jeudi 28 avril 2011

L'ORPAILLEUR DE SATPREM ET LA VISION SANS TETE.

Au début de son roman L'orpailleur, Satprem écrit :

- C'est à cause de cette nuit et de ce drôle de silence, parce qu’on est tellement loin... On n'a jamais parlé de la guerre, nous deux, mais il s'est passé quelque chose, là-bas j'étais pilote. C'est difficile à dire cet accident; un accident qui change tout...

La corde du hamac grince comme une haussière au mouillage. Nous sommes amarrés à la nuit, amarrés à une troupe de petits morts qui n'en finissent pas de mourir.

- Imagine, à six cents à l'heure, le fracas des mitrailleuses, le moteur qui siffle comme une chaudière crevée, et puis l'explosion d'un seul coup...
je me suis retrouvé pendu en l'air, éjecté, au bout d’un parachute. Un miracle. Arraché du cockpit, sais pas comment. J'ai dû tirer sur le parachute... Et puis ce silence,-mon vieux, ce silence tout d'un coup...

La voix de Vincent tremble. Je ne sais ce qu'il regarde dans la nuit, quel monde explosé en lui à cette seconde. Il le balbutie, son silence, comme un enfant.

- Il y avait des champs en dessous, avec des arbres. Loin, très loin au-dessous, la Belgique... une drôle de terre toute petite, très loin, avec des hommes peut-être. Mais je m'en foutais. J'étais ailleurs - ailleurs, tu entends. Dans le silence partout, complètement stupéfié ... Des tas de fois j'ai sauté en parachute, mais cette fois-là ... la terre, c'était fini... j'étais de l'autre côté. Un silence formidable. Tu ne peux pas comprendre.

- Mais si.
- Avec ta tête, tu peux comprendre, mais c'est pas ça... Ah! ce silence... un autre monde par derrière... et j'ai ri comme un enfant là-haut, sous mon parachute... je crois bien que j'ai pleuré aussi. C'était, comme si je venais de naître tout juste... Tu vois, on se rend pas compte. J'avais vécu des années avec un poids, sans savoir, et tout d'un coup, c'était parti - tu comprends, parti. Et j'étais léger, léger... de l'autre côté.

Les lampyres ont commencé leur danse phosphorescente. Parfois là-haut, dans un arbre, un insecte s'allume, tout seul. Le ciel n'est pas plus grand qu'un clignotement de luciole. Peut-être tiendrait-il au creux de la main, si on connaissait le truc. Parfois, on le tient presque, ce truc; on va fuser partout dans le Grand Espace. Et puis on colle. Pas assez poreux. Alors on souffre.

Et à la fin de ce même roman comme en écho, Satprem écrit  :
 
Pendant vingt-six ans j'ai été attaché à une ombre, et J'y tenais à mon ombre, ah! il ne fallait pas qu'on y touche à mon ombre! Et me voilà sans ombre, juste comme l'eau dans l'eau ça fait une différence, je vous jure.

Ah! je suis reconnaissant, reconnaissant. Ma joie me fait comme une grande aile, et je glisse, je file parmi les noirs, toutes voiles dehors. Mes yeux sont pleins d'une eau magique, je suis vêtu de lumière!
Et la profondeur bleutée est là, juste par-derrière, et au-dessus - il suffirait que je me retire un peu pour y plonger elle me porte, elle m'entoure d'allégresse. Je suis tout large. C'est tellement solide autour de moi que je pourrais toucher; et haut, et vaste - une nef de cristal où vibrent les semences d'or du futur.

C'est ça qu'il faudrait leur dire, ce décollage inouï. Ils ne savent pas, ils ne savent pas!

Ça qu'il faudrait leur dire - état de grâce. Mais ce n'est pas vérité à prendre au piège, dans la boite à penser : c'est vérité-lumière, vérité d'eau qui coule sous roche et qui porte tout le faisceau des choses dans son fleuve - c'est murmure d'archange sous le dur noir des choses. Vérité comme la vie, et qui saute au cœur et voit avec l'œil unique, ah! qui reconnaît tout. C'est vérité, là, à pleurer de joie.
 
Plus le même, plus le même pour les siècles des siècles. Je commence, tout commence ! je suis au creux des temps à venir, noyau impérissable.
Ah ! qui m'a donné cette force ? Tout est possible, tout est possible!

