mercredi 2 décembre 2020

LA PASSION DU BIEN, DU BEAU ET DU VRAI PEUT DEVENIR NON DUELLE



Certaines expressions de la non dualité à travers ceux et celles qui s'en réclament m'étonnent. 

Ainsi, un(e) représentant(e) du néo advaïta va défendre habilement la passion sexuelle sans y voir la moindre dualité. 

Et après, il va vous expliquer que votre passion de la justice a des parfums de dualité ! 

Il est vrai que le sexe peut être impersonnel alors que la justice absolutise une certaine notion de personne.

En ce qui me concerne, dans l'ouverture de la conscience,  le vide et la forme ne font qu'un. Le vide impersonnel et les personnes ne font qu'un : multiples visages d'un "je suis" sans visage.

Tant qu'il y a une distance entre ma vraie nature et les traits de nos personnes, l'ego séparateur demeure. 

Parfois, ceci m'est difficile à reconnaître : bien que je me suis déjà désillusionné de la conscience égocentrique, bien que l'ego n'occupe plus le centre, il reste à voir qu'il y a encore de la distance ou une subtile séparation. Ne nous voyant plus au centre, on se dit sans ego mais en périphérie il est là, bien là et se maintient volontiers avec ses ombres loin de cette lumière qui se tient désormais au centre. 

Tant qu'il y a cette distance entre la présence de notre vraie nature et des traits de mon ego, alors j'ignore la flamme du cœur qui fait naître le sens de la vraie personne et broie vraiment les désirs de l'ego.

S'approcher du cœur n'est pas une partie de plaisirs.

Cependant, il y a là une joie qui brûle d'être quoiqu'il se passe. 

Seule cette joie au fond du cœur rend concret le sens profond d'un amour absolu en lequel l'autre en sa vraie personne est aimé comme soi-même. 

Ce genre de proposition spirituelle occidentale prend ainsi son sens dans un espace non duel et, au fond, les limites morales du néo-advaïta ne doivent pas nous faire négliger sa pédagogie pour que  puisse se réaliser l'espace de conscience non duel. 

Mon cœur m'individue et se passionne pour l'individuation des autres, car il n'y a qu'un seul cœur, qu'un seul et même amour. C'est lui seul qui se découvre ouvert dans les replis de l'espace non duel. 

Ma passion du juste, du beau, du bien ressort transfigurée. La passion du juste, du beau et du bien d'un ego n'est le plus souvent qu'une posture pour opposer sa volonté à celle du divin amour qui, lui, tolère ce qui le déforme, l'outrage ou lui résiste. Il fait bien plus que tolérer : il se donne à être sous la forme de ce visage grimaçant de haine, il est aussi sous cette forme impermanente balayée par la vie et dont le souvenir n'existe pour personne.

L'amour n'est pas de ce monde, mais il lui donne vie et, en secret, il en est le ferment qui le fait grandir et évoluer. Ma vraie personne ne peut que le servir en laissant parfaire tout ce qui la compose. 

Cela n'a rien d'une perfection calculée et pensée, cela n'a rien d'un volontarisme ou d'un idéalisme, c'est simplement se laisser entrer de tout cœur dans le courant évolutif.