement, autoritairement, violemment. En fait, l'horreur avait toujours été là mais nous la ressentons enfin comme telle ; notre âme émerge et avec elle, l'intelligence de l'œuvre Divine supraconsciente à commencer par le sens de l'imperfection de ce qui est. 
La Paix et une aspiration au Vrai, au Bien et à la Beauté sont indispensables dans cette zone intermédiaire où nous guettent les réponses mentales qui nous ramènent à la vieille humanité, mais où nous guettent aussi l'angoisse, la dépression qui de l'autre côté des forces nihilistes surgiront. 
A côté du surhumain que des âmes d'élites commenceront à incarner physiquement s'il s'agit d'un saut évolutif au-delà de l'humain, il y a donc place pour une coévolution humaine. 

Cela s'entend, si on veut bien l'entendre et répondre à son appel. Ce ne sera pas une paix molle ! Ce ne sera pas une paix pactisant avec l'horreur de la situation ! La Paix spirituelle saura se répandre sans nourrir ce qui est contraire à l'Amour vrai ! Elle sera le socle de base pour qui veut se rencontrer en son âme vraie et participer à la divinisation de son individualité mentale et vitale, et en cela ne pas faire obstacle au saut évolutif à venir.

Avant de parvenir à un nouvel équilibre co-évolutif, des gangues du genre humain seront le théâtre d'une transformation en autre chose au-delà de l'humain. Dans la foule des humains, un surhumain se fera ; comme dans la foule des poissons asphyxiés à l'air libre, une forme de respiration alvéolaire s'est fait jour.
Cela ne finira plus comme une lumière intuitive à chaque foie rattrapée par la bulle mentale humaine, touchant à chaque nouveau pas en avant une de ses limites. La bulle humaine mentale avec ses préjugés, ses dogmes, ses condamnations, ses contradictions ne règnera plus en imposant à la vie terrestre ses propres limites. 
Car déjà, Cela va autre part, Cela suscite un saut évolutif. 

Œuvre de Ton Dubbeldam

2024 - mars 2025

vendredi 9 août 2024

UNE SPIRITUALITE INTEGRALE DE L'ETRE ET DU DEVENIR DEVOILE LA MERE DE NOS AMES, LA CONSCIENCE FORCE CREATRICE.

Michel Larionov - Acacias au printemps -1904


Le message de Jésus semble unir l'Etre et le Devenir. 

L'amour comme agapè prolongeant la vision d'une source divine créatrice unit, me semble-t-il, l'Etre et le Devenir. 

Autour du deuxième siècle après Jésus-Christ, des débats entre chrétiens ont commencé à porter sur ces points : y a-t-il une action divine qui va perfectionner le monde terrestre ou la terre n'est-elle qu'une création démoniaque (d'un dieu du mal) ? Certes les dualistes gnostiques semblent avoir été dominés voire éliminés par le camp adverse devenu de plus en plus intolérant. Mais certaines idées dualistes fustigeant la chair nous liant aux forces obscures et hostiles ont durablement influencé la culture chrétienne y compris spirituelle. La plupart des chrétiens y compris les mystiques espèrent que Dieu les libérera des tourments de la chair dans un avenir postmortem.

Chez les philosophes de l'antiquité gréco-romaine, le débat était entre les partisans d'un univers terminant cycliquement en déflagration et les tenants d'un univers infini. 

Quelles étaient les expériences fondant leurs métaphysiques. Quelles conséquences pratiques ont ces métaphysiques ?

La question me paraît actuelle. 

En durcissant dogmatiquement leurs interprétations sur le rapport entre l'Etre et le Devenir, la plupart des courants religieux chrétiens ont malheureusement souvent étouffé et amoindri l'accès évident à l'Etre. La mystique chrétienne n'a jamais été bien accueillie par les institutions religieuses. Et celle-ci si elle a touché à l'union substantielle de l'âme et du divin dit, au final, assez peu de chose sur la divinisation du corps. L'incarnation du divin qui surmonte la mort est restée une espérance ; elle ne s'est guère traduite dans une aventure spirituelle concrète avec pour ceux qui l'entreprendrait une cartographie mentale.

Mais quoi qu'il en soit, pour moi postchrétien plutôt qu'antichrétien, la voie du cœur ne se résume pas dans des moyens de se détacher, car ce serait éventuellement se détacher des conséquences des interactions de nos actes humains. Un tel cœur serait luciférien. Il n'échapperait guère au seigneur du mensonge, ce flux de forces vitales et mentales qui nous rendent insincères et incohérents.