Mille vérités pétillent, de toutes petites vérités sans pensée, légères, légères comme des bulles, et chargées d'un savoir éclair une fusée infaillible.
Je suis eau dure d'aigue-marine. Bloc de certitude. Je suis sage comme les temples d'Asie peuplés d'oiseaux, et grand comme un vieux roi au bord des déserts qui rosissent. Et jeune - une enfance d'or! Ah! ma vie cristalline, ma vie tout sourire, ma vie givre d'étoile! Tout un espace chantant qui s'ouvre aux mains légères. Je suis fontaine, je suis galet de lumière, au fond bleu des citernes. Et je suis large comme on aime - JE SUIS!

vendredi 22 avril 2011

DEMOCRATIE ET SPIRITUALITE : LA NECESSITE D'UNE VISION SANS TETE.

A quelle tête appartient les corps qui sont là dans l'espace de perception ?
Aucune n'est-ce pas ?
L'espace de la perception n'est-il pas le fruit d'une lumière invisible et infinie ?
Ici nous voyons l'unité fondée en l'unique source de Lumière dont tous ces corps émergent. Et miracle nous voyons que chacun de ces corps peut manifester librement des autres cette source unique. Et quand le groupe en question prend conscience de Cela, il y a de moins en moins dualité entre entre l'unité fondée en l'unique source et la liberté, il y a des cœurs fraternels ouverts dans la vision.

Sous le couvre-chef qu'il soit képi, chapeau ou diadème, il n'y a plus de chef possible. L'appétit de pouvoir personnel est en vacances...

Dès lors la spiritualité d'une Vision sans Tête nourrit "égalité, liberté et fraternité".

LE REVENU MINIMUM D'EXISTENCE ET LA PROSTITUTION.

Jean Luc Godard dans son film DEUX OU TROIS CHOSES QUE JE SAIS D'ELLE, 1966, affirme que la prostitution est inhérente à notre société :
Au départ de mon film, il y a une enquête parue dans le Nouvel Observateur. Or cette enquête rejoignait l’une de mes idées les plus enracinées. L’idée que pour vivre dans la société parisienne d’aujourd’hui, on est forcé, à quel que niveau que ce soit, à quel que échelon que ce soit, de se prostituer d’une manière ou d’une autre…
Et en effet même si on ne vend pas sa sexualité, on vend souvent dans nos sociétés son corps (on le contraint à des tâches dont il ne pourra se remettre) ou son âme pour survivre...  Pour beaucoup la prostitution est moins dégradante que la mendicité même auprès des institutions de l'Etat. Ce constat fait par Godard en 1966 est malheureusement encore plus vrai aujourd'hui en 2011.
Il y a une grande hypocrisie à criminaliser la prostitution sexuelle si on ne se donne pas les moyens de mettre fin économiquement à la prostitution de nos âmes. En fait on va pousser des personnes dans l'illégalité et les criminaliser pour le fait de survivre en vendant leur sexualité... 
Un Revenu Minimum d'Existence ferait barrage au moins à toutes les formes de la prostitution pour survivre.

MERE ET LE REVENU MINIMUM D'EXISTENCE.

« Dans ce lieu idéal, l'argent ne serait plus le souverain seigneur; la valeur individuelle aurait une importance très supérieure à celle des richesses matérielles et de la position sociale. Le travail n'y serait pas le moyen de gagner sa vie, mais le moyen de s'exprimer et de développer ses capacités et ses possibilités, tout en rendant service à l'ensemble du groupe qui, de son côté, pourvoirait aux besoins de l'existence et au cadre d'action de chacun »

jeudi 21 avril 2011

LA PEUR DES POLITIQUES DU REVENU MINIMUM D'EXISTENCE.


Un des effets majeurs d'un revenu minimum d'existence serait de mettre fin aux politiques centrées sur des intérêts particuliers. A vrai dire ce choix mettrait fin au clientélisme social de nos politiques.

Les éléphants socialistes accouchent régulièrement d'une souris programmatique car ils se contentent de satisfaire des intérêts liés à telle catégorie qu'il faut séduire électoralement. Ainsi ils promettent une forme d'allocation pour les jeunes qui n'ont ni accès aux jeunes aux bourses ni aux RSