mercredi 20 janvier 2010

LA VIE C'EST LE YOGA MAIS NOTRE YOGA C'EST LA VIE CONCENTREE.

On a irrésistiblement tendance à séparer la spiritualité du reste de la vie dès lors qu'on veut s'arracher à la vie usuelle.

Mais il faudrait enfin prendre au sérieux Sri Aurobindo lorsqu'il nous dit que la vie elle-même est notre yoga. Si vraiment tout est conscience alors tout fait le yoga sans cesse et nous qui sommes une individualisation de la conscience unique nous faisons tous le yoga sans le savoir.

A partir de quel point de vue suis-je certain que la vie est notre yoga ? Pour moi simplement à partir de la vision en première personne :

Si vraiment ma petite personne voit ce à partir de quoi tout est conscient et prend conscience de soi alors elle possède immédiatement le pouvoir de jouir du spectacle de l'autocréation évolutive de la conscience unique.

Cette joie enfantine s'approfondit. Car voir le spectacle à partir du spectateur authentique revient aussi à en percevoir l'horreur. Le petit moi qui a su découvrir le spectateur authentique a bien du mal à déloger l'horreur en lui. Mais la joie et l'horreur sont incompatibles. La joie peut grandir : entre le spectateur, le petit moi dans le spectacle, un coeur de joie, un besoin poignant de joie peut grandir joyeusement.

Ce coeur là est l'amour individualisé de cette conscience évolutive auto-créatrice, la prise de conscience individualisée de cette manifestation créatrice universelle et la purification de l'action individuelle de cette auto-création évolutive de la conscience.

En première personne, toute la vie est simplement perçue comme un yoga de transformation. Mais quand ce coeur poignant de joie d'aspiration authentique à la seule joie prend forme se dessine une voie possible de concentration de l'évolution consciente de la conscience auto-créatrice. Il y a un yoga intégral que le petit moi commence à mener en plus du souvenir de plus en plus dense du spectateur.

Ce yoga est la prise de conscience de l'autocréation évolutive elle-même. Car le mouvement créateur qui renouvelle les circonvolutions mentales, émotionnelles, physiques, etc. vient d'un plan de conscience inconnu. Le renouvelé s'inscrit dans la continuité du connu : une nouvelle idée reste une idée, une subtilité du ressenti reste au niveau du ressenti, etc. Le mouvement créateur s'entraperçoit dans une conscience non mentale au-delà du mental.

La Vie est notre yoga et le yoga de Sri Aurobindo, Mère et Satprem nous décrit une évolution consciente de la Vie c'est-à-dire un yoga concentré de la Vie. Jamais nous ne serons arrivés, toute nos forteresses mentales, émotionnelles, pulsionnelles verront leurs verrous sauter.


dimanche 10 janvier 2010

LE FEU SOUS LE ROC ? ESPRIT MATIERE ET NON-DUALITE.

Il y a un vieux débat sur la matière et l'esprit qui a cependant des enjeux formidables.

D'un côté le ciel de l'esprit et la lourdeur du corps qui ne cesse d'empêcher d'y convoler. D'où l'ascétisme.

En face les bons-vivants de la terre qui ne voient que de la matière à manipuler, des substances à fabriquer, des principes actifs pour régler mécaniquement l'insoluble et trouver la paix les désirs satisfaits.

J'ai goûté et goûte encore les joies de la matière. Mais un je ne sais quoi de ma conscience a encore soif et appelle de ses voeux encore de plus grands mystères de joie. La chair n'a pas encore connu la joie qui se pressent dans cet appel.

Je suis d'accord avec le fait de la matière. Certes je ne suis pas que ce corps et c'est là la porte des joies mystérieuses : je suis le corps même de l'univers qui cherche à prendre conscience de lui en cet individu.