Et bien que les spiritualités non dualistes m'apportent beaucoup, y compris l'évidence d'une vacuité englobant le devenir, je ne m'y reconnais donc pas entièrement sur la question du cœur et du Devenir. En mettant entre parenthèses le devenir des personnes, y compris la leur, beaucoup des non dualistes me semblent décider mentalement que l'absolu est autre que l'amour. Pour moi, le danger est luciférien : le propre de Lucifer, des forces vitales et mentales lucifériennes, le porteur de lumière est effectivement la  capacité de réaliser une lumière spirituelle et de l'utiliser, malgré les apparences sans cœur, et surtout sans aucune âme pour son propre avantage. Or sans influence tangible de l'âme, l'ouverture du cœur ne va guère sans confusions. Le seigneur du mensonge, les forces de conscience qui nous individualisent dans cette confusion d'insincérité, est le champion des demi-vérités qu'il parvient à mettre en conflit évitant et retardant la venue de la Vérité et de l'action autocréatrice intelligente. La victoire contre une vision prisonnière de la dualité, contre le Séparateur, le diabolique, les forces vitales et mentales de l'isolement et de l'enfermement en soi-même est devenue plus aisée de nos jours. Mais la spiritualité mainstream ne résout guère le problème luciférien. Or comment nous sortir de ce que certains dénomment l'ère de la post-vérité ? L'autre est toujours le menteur. C'est toujours l'erreur, la mécréance de l'autre qui est fautive. Quelles que soient les demi-vérités que l'autre véhicule, elles sont rejetées en même temps que ses erreurs. Bien sûr, ce sont toujours d'autres que nous, les auteurs du chaos. La demi-vérité d'autrui est évidente comme étant son mensonge, sa mauvaise foi. Mais pourquoi manquons-nous notre propre déformation de la vérité ? Pourquoi sommes-nous sans cesse en train de jeter le bébé vérité avec l'eau sale de son bain ?


Ici et maintenant, pouvons-nous affirmer être un instrument docile de la Vérité ? Nous avons des éléments à notre disposition, que valent-ils ? Pouvons-nous nous appuyer sur des souvenirs, des informations ou des faits, ici et maintenant, non pas interprétés mais observés ? Ai-je des garanties sur la qualité subjective et objective de mon observation ? Nous avons bien quelques vérités parmi nos jugements et observations, mais sommes-nous intégralement en Vérité ? 


Dès que nous sommes sincères, il nous faut bien admettre notre appartenance à un monde de demi-vérités et dès lors à un monde de mensonges.


Dès lors que nous défendons notre monde de libertés contre d'autres qui au fond défendent leur monde de libertés, nous n'avons pas de certitude d'un regard intègre. Pouvons-nous prétendre défendre le monde en imposant le nôtre ? On peut prétendre défendre nos libertés contre ceux qui y attenteraient, mais de quelle liberté parlons-nous ? La liberté de suivre nos désirs, nos idées, nos mœurs est-elle une liberté créatrice de liberté ou une réclamation de poursuivre tout comme avant, notre petit esclavage y compris à des actions qui ne changent rien au fond ? Et ces changements relatifs qui refusent la transformation vers un mieux de la vie, ne sont-ils pas une hostilité à une évolution de la conscience, un refus de participer sincèrement à l'intelligence autocréatrice ?


Une foi en un Devenir évolutif où le cœur se réalisera divinisé, où une transformation même de notre matérialité sera en jeu, va de pair avec une meilleure vision de l'Etre. Nous pourrions développer une telle foi ouverte au fait de Devenir et d'Etre plus en Vérité.


Dans une telle dynamique, l'évidence du Soi, si elle est factuellement reconnue, si un espace de vacuité au-dessus des épaules se voit comme l'ouverture où tout apparait, ne changera pas : c'est une présence immuable. 



Mais sa lumière semble s'éclairer de mieux en mieux en éclairant ce qui sert le Devenir du cœur et de l'autocréation de l'univers matériel en Vérité. Notre individualité semble donc évoluer dans sa perception au sein de la présence immuable. De l'évidence du seul Soi englobant le devenir de notre individualité,  des autres et du monde, se découvre plus en plus dans une descente dans le cœur un Soi avec une âme [en cliquant ici, on trouvera une présentation approfondie de ce Soi avec une âme] .  En d'autres termes, se découvre une Vie Universelle divine, Être et Devenir, qui développe son individuation au sein de l'individualisation humaine que nous sommes.


Envisageons vraiment l'Etre et le Devenir comme une seule réalité. Ne privilégions ni le presque rien d'Etre ni le tout en Devenir. L'un et l'autre ne se recouvrent-ils pas dans des ténèbres lumineuses encore fort mystérieuse ? Les ténèbres internes du sommeil profond ne s'entrecroisent-elles pas avec les ténèbres de l'univers matériel pointant un inconscient pour nous ? Mais cet inconscient, ces ténèbres le sont-elles absolument ?


Le subconscient matériel (par exemple, les drogues agissent sur nous sans que nous en soyons pleinement conscient physiologiquement) et l'inconscient spirituel (La réalisation de la lumière spirituelle est celle de ténèbres lumineuses qui masquent des dimensions) ne disent-ils pas la limite de notre conscience humaine même spirituelle ? L'éveil d'une conscience surmentale ne laisserait-elle pas en suspens un éveil à une action consciente par-delà toute la bulle mentale y compris surmentale ?


