jeudi 26 janvier 2012

LA FIN DU MONDE BIEN COMPRISE INVITE A LA GARDE DU COEUR.

Le calendrier Maya et autres prophéties annoncent la fin du monde. La date du 21 décembre 2012 circule beaucoup sur la toile. La fin du monde angoisse. Mais la possibilité qu'un cancer en ce moment se propage dans mon corps peut aussi m'angoisser.

Nous nous proposons de mener un examen qui mette le mental devant le caractère quelque peu délirant de ses craintes.
Il est vrai que l'humanité peut depuis un demi-siècle s'autodétruire soit par une guerre nucléaire, soit par une guerre bactériologique, soit en empoisonnant toutes ses ressources. Mais cette perspective s'ajoute à la liste des dégâts que pourrait provoquer une comète, un astéroïde, une éruption solaire, une inversion des pôles ou un trou noir croisant notre système solaire. L'idée qui angoisse est celle d'une catastrophe affectant toute l'humanité d'un coup comme par le passé de telles catastrophes ont affecté le cours de l'évolution du vivant.

Un grand oncle de ma famille qui approchait de ses 80 ans a reçu un jour la visite de témoins de Jéhovah qui lui ont parlé de la fin du monde. Il leur a fait remarquer grosso modo :

Vous savez pour moi la fin du monde elle est pour bientôt vu l'âge que j'ai !

Vivre en se posant la question de la mort de notre personne reste le seul enjeu véritable de la fin du monde. Qu'est-ce que ça change que tout le monde meurt en même temps que moi ? Vu que je serai moi-même en train de mourir, je ne pourrai rien pour les autres en train de mourir ! Dans Les Évangiles quand on nous demande de veiller et de prier pour ne pas être pris au dépourvu par la fin du monde, il s'agit au fond d'être prêt aussi à traverser l'inconnu de la mort. Dans les sagesses antiques, il était souvent conseillé d'être attentif au sens d'être prêt à la mort.
Une fin du monde collective ou une fin du monde individuelle du point de vue des faits ne changent pas grand chose. D'ailleurs quand je ferme les yeux le monde ne disparaît-il pas ? Chacun contient en soi le monde.

Chaque être humain qui est mort ou mourra a été ou sera confronté à la fin du monde en quelque sorte. Mourir revient finalement à être catapulté à la fin du monde qui est commune à tout homme.

Un autre point important est que la disparition du monde et de l'individualité qui se joue tout ou partie à la fois comme mort et fin du monde met en jeu une apocalypse c'est-à-dire une révélation du divin qui parce qu'il est tel suscite le monde et l'individu et pourrait peut-être les ressusciter.

Douglas Harding pointe le bord du monde là où se produit la fin du monde et l'apocalypse :

Au moment de ma mort ce qui manifeste au-delà du bord du monde c'est-à-dire mon corps va certainement se détacher de ce bord. Le corps deviendra si mon regard individuel persiste encore un objet visuel et son vécu sensorimoteur aura disparu. A quoi se réduira l'engendrement de l'individu dans l'espace de conscience qui le manifestait en même temps que le monde ?

Quoi qu'il en soit l'impératif d'être attentif et de veiller en nous tenant prêt à la mort et à la fin du monde reçoit ici un éclairage important. Quand je perçois le bord du monde, je suis automatiquement prêt à rendre mon individualité à la conscience qui l'engendre et donc je suis prêt à aller directement au lieu où prend place l'apocalypse et la fin du monde. En outre il ne s'agit pas tant d'une méditation de la mort que d'une méditation de la vie sans mort : ici repérer ce qui peut mourir revient aussi à repérer la source éternelle de vie. 

Au-delà du bord du monde il n'y a pas temps, c'est toujours immobile même si c'est source de vie or sans mouvement la notion de temps n'a plus cours. Ma temporalité individuelle émerge donc de cette éternité, sa racine est en cette éternité. Dans mon essence individuelle, il y a quelque chose d'éternel. Qu'aucune trace de ma temporalité ne demeure, la source garde en son sein mon essence : la réincarnation est-elle possible ? une forme de paradis ? une évolution qui fournisse à mon individualité une manifestation continue et consciente ? 

Rien ne m'autorise à dire leur impossibilité mais l'essentiel est ce que j'ai découvert : je peux laisser et abandonner mon individualité en toute confiance entre les mains de cet espace éternel d'où tout surgit.