mercredi 20 février 2013

LES TROIS LUMIERES DE LA TRADITION OCCIDENTALE ET LES LIMITES DE TOUTE CONNAISSANCE MENTALE.

Que peut dire la pensée au sujet des possibilités de la lumière spirituelle ?

Le monde matériel émerge au sein de la lumière spirituelle.

Bien sûr la pensée peut parvenir à décrire par induction des lois concernant le monde sensible, c'est-à-dire le monde matériel mais aucune vérité ne peut être absolue dans ce domaine parce que l'infinie complexité du monde sensible échappe à la pensée. 

Le monde spirituel est simple mais il est un mystère pour la pensée. Le monde sensible s'ancre dans ce mystère et c'est ce qui explique fondamentalement pour le mental son infinie complexité.

Chaque personne s'ouvre depuis la lumière spirituelle dans un monde mental et un monde sensible. Quand quelqu'un se perçoit dans la lumière spirituelle, il la perçoit selon son propre vécu du mystère et selon les limites qu'il assigne aux "possibilités" de la lumière spirituelle.

Nous lirons Daniel Morin de ce point de vue pour montrer comment au moment où on pointe la lumière spirituelle, on peut la limiter dans les concepts qui pourtant la pointent efficacement.
Daniel Morin nie par exemple que cette lumière spirituelle puisse être toute puissante et créatrice (Maintenant ou jamais, p.17, il fait cette négation en la reliant à l'image d'un Dieu juge). Spinoza aussi pensait qu'il s'agissait d'un mythe. Vouloir trouver du sens à Cela revient toujours à vouloir réenchanter notre égocentrisme (p.18) et donc à subtilement refuser la non séparation d'avec un processus global impersonnel sans autre direction que la non direction de la pure présence à soi tel que c'est. Parler de providence revient à encore à mettre une acceptation dans les mains de l'ego (p.110 sq.). Voir dans la lumière spirituelle, dans cette approche, revient à déposséder l'ego de tout effort puisque voir dans la lumière spirituelle suffit au fond à réduire à néant toute souffrance psychologique (p.90).

Ce que pointe Daniel Morin est un saut nécessaire. Mais la manière dont il le formule occulte étrangement le mystère de la lumière spirituelle en la réduisant à un inconnaissable et un indéfinissable sans possibilité autre que celle que la démarche pratique qui lui semble efficace lui assigne (p.21). Une bonne construction mentale et pratique pour atteindre telle réalisation peut représenter une fermeture pour éventuellement comprendre que telle autre est possible. Cette approche qui se veut pourtant un dépouillement semble malgré tout en se positionnant métaphysiquement contre l'âme (p.27), le libre-arbitre (p.43 sq.), la création (entre autres p.47), etc. représenter une forteresse mentale tout en prétendant que non.

Il faudrait être complétement libéré de toute construction mentale y compris les plus scientifiques pour vraiment permettre à la lumière spirituelle d'être ce qu'elle est et ce qu'elle peut devenir par delà les déterminismes spatio-temporels apparents. Pour se libérer de toute construction mentale, de toute préférence vitale voire des mécanicités physiologiques sans en privilégier d'autres tacitement, tout se jouera dans un va-et-vient entre telle lumière intellectuelle et la lumière spirituelle puis entre telle lumière vitale ou sensible et cette même lumière spirituelle. 

Il faut enfoncer la cognée entre conscience et pensée, conscience et émotions, conscience et processus physiologique pour que vraiment la lumière spirituelle peu à peu s'en décolle et s'en distingue mieux.

De ce point de vue, je m'inscris d'abord dans un rapport personnel paradoxal à cette lumière spirituelle. Vivre en elle en n'ayant aucune impulsion non séparée d'elle n'implique pas encore de s'être complétement personnellement anéantie en elle en tant que forme personnelle persistante avec ses idées mentales, ses préférences sensibles, voire certaines habitudes physiques, etc. Être vraiment libre implique l'anéantissement effectif de ces limitations. Mais maintenant cet anéantissement n'étant pas achevé, je suis et je demeure dans un rapport personnel à la lumière spirituelle et je l'assume complétement en ce sens. Y a-t-il une autre explication pour expliquer les différences de rayonnement spirituel observables pour l’œil spirituel affiné ?

Dans ce processus d’anéantissement personnel en cours, il y a l'expérience émergente d'une dimension occulte de ma personne qui transcende ma personnalité limitée à ces histoires mentales que je peux raconter, à des processus vitaux et à ce corps qui la caractérise pour les autres. Elle est comme ce rien de ma personne et son vrai commencement qui appartient entièrement à cette lumière spirituelle. Comme mon processus d’anéantissement n'est pas linéaire, cette dimension n'est pas présente constamment. 

Mais je réalise que c'est le cœur de mon cœur à la fois plus personnel que peut l'être ma personnalité, à la fois ma plus authentique partie prenante du processus cosmique et enfin à la fois la capacité de se voir ouvrir une nouvelle dimension à ce processus, dimension jusque là inconnue, en réponse à mon aspiration à ce total abandon. Où est dès lors la frontière entre dimension personnelle et processus impersonnel ? entre déterminisme et libre-arbitre ? entre manifestation et création ? entre toute puissance et impuissance ?