Ceux qui pensent  exprimer une réalisation spirituelle relativisent souvent le Devenir. La présence est appelé absolu et le reste le relatif. Ils ne voient pas la dimension absolue du Devenir. A moins de gagner en sincérité, ils diront mordicus que leur réalisation n'est pas une expérience. Il est vrai que ceux qui restent identifiés au seul devenir mental et vital en demeurent à des expériences d'un agrégat psychologique. Ils entendent le mot expérience dans cette perspective d'un devenir de leur ego. 


Nier que nos réalisations spirituelles soient des expériences humaines en prétendant réaliser absolument l'absolu n'est-ce pas encore le règne de demi-vérités ? L'accès au monde des intuitions, à une connaissance par identité ne nous arrache pas encore tout à fait à la division propre à la bulle mentale. Notre intuition d'être le Soi est ainsi un éclairage surmental de l'Etre qui laisse, selon nous, inéclairé le Devenir. 


En effet, il y a des expériences spirituelles du Devenir qui ne sont pas simplement des pics de nos vies mentales et vitales. Elles indiquent que notre réalisation de l'absolu n'est pas une réalisation totale de l'absolu même si cette réalisation partielle comprend une dimension atemporelle immuable : cette réalisation quand elle s'ouvre à des expériences spirituelles du DEVENIR s'interprète avec plus de modestie.


Dans certains yogas, la Kundalini est à la base une expérience et un Devenir qui au sommet du crâne nous ramène et nous bascule en l'Etre.


Dans les voies dévotionnelles, la grâce est une expérience de Devenir qui peut aboutir à une union où notre personne et le Divin ont une même essence, un seul Être infini.


Sur la voie du yoga intégral de Sri Aurobindo et Mère, quand la force de Mère descend et travaille en nous, il y a bien une expérience d'un Devenir qui n'est pas celle d'un ego. Cette action n'est pas qu'une action éclairée partiellement par le mental et dynamisée obscurément par notre vitalité. 


On voit bien que cette force de Mère unit l'Etre et le Devenir, travaillant plus sur un aspect ou l'autre. Elle peut faire descendre ou déplacer du Silence et de la paix, il y a alors un Devenir approfondissant l'Etre, une expérience renouvelée de l'Etre. Cette force de Mère peut rester davantage du côté du Devenir en réharmonisant nos énergies vitales, en intervenant dans le fonctionnement du corps, etc. 


Cette expérience d'une grâce, d'une force divine montante ou descendante peut aider à réaliser le Soi de l'advaita vedanta. Elle peut nous mettre sur la voie en disposant des indices. La Kundalini, par exemple, pointe l'espace vide du Soi qui englobe et réabsorbe cette débauche énergétique menaçante pour un ego.


La force devient clairement la force et l'expérience d'une dimension maternelle du Divin quand elle nous révèle l'enfant Divin que nous sommes. Pour moi, l'expérience de la Mère, de la Mahashakti est celle qui a en même temps produit la désobstruction du cœur. Ouvrir un passage à l'influence du principe d'individuation Divin ne peut pas se produire sans l'expérience de Mère, le Devenir, le souffle et la force divine, le Saint-Esprit. Cette individuation en est une flamme, un feu en croissance. Elle est aussi l'intuition d'un Être suprême, notre Père, car il y a en elle une goutte de cet Océan d'Etre au-delà de tout être. Mère est le Devenir de cet Être Suprême et nous nous réalisons alors leur enfant divin en croissance. 


Ce n'est plus alors une croyance ou un espoir que le royaume des cieux sur terre, le règne de l'amour. Réalisant dans l'ouverture du cœur notre âme divine, la terre et l'univers apparaissent le lieu de notre évolution et de la possible émergence d'un royaume de Dieu, pour chacun d'entre nous, ses enfants divins.


Dans cette vision renouvelée de la spiritualité, il n'y a pas de victoires c'est-à-dire de réalisations sans expériences multiples sur divers plans. La réalisation de la lumière spirituelle du Soi est vue forcément comme la reconnaissance de ténèbres lumineuses qui voilent d'autres plans et profondeurs de cette lumière. 


L'inconscient spirituel et le subconscient matériel ne sont plus supposés tels par essence. Ce sont plutôt les traductions des limites de notre conscience humaine mentale et vitale, des limites de la bulle mentale même en ses stratosphères intuitives surmentales. Mère a une action surgissant de ce qui nous semblait un inconscient spirituel. D'ailleurs, l'influence de notre âme divine et notre Soi ne l'étaient-ils pas quand nous étions identifié à un ego ? Et par ailleurs, l'action de Mère s'enfonce dans ce que nous estimions un inconscient matériel en deçà de tout subconscient psychologique. Là encore, n'étions-nous pas victimes de demi-vérités en ignorant cette action seule réellement transformatrice et créatrice ?