Vu de loin l'univers que je suis est magnifique mais vu de plus loin encore, il devient comme vide et noir. A l'inverse vu de très près je ne comprends que sa puissance nuclèaire, sa fission thermonucléaire. Je suis ce grand corps mais il y a du subconscient en ce vaste corps. La nature que je suis n'a guère de respect pour nous autres individus en qui elle se réverbère pourtant. Elle a laissé ses griffes bestiales plantées dans nos circonvolutions cérébrales. Nous ne manquons de nous les renvoyer les uns à la face des autres. Qu'est-ce que cette horreur ? La nature que je suis se fait-elle encore payer le prix de son arrachement à son moment de matière uniforme et sans qualité qu'était la soupe d'énergie-espace-temps primitive ?

Seulement voilà ! Le matérialiste rationaliste persiste et ne veut voir dans cette grimace poussée par la matière qu'un problème mental. Ce serait juste une idée à réformer, une molécule à déplacer. Mais que valent ces solutions ? Nous voyons bien le monde aller de mal en pis depuis que le moindre mouvement est technocratisé, administré, etc.

Mon amitié pour la non-dualité réformée qui refuse l'ascétisme passé et l'orgueil rationnel pour vivre l'esprit apaisé m'insuffle qu'au final tout est conscience.
Pourtant je vois bien une grimace dans la matière. Je vois bien mon propre reflet d'individualité grimaçant dans les eaux subconscientes en y pensant. J'entrevois bien plus de mouvements de forces noirâtres m'entourant dans la lumière de mon essence transparente. Je colle de plus belle au vide de la conscience pour dénier au subconscient de la matière toute réalité.

Car il ne me viendrait pas à l'idée que la conscience est effectivement là dans la matière une lumière surabondante de joie pour l'instant subconsciente. Mais je me souviens : il ne me restera plus bientôt qu'à convoler au ciel en laissant l'horreur calmement se dérouler dans l'illusion matérielle toute faite selon ma non dualité de conscience. Heureusement il y a en moi le refus d'une inconnaissance divine seule libérée béate des limites intellectuelles. Dans mes nuits, il y a bien des royaumes entrevus qui se sont refermés posant une chappe de plomb sur le petit qui n'est pas prêt à les réaliser. Il y a des rayons d'or qui sont venus de puis l'autre côté qui m'ont rendu insatisfait de cette paix.

Parfaitement sur l'arrête de la matière et de la conscience, il y a un soleil plus profond que la paix de la conscience, un soleil suprapaisible. Il se lève d'un côté et de l'autre. Il s'ancre dans le corps d'énergie vitale et au-dessus du Ciel. Il va de l'un à l'autre, tire sur l'un, attire l'autre. Il y a un chemin dans le corps qui éclate les bulles de Ciel les plus basses. Une source sans précédent de précisions détaillées dans le vécu de la conscience surgit du nuage d'inconnaissance de la conscience où vacuité et apparence de matière venaient s'abîmer.

Supraconscience et infraconscience se découvrent de chaque côté du tout est conscience jusqu'à la limite de l'ignorance de cet instant. L'infraconscience d'en bas est aussi celle d'en haut et la Supraconscience d'en haut se révèle à la fin toujours bien en bas. Connaitrais-je à la fin ce feu sous le roc noir de la matière dont nous parle Sri Aurobindo, Mère et Satprem ?

Tout est prise de conscience dans la rondeur de la joie de celui qui se découvre peu à peu matérialiste divin.

lundi 4 janvier 2010

L'IRRESPONSABILITE ENTETEE DU LEGISLATEUR FACE AU VOILE OU A LA BURQA .

Faut-il des lois sur le voile, la burqua ?

On pourra se demander pourquoi certains voiles religieux nous inquiètent plus que d'autres ?



Une loi ne s'occupe que de ce qu'il y a sur la tête.


Or tout le problème est ce qu'il y a dans la tête.


Notre législateur est un politicien qui veut vendre sa tête en dénonçant ceux qui se la cachent. En période de crise économique il faut précipiter la haine loin du pouvoir.

