mercredi 21 septembre 2016

DERNIERES NOUVELLES DE LA DESCENTE DANS LE COEUR.



http://leberreannaig.blogspot.fr/2011/01/appel-du-large-le-vent-de-noroit.html

Dans le néo-advaita, on me dit que l'éveil voit disparaître l'ego. On me dit que voir tout surgir dans la lumière intérieure implique la disparition de l'ego. On affirme : "Ce n'est pas moi qui m'éveille, personne ne s'éveille, il n'y a plus que Cela."

Plus modestement,  dans mon cas, il y a éveil à une réalité intérieure, mais cet éveil en ce qui me concerne n'est pas aussi radical au départ que certains tenants du néo-advaïta le présentent. Dans l'advaïta traditionnel, il est question parfois d'une prise de conscience d'un Témoin intérieur immuable comme stade préliminaire du processus d'éveil. J'en suis plus là en ce qui concerne l'éveil. D'ailleurs certains enseignants distinguent éveil et réalisation... 

Il y a au centre de ma conscience une conscience infinie, des ténèbres lumineuses où lumières sensibles, lumières intellectuelles  paraissent. Et donc moi-je,  composé de ces lumières, je n'ai pas disparu, je suis bien là encore. Certes je ne suis plus dans l'illusion d'être au centre de la conscience. Ce "qui" ou "quoi" s'éveille est au centre de moi-même au-delà de tout ce qui compose ma personnalité. C'est la source de ma personne et de toutes les personnes, ça se communique et se partage en personnes et entre personnes, ça se vit en personne tout en transcendant toute personne.

J'ai souvent ce vertige d'admiration devant l'immensité intérieure qui demeure immuablement là au centre et que pourtant je réussis encore à oublier et à négliger si souvent.  

En tant que personne séjournant consciemment dans l'œil de cette conscience infinie, je n'ai plus un simple devenir temporel. Cette conscience infinie est éternité dans l'instant. Me choisir en elle m'est possible. Je ne suis pas un simple mécanisme corps esprit qui se déroulerait impersonnellement dans la vie des autres et du monde, réduits eux-aussi à une mécanique impersonnelle. Dans la lumière de cette immensité, il y a pour moi des négligences, il y a encore des choix grinçants et regrettables. Et puis, à l'inverse, il y a ces choix mystérieux où l'écart entre mon devenir personnel et le Devenir que manifeste l'immensité intérieure deviennent indiscernables.

C'est peut-être cela qu'il faut entendre comme la recherche de la volonté de Dieu ou, dans un autre vocabulaire, le fait d'adhérer à la nécessité de ce qui est. Dieu ne me parle pas personnellement de sa voie de tonnerre ou dans le murmure de la brise, mais quelque fois la présence de l'immensité résonne en moi en empruntant la bouche de mes amis et parents. Un sens du vrai, du juste et du beau transparaît comme un appel et un ordre divin auquel se soumettre.

C'est dans ces trop rares moments intérieurs où mon choix devient comme indiscernable de la nécessité du Devenir manifesté par la conscience infinie que j'entrevois le sens profond de l'éveil selon la tradition advaïta. 

Je sais aussi que bien peu de ceux qui affirment en témoigner n'usent pas abusivement du vocabulaire de la disparition de la personne. Bien peu le réalisent pleinement. Pour plus de sincérité et moins de confusion pour leurs suiveurs, ils devraient certainement rendre compte avec plus de modestie de leur réalisation spirituelle. 


Notre parfum d'ego qui subsiste empeste souvent fort y compris de ses bonnes intentions et gâche bien souvent le doux parfum de notre immensité intérieure. Pendant une courte conférence, un atelier ou un stage, un certain sens de la courtoisie du conférencier ou de l'enseignant ou l'évidence d'un fait expérimental peuvent masquer l'odeur. Mais dans la proximité cela devient impossible. Pas de panique cependant. On est des humains un peu animal et certains côtés d'odeurs un peu fortes nous attirent : la plupart des relations ordinaires ne sont-elles pas d'ailleurs exclusivement des relations d'égocentrique à égocentrique où nul ne ressent malheureusement le doux parfum et le souffle raffraichissant de l'immensité intérieure ? 
Et si d'autres côtés de ces odeurs nous incommodent, au final dans le désir de proximité, on s'y accommodent. Et l'accommodement n'est pas tout à fait contraire à la compassion... Cet ingrédient de l'amitié et de l'amour vaut bien comme une voie spirituelle à part entière !

C'est plus problématique quand, du rang de conférencier ou d'enseignant, on prétend au rôle de guide spirituel d'une autre personne... La moindre odeur d'ego un peu persistante a vertu de faillite de la relation prétendue spirituelle ! Combien de déceptions inutiles !


Il y a certainement des gourous ou des avatars quelque part si pour Dieu rien n'est impossible. 

Pour moi, j'ai pris un chemin de l’accommodement avec ma personne, un chemin d'un moi-même vécu et apprécié dans la lumière de l'immensité. 


Car pour moi, entre autres possibilités, il y a là comme un chemin de choix de soi-même (indiscernables d'un acquiescement délibéré à la nécessité) où dans le silence vertigineux de cet intérieur, je vois comme un cœur d'amour prendre forme qui fait de ma personne son masque diffuseur ! Et ce cœur de ma personne veille parfois quand bien même, moi, ego, je «dors» ! 

Et quand, un moment, tout cet amour s'est emparé de nous et s'est donné en nous et par nous absent de nous-même, un « peu » de nous semble reparaître inéluctablement. Mais, même si c'est pour longtemps encore, il a de plus en plus les allures d'un mendiant qui supplie sa bien-aimée immensité intérieure de tout lui prendre, y compris ce qu'il ose appeler « son » amour.