L'ouverture du cœur jusqu'à la réalisation de l'âme, l'individuation du Divin que nous sommes, est l'aboutissement d'une suite d'expériences qui est le commencement d'un autre type d'expériences allant avec une nouvelle compréhension voire une nouvelle conscience du Devenir et de l'Etre. Cette nouvelle conscience est reconnue comme l'oeuvre de la Mère divine, une intelligence supramentale de la force de coscience autocréatrice de notre univers. C'est le seul chemin pour mettre fin à cette ère de post-vérité où la crise évolutive en cours s'amplifie à grande allure. C'est le seul chemin pour ne plus la prolonger inconsciemment en la dénonçant. Car en se positionnant comme une de ses victimes impuissantes, on reste ignorant du fait qu'on en est aussi l'auteur.


Natalia Gontcharova (Tula, 1881 - Paris, 1962) - Forêt verte et jaune


mardi 23 juillet 2024

Lumières sur un éveil évolutif : la Joie Divine d'Amour abolit le désir en transmutant ses énergies.

Le témoin heureux - Niranjan Guha Roy


 Moi, ego, personnalité de surface, je suis le champ de bataille du Divin avec lui-même dans son jeu d'amour autocréateur. Moi, ego, je ne suis que le terrain de jeu entre individuation du Divin et individualisation des forces vitales d'appropriation, de libido et de reconnaissance sociale. L'amour du Divin réorganisera-t-il suffisamment l'énergie vitale à son usage pour que s'incarne un enfant du Divin, un fils-fille de Dieu ou l'amour du Divin devra-t-il rester mélangé avec toutes ces pulsions dont l'égo même spiritualisé reste par essence le jouet inconscient ?


Nous sommes animés par deux types de désir, amour du Divin (amour de perfection, beauté, vérité, justice, amour de l'Amour absolu) et désirs-appétits. 


Comment pourrait-il y avoir pur Amour Divin s'il y a désir relativement à un ego ?


La venue consciente de la lumière spirituelle, que certains nomment l'éveil du Soi, n'est pas la fin de notre aventure spirituelle, car sa survenue ne change pas fondamentalement ce champ de bataille qui a lieu en elle. Mais la découverte de cette lumière n'est pas uniquement un détachement du chaos du Devenir, qui laisserait nos espérances d'une victoire de l'amour en plan au niveau des relations de conscience, au niveau des équilibres entre vivants et même au niveau de ce qui semblent des lois matérielles. Dans cette lumière spirituelle, en effet, la sincérité et l'authenticité sont possiblement facilitées et sans ces vertus d'aspiration, un progrès de l'amour Divin serait-il possible en nous ?


 Cette lumière peut contribuer à mieux distinguer notre aspiration au Divin toujours déjà là qui œuvre discrètement dans le Devenir. Elle peut faire la place aux forces transformatrices du Devenir Divin : silence et élargissement creusement du vide ouvrent aux forces de conscience évolutives. Ces forces de conscience évolutives sont irréductibles à des variations, des changements au final non évolutifs dans le cercle usuel mental, vital, physique. D'ailleurs même une amélioration positive qui résultent de changements n'est pas à strictement parler une évolution, une nouvelle forme de vie et de conscience. 

La lumière spirituelle apaise l'individualité. Elle peut aussi, s'il y a une aspiration, la faire croître en clarté, donc en sagesse. S'il y a une aspiration qui traduit l'influence du Devenir divin en l'individu, cette lumière se clarifiant, se désenténébrant, peut aussi ouvrir à une joie de vie, inconditionnelle débordante. Cette joie d'Être et de Devenir qui surabonde au fond de nous-même, en amont de notre mental, de notre vital et de notre physique peut s'investir de plus en plus en relation avec tout ce qui est de l'ordre du manifesté. Elle est alors la révélation croissante de l'amour divin. 

Soyons honnête, ne confondons pas nos plaisirs et la Joie divine créatrice. Nos désirs tendent aux plaisirs ; notre aspiration spirituelle, notre soif de vrai, notre amour du beau appellent et ouvrent des canaux à la Joie créatrice divine. Plus nous verrons l'aspiration au Divin croître, plus elle sera clairement distincte des désirs appétits. Plus l'enfant Divin croîtra en nous et pourra émerger indubitablement, plus, en sublimant notre énergie vitale, l'Amour Divin croîtra. Et moins, il y aura de désir d'un ego. 


L'amour Divin ne peut se suffire d'être libre du désir, il veut notre soumission totale, il veut son enfant Divin et non des masques de personnalité reliés par la fiction d'un ego. Pour que son Amour qui l'unit substantiellement à ses enfants s'incarne, cela suppose l'abolition du désir-appétit et à l'occasion l'instrumentation totale de l'individualisation mentale, vitale et physique. 