Notre politicien législateur se moque bien de l'éducation...


Pour éduquer il faut au moins envisager le point de vue de l'autre.
Passons deux secondes à l'intérieur de la burqa :

Le monde est réduit à bien peu de chose. Il y a peu d'espace pour exprimer sa personne à partir de là. Mais si on est attentif, il y a moyen de s'évader...

Suis-je vraiment enfermé(e) sous la burqa ? Y a-t-il ma tête sous la burqa ou bien y a-t-il des sensations, des pensées dans un espace vide et infini ? Car qu'est-ce qui regarde à travers ce grillage ? N'y a-t-il pas en tourant son regard vers l'intérieur de ce qui regarde la découverte possible d'une absence de cloture ? Celle-ci est comme un rien qui regarde, c'est une ouverture où se déploie l'espace du visible mais n'est-elle pas un espace bien plus vaste que la burqa ?

N'est-ce cet espace vaste qui est la racine profonde de la liberté ? N'est-ce pas cet espace de conscience commun à tout être humain qui confère une égale dignité par delà toutes les apparences religieuses, culturelles, de couleur de peau, etc.

La conscience en amont de la personne enfermée sous la burqa et qui lui permet son rapport au monde n'est-elle pas libre de tout enfermement vestimentaire, idéologique, émotionnel ? Mais notre politicien législateur a-t-il une idée aussi claire de l'égalité et de la liberté ? Ne se moque-t-il pas au fond de la fraternité universelle ?

Au fait où est le problème alors sinon pour celui qui regarde la femme recouverte d'une burqa ?
D'ailleurs notre apparence n'est-elle pas un problème d'abord pour l'autre ? Notre apparence n'est-elle pas toujours le reflet des autres qui nous la renvoie ?

Le législateur doit-il punir celle qui porte la burqa ? Si cette personne a accepté les apparences dictées par son entourage, n'est-ce pas cet entourage qu'il faudrait punir ? Une punition a-t-elle un sens si elle n'est pas d'abord et avant tout éducative ? Une amende ne va-t-elle pas plutôt radicaliser ces personnes dans l'identification à leurs apparences ? Quelle mesure éducative aura-t-il notre politicien législateur le courage d'imposer à toutes ces personnes ?

A vrai dire le politicien législateur est-il lui-même capable de voir à partir de l'espace de conscience qui en l'autre et en soi transcende l'intérêt sexuel, c'est-à-dire a la liberté d'intérioriser l'énergie sexuelle pour ne plus en affecter la relation ? Quel est son sens profond de l'égalité, de la liberté et de la fraternité ?

Ce genre de fresque qui se trouve sous les yeux de bouddhistes qui ont fait voeux de vivre en moine montre qu'une telle culture doit être possible... La conscience libérée des apparences ne transcende-t-elle pas le trouble sexuel ? Cette énergie que meut la présence féminine sur cette représentation ne semble-t-elle pas devenir une énergie qui nourrit davantage la liberté, l'égalité et l'amour fraternel ?

vendredi 1 janvier 2010

SEULE LA JOIE LIBERE DE L'HORREUR.


Etre chrétien, c'est quoi ?
Il faudrait souffrir cette vie de mort, avoir foi au Dieu crucifié et ressuscité et attendre qu'il me relève des morts quand le temps de ce monde sera à son terme. Il faudrait que ressuscité, il me purge du mal dans la souffrance réparatrice. Et le tour serait joué. La victoire contre la mort consommée, tout serait bonheur et parfait, amour s'aimant en tous...
Alors en attendant, je ferai quelques efforts pour aimer le prochain, je lui céderai ma place confortable dans le train ou le bus. Ravaler de temps en temps mon amour propre de travers...

Et puis surtout quand la vie me frappera de la catastrophe, de la maladie, de l'injustice alors broyé de douleur je saurais plus qu'un autre mon salut.

Religion misérable, religion de la douleur et de la misère...