Par le processus de transformation spirituelle et évolutive, l'énergie vitale pulsionnelle aura de moins en moins d'espace pour former des désirs personnels s'affirmant comme ceux d'un ego centré sur son intérêt. Il n'y a là aucun regard moral, il n'y a là aucun perfectionnisme d'un ego spirituel, ce qui serait une ruse des appétits pour régner encore. Un désir d'ascétisme reste un désir. Ma volonté égoïque d'abolir le désir ne peut être qu'un désir, mais laisser transmuter le désir en énergie vitale disponible pour l'individuation divine authentique de l'amour pur est possible. Ce n'est pas une affaire de claquement de doigts. Ce sont peut-être des dizaines d'années de sadhana (cheminement dans l'aventure spirituelle). Ce sont peut-être même des évolutions souterraines de l'enfant Divin durant d'autres vies animales et humaines qui maintenant se mettent à l'œuvre ou non à travers nos frêles velléités spirituelles. 


Ce qu'on appelle l'ego est un agrégat dont la structure est en partie subconsciente. Des aspects y dorment jusqu'à se faire réveiller par des forces de conscience extérieurement opposées à l'amour du Divin. Autrefois, on jugeait qu'il s'agissait de véritables entités antidivines. On parlait du Prince de ce monde, du Seigneur du mensonge et de leurs acolytes. Tel mouvement de colère, tel mouvement inconsidéré et mécanique s'empare comme une réponse qui n'est qu'une réaction du vieil homme qui assoupi ne semblait plus régner en nous. Ce mouvement part d'un abandon à une force de conscience contraire à l'amour divin. A la lumière du Soi, toutes les forces de conscience, tous les flux phénoménaux ont la même source. Tout est divin d'origine. Alors on peut croire que l'instrumentation de notre individualité à la lumière spirituelle est réalisée bien qu'il n'en soit rien. Elle n'est que partielle, imparfaite, à défaire, à reprendre pour y intégrer sans cesse des pièces ignorées, en sommeil mais bien là. La vision de l'Être doit s'affiner avec la vision du Devenir Divin, la vision de son autocréation. Supposons que la vision de l'Être et du Devenir soit l'amour Divin, la Joie Divine, la prise de conscience originaire du Divin lui-même. Supposons, comme en témoignent les rishis indiens, que le divin soit Sat-Chit-Ananda, existence, conscience et félicité avant même qu'il ne s'individue en dieux, entités, animaux, humains, etc., avant donc qu'il ne se manifeste cosmiquement et temporellement. Soyons sincère, notre lumière spirituelle aussi imperturbable soit-elle en arrière-plan de notre individualisation humaine n'en est pas moins ténébreuse du point de vue de la sagesse et de l'amour. Elle est loin d'être la prise de conscience du divin lui-même dans son infinité. Elle est un modeste rayonnement du divin, un toucher du divin mais non son entière conscience.


La bestialité du désir peut sembler domptée mais nos vertus sont aussi des désirs, des désirs sociaux intériorisés. Tout doit être transmuté dans le Devenir Divin, non pas seulement dompté ou maîtrisé. La vertu authentique est un pouvoir psychique du Devenir divin à travers son individuation en nous.


J'ajouterai qu'à un certain stade, les circonstances se liguent avec le processus intérieur de transformation. Il n'y a plus de doute sur la nature cruciale des choix qui se répètent encore et encore à chaque pas, il s'agit de se soumettre ou non sur tel aspect, de se donner à l'Amour Divin ou non sur tel point. Je n'ai pas à me parfaire moi-même par moi-même pour que le Divin m'investisse. J'ai à lui soumettre mes aspects dysfonctionnels, mes points défaillants, mes ombres. Lui seul œuvre, perfectionne, transforme, recrée, transmute. Mais des choix individuels existent, si l'on est sincère, ils sont notre coopération à l'œuvre divine. La vision de leur importance et de leur nombre peut s'amplifier à la lumière du Soi, lorsqu'elle n'est plus ignorée comme ténèbres pouvant se dévoiler.   

D'ailleurs, à un certain stade, lorsqu'on échoue, retombe puis qu'au final, la grâce agissant, cela redevient de façon prédominante le serviteur de l'enfant Divin, il y a l'étonnement d'avoir préféré un agrément excitant à la Joie divine. Cet agrément a beau être si étroitement engrainé à ses revers de souffrance, nous l'avons encore préféré à une Joie pure, inconditionnelle, sans contraire possible, une Joie sans borne, une extase de félicité concentrée si infiniment. 

Et l'évidence apparaît, notre mental, notre vital et notre physique ne sont pas immédiatement aptes à la présence de cette Joie d'Amour Divin. Ce qui semble antidivin, à première vue, a aussi son rôle. Si la Joie d'Amour Divin déferlait sans un perfectionnement du mental, du vital et du physique, l'individualisation humaine nécessaire à l'individuation Divine serait brisée et gaspillée. Au-delà, ce serait même la manifestation matérielle qui serait en danger. Ainsi reconsidérons ces forces "antidivines" au lieu de nous laisser aller à un mental de gnostique chrétien ou de manichéen. Découvrant pleinement la réalité de ces forces, ne concluons pas précipitamment que le monde terrestre leur appartient et que notre âme d'individuation divine doit attendre un paradis immatériel pour voir l'amour divin, la joie divine en plénitude. Certes ces forces peuvent faire des dégâts pour résister à la venue de l'amour Divin. Ce sont toutefois nos jugements manipulés par ces forces au sujet de ces forces qui nous font volontiers associer l'apocalypse, la révélation du Divin, et la fin du monde, la destruction de la vie terrestre. Mais ce sont elles, malgré elles, qui garantissent précisément la valeur des réceptacles terrestres de l'amour Divin. Ce sont elles qui testent la vérité, l'authenticité des vases individuels par lesquels l'amour Divin va s'écouler en ce monde avec la compassion, la miséricorde nécessaire pour le transformer sans le briser et rien en mépriser. Certaines forces sont des vieilles forces, directement utiles à l'autocréation divine autrefois, mais aujourd'hui nuisibles par leur persistance ; quand leur nuisance n'aura plus aucune utilité y compris indirecte, certainement elles seront totalement rendues sans effet, leurs actions et donc leur entité seront abolies. Par ailleurs, Il se peut aussi déjà que certaines forces entités d'apparence antidivine, pour nous, soient converties, soient devenues des instruments totalement au service de la vérité et de l'authenticité. 

Ce sont elles qui donnent à notre énergie vitale des formes pulsionnelles, qui s'immiscent en nous par nos portails subtils au lieu que l'énergie vitale cosmique viennent répondre au besoin de l'enfant divin en nous. Ce sont elles qui suggèrent à nos pulsions telles formes de désirs qui peuvent être catastrophiques au final. Mais auparavant, ce sont de telles forces qui cherchent à favoriser l'atmosphère mentale où ma liberté est de faire ce que je désire, mon bonheur est de satisfaire au maximum mes pulsions. Ou plus subtil, il y a les bonnes et les mauvaises pulsions, les bons et les mauvais désirs : dès lors mentalement hypnotisé, je suis le jouet des bonnes pulsions et des bons désirs, et, de temps en temps, je ne comprends pas pourquoi, il y a des mauvaises pulsions qui entrent, des mauvais désirs qui me tentent... Bilan, ma vie s'écoule à ignorer la joie, l'influence divine, l'aspiration spirituelle sont des élans vite repris dans les vagues de l'océan mental et vital ainsi prédominant. 

Mais le cercle est bouclé, rien ne va plus, les jeux sont faits, cela devient insupportable ce chaos mental, vital et physique. Partout, tout autour de nous, et dans nos vies, cela s'emballe, cela déraille, cela grince. Pour beaucoup d'entre nous, l'aspiration à la paix, à la lumière spirituelle du Soi émerge et l'emporte. Ces forces d'apparences antidivines auront fait faire, malgré elles ou grâce à elles, un premier pas. Et établi dans le Soi, la lumière spirituelle, un deuxième pas devient possible. L'aspiration n'est pas morte avec le succès de ce premier pas, l'aspiration à la sagesse et à l'amour peut se révéler grandissante. Elle nous faire descendre dans le cœur à la rencontre de l'individuation divine que nous sommes plus intimement que l'individualisation égoïque que nous pensions être. La libération du Soi n'était pas encore la libération de notre divinité individuelle ; une divinité ne saurait se soumettre à quoi que ce soit provenant inconsciemment de l'extérieur, à commencer par les pulsions, les désirs et les pensées.


Commencé le 27/02/2024


The soul The leader - Niranjan Guha Roy


vendredi 1 mars 2024

En vue de ne pas confondre l'Eveil du Soi et un accomplissement définitif - Épisode 3/4 - Absolu impersonnel ou personnel ?


Il est dommage au nom de la mode spirituelle de l'impersonnel d'ignorer l'autre, la dimension personnelle du Divin. 

La mode néo-advaita fait pencher l'approche spirituelle vers la recherche d'une présence impersonnelle. Ayant discerné la présence consciente au-delà de notre mental et de notre ego, l'impersonnalité de l'unité de la substance d'être ne semble faire aucun doute. 

Si la présence consciente est impersonnelle, l'absolu est, croit-on, impersonnel et dès lors on dira relatives les relations personnelles en périphérie. 

Voir un absolu impersonnel et prétendre que le personnel reste forcément relatif, c'est toujours privilégier discutablement la paix sur l'amour.

Le fameux Nisargadatta Maharaj, une référence majeure du néo-advaita, amène à penser qu'être rien est sagesse et être tout est l'amour. Mais il affirme nettement que la Conscience n'est pas l'absolu et qu'elle déjà le début de l'oubli de l'absolu. Dès lors être tout, l'amour, est du relatif, selon lui.

Lisons un propos de Nisargadatta Maharaj pour nous en convaincre :

Lorsque l'on est entier, même le « je suis » devient un poids, une flétrissure, c'est un élément qui doit aussi être rejeté. Le principe de conscience aussi doit être éliminé. Le « je suis » est le concept premier et il faut s'en débarrasser avant d'avoir accès à l'Absolu.

Il y a ici l'enjeu d'une bifurcation spirituelle :  devenir nihiliste ou non. On trouve déjà cette bifurcation nihiliste chez Schopenhauer qui rejette toute mystique du Divin absolutisant le personnel :



Dans la ligne de Schopenhauer, l'absolu est non être, non conscience, qu'être et conscience troublent. 

On retrouve de ce côté-là aussi l'idée néoplatonicienne que le Divin en émanant hors de soi forcément se diffuse dans une perte de son Être de plus en plus forte. En associant la vie matérielle à un moindre être, à du néant où se perd l'être, de façon insurmontable, la vie spirituelle sera toujours tentée de dévaloriser la vie matérielle. La non conscience absolue de l'Un conduit son émanation ou sa procession à l'instabilité de la matière, à la mécanique aveugle et dysharmonieuse des appétits, à la fragilité des corps vivant, à la mortalité. L'intelligence consciente de l'Un est une surabondance d'être inconsciente que cette conscience ne peut retenir de s'éparpiller et de se perdre jusqu'à dissolution dans le non-être.

Pour moi, réaliser la présence consciente, la lumière spirituelle distincte de nos lumières mentales, vitales et physiques, c'est réaliser la présence de ténèbres lumineuses au-delà des sphères mentales, vitales et physiques perceptibles mais aussi au sein même de ces sphères.

Réaliser que l'éveil du Soi n'est que ténèbres lumineuses dont l'enténèbrement varie selon nos qualités de sagesse et d'amour devrait pourtant nous amener à rester prudent en proclamant l'absolu impersonnel, en affirmant une inconscience absolue.

Imaginons que la prise de Conscience absolue comprenne indissociablement l'inconscient et la conscience dans son acte autocréateur tempiternel ! Alors estimer l'absolu comme Inconscient plus profond que la Conscience serait une dévaluation de son acte autocréateur essentiel et originaire. 

Reconnaissant les limites de ce que donne à voir l'éveil du Soi comme ténèbres lumineuses, il y a aussi en aval que l'autocréation divine nous échappe. Ceux qui proclament un inconscient absolu proclament aussi le caractère aveugle et absurde du Devenir sur notre plan matériel. Et si l'autocréation divine impliquait en son aval une évolution de plus en plus consciente écho de sa prise de conscience autocréatrice absolue en amont ?

Mais ceci n'est peut-être qu'une spéculation en face de ce qui n'est qu'une spéculation, ou ne se basant au mieux, après tout, que sur des vécus clairs confus. Car les ténèbres lumineuses du Soi sont claires par leur luminosité et en même temps confuses par leurs ténèbres. Comment être sûr de démêler les ténèbres dues aux limites de notre véhicule individuel où le Soi s'éveille des ténèbres qui seraient intrinsèques au Soi ?

Malgré les limites de nos investigations, tournons-nous vers ce qui se manifeste, l'individualisation qui caractérise de toute part la vie de cet univers, est-ce l'illusion qui se décline à l'infini si la Conscience est le trouble de la paix de l'absolu ? Est-ce le signe que le Divin joue un jeu d'Amour avec lui-même en entrant en relation à travers toutes les formes d'individualisations possibles ?

Et si chaque individu n'était pas qu'un masque individualisé en surface cachant le Divin mais aussi un temple de l'individuation du Divin lui-même ? L'individualisation apparente et fragile que nous sommes abriterait une individuation du Divin lui-même caché dans l'aveuglante lumière d'un Soi au cœur de son cœur : 

- pour les platoniciens, l'âme est un rayon du soleil divin qu'il s'agit d'épurer des appétits charnels, pour y voir plus clair dans la lumière aveuglante du soleil de l'absolu - Ici, l'individuation de l'âme n'est pas à confondre avec l'agrégat de l'ego - les dieux sont aussi des émanations du soleil Divin ;

- Jésus se présente comme Le Fils de Dieu et lorsqu'il est accusé de se prendre personnellement pour Dieu, il répond "Vous êtes les fils de Dieu". Dieu est Amour. La réalisation de la substance impersonnelle de l'Amour est inséparable d'une réalisation de la qualité de relation interpersonnelle - la personne est une dimension du Divin outre son unité impersonnelle - l'Amour, considéré comme la nature absolue de la lumière spirituelle, ne va pas l'un sans l'autre ; 

- Dans les Upanishad le purusha au-delà de l'atman, Ishvara est traductible comme la Personne Suprême dont les gouttes se déclinent au sein de la manifestation ; le purusha tout au fond de la grotte du cœur dans la Katha upanishad en est un engendrement, non une manifestation relative puisque la manifestation relative est l'œuvre de la Mère Divine ; la voie de la bhakti suppose en son extrême accomplissement une relation du Divin avec le Divin et jusqu'à présent elle a toujours été centrale en Inde.


Ici dans ces lignées spirituelles, l'Un n'empêche pas l'Autre, la grande non dualité serait peut-être de réaliser l'individuation innombrable de l'Un ! 

On ne peut se contenter de dire que toutes les spiritualités visent le même sommet. Si l'Un va à l'encontre de l'Autre, comment le dialogue qui vise un sommet commun sera-t-il possible ?

Ici ce n'est plus de la simple spéculation, c'est d'une éthique du dialogue dont il est question, non pas seulement pour s'entendre intellectuellement et comprendre le vocabulaire de l'autre ou être capable d'échanges vitaux malgré nos différends métaphysiques. Dialoguer avec autrui, c'est entrer en dialogue avec un visage de l'Autre de l'Un. C'est accepter que nous n'avons pas dans notre expérience de l'Un surmonter la friction de notre individualisation avec les autres. 

Entrer dans le dialogue sincère avec les autres, avec la Vie ne revient non pas à s'exiler de l'Un aperçu en Soi, mais c'est aller par delà les frictions de nos individualisation vers l'harmonie de l'individuation innombrable de l'Un qui se tient dans les ténèbres lumineuses du Soi.


"L'impersonnel et le personnel sont le même Être ; tel le lait et sa blancheur ; tel le diamant et son éclat.", nous suggère Ramakrishna. 


La descente dans le cœur de la lumière du Soi à travers une éthique du dialogue, une obligation de conscience dans la relation (la voie sur laquelle Yvan Amar s'est illustré) facilite la prise de conscience de l'individuation du Divin qui se cache au tréfond de la grotte du cœur. Mais si cet éveil d'un Soi avec une âme clarifie l'éveil du Soi, il ne résoud pas entièrement le problème de la bifurcation spirituelle vers le nihilisme ou non. Certains disciples de Socrate et de Platon ont à la fois une telle conception de l'âme comme individuation du Divin et en même temps dévalorise la vie matérielle.

Cependant si vraiment l'individuation du Divin émergeait en croissant par son influence sur notre existence mentale et vitale n'aurait-elle pas une idée du but du jeu que le Divin joue avec lui-même ? 

Si nous percevons que cette individuation du Divin grandit à l'aide de forces intérieures qui mettent en jeu aussi une influence grandissante sur notre existence physique, contre tout nihilisme spirituel, nous pourrions  affirmer :

"Le but n'est pas de s'anéantir dans la Conscience Divine. Le but est laisser cette Conscience pénétrer la matière et la transformer", Mère, Mirra Alfassa de l'ashram de Sri Aurobindo.





samedi 30 décembre 2023

LA MUSIQUE SELON Niranjan Guha Roy

 


Pour moi, la musique est une prière de l’âme.

Le violon est la voix de l’âme, la forme la plus intense d’aspiration personnelle, une âme, chantant pour le Divin de la part de tous. Le Piano est le galop de mille sabots jouant et courant dans un jeu de tumulte joyeux et faisant des cercles déchaînés dans une émeute de joie sans contrainte. L’orgue étire l’ âme à l’Infini et devient la voix de tous les êtres vivants, de toute l’humanité où le passé et l’avenir et le présent se mélangent, où mains dans la main nous chantons et marchons ensemble à la gloire de la Mère Divine et du Seigneur Avec l’orgue, on n’existe plus. L’orgue devient l’essor, la voix puissante, extraordinaire, océanique de la terre elle-même avec ses tourments, son angoisse, sa lutte, son aspiration flambante, sa paix et sérénité devant le visage de l’Infini, en présence de l’Éternel, il y a alors un sens d’accomplissement, chacun est inclus, chacun a une voix dans cette prière puissante. Le violon est l’expression personnelle intense, le piano est le champ vaste, ouvert, libre, joyeux, turbulent de la vie, l’orgue est l’aspiration cosmique et les larges sentiers magnifiques pour les divinités secrètes de transformation qui sont invitées à descendre dans la vie angoissée, étroite, incertaine et sombre d’humanité. L’orgue appelle le Ciel en bas.


L'esprit de la musique - Tableau de Niranjan Guha Roy

J’entends un chœur, chœur céleste de voix fascinantes, puissantes. Ma musique en ce moment n’est qu’une pale réflexion de ce que je perçois et entends avec une oreille intérieure

La musique quand accordée à l’Éternité peut magiquement transformer et faire fleurir l’âme encore endormie en un instant. Elle peut briser le sceau de l’avenir inconnu et incertain et nous révéler notre destin divin, noble et inévitable. Les grands maîtres musiciens étaient de grandes âmes, les incarnations de la Divinité de beauté et harmonie. A travers la musique nous pouvons sentir Sa merveilleuse Présence, prendre conscience de son mystère insondable d’amour et harmonie en un instant, ce qui par le processus de discipline pourraient prendre des années à réaliser.

Écouter de la musique la plus élevée est une vraie méditation.

Niranjan Guha Roy


Le rêve du violoniste - Tableau de Niranjan Guha Roy

On peut entendre des enregistrements de musiques composées et jouées par Niranjan Guha Roy en cliquant ici.