Plus le monde va sans dessus dessous, plus le douloureux se réjouit : Dieu se rapproche...

Même chez les athées ou les areligieux occidentaux, il reste quelque chose de cette fascination pour l'horreur, il y a une complicité intérieure avec cette horreur auréolée de douleur et de tristesse. On invoquera la nécessité de s'indigner, une "sainte colère" athée en quelque sorte. Mais cette indignation, cette "sainte colère" reste un déplacement de la tristesse et de la douleur qui prépare le surgissement d'un autre complice de l'horreur : la violence destructrice qu'elle soit révolutionnaire, terroriste, religieuse, etc.

Seule la joie ne peut pas être complice de l'horreur.

Sans la pure joie d'être, le diagnostique sur l'horreur sera faussé. On établira des responsabilités individuelles et on ne verra pas que toute l'horreur se nourrit d'une infirmité de joie d'être.

Cette joie d'être peut être aperçue si on sait voir la vacuité de conscience qui pénètre toute chose, tout phénomène y compris ceux qui expriment l'horreur. Mais si on se tourne vers cette vacuité exclusivement la joie d'être se portera juste sur l'image de la joie d'être que nous sommes. Certes on pensera à la partager mais au fond on aura la pensée que ce monde court à sa perte.

Il y a une autre qualité de joie d'être qui elle se tourne vers l'horreur du monde. Rien n'est contre la joie d'être alors. L'obstacle est alors notre incapacité à faire un pont de la joie d'être vers la chair du monde.

Approchons cette joie avec Sri Aurobindo (cité ici aussi par Mudita) :

Je suis devenu un océan blanc-d’écume de béatitude,
Je suis une vague onduleuse du délice de Dieu,
Un flux sans forme de lumière heureuse et passionnée,
Un tourbillon dans les rivières du Paradis.

Je suis une coupe pour Ses félicités,
Le coup de foudre de la puissance de son extase en or,
Un feu de joie au sommet de la création,
Je suis l’abîme merveilleux de son ivresse.

Je suis ivre de la gloire du Seigneur,
Je suis vaincu par la beauté du Non-né ;
J’ai regardé, vivant, la face de l’Eternel.
Mon mental fut pourfendu par Son épée irradiante,
Mon cœur déchiré par Son toucher de béatitude.

Ma vie est une poussière de météore de sa Grâce enflammée.

29 Septembre 1939 / 21 Octobre 1939

Et dans Le labeur d'un Dieu, il décrit comment cette joie surmontera toute l'horreur. Nous citons quelques extraits prélevés ça et là :

Une voix a crié : "Va où nul n'est allé !
Creuse plus profond et encore plus profond
Jusqu'à ce que tu arrives à l'inexorable pierre de fond
Et frappe à la porte sans clef."

[...]

J'ai creusé à travers le terrible coeur muet de la Terre
Et entendu le bourdon de sa messe noire.
J'ai vu la source d'où partent ses agonies
Et la raison intérieure de l'enfer.

[...]

Sur une dernière marche désespérée mes pieds se sont posés
Armés d'une paix sans borne
Pour apporter les feux de la splendeur de Dieu
Dans l'abîme humain.

[...]

Le gouffre entre les profondeurs et les hauteurs est comblé
Et les eaux d'or se déversent
Au fond de la montagne de saphir silloné d'arc-en-ciel
Et miroitent de côte en côte

Le feu du ciel est allumé dans la poitrine de la terre
Et les soleils immortels brûlent ici

NB : ce jugement sévère sur le dolorisme occidental qui s'enracinerait dans l'idée du Dieu crucifié serait à nuancer par cet article qui étudie ce que nous permet d'explorer la prière du coeur chrétienne. Certains théologiens ouverts au dialogue entre chrétiens estiment d'ailleurs que l'essentiel de la spiritualité et de la théologie orthodoxe est plus axé sur la victoire contre la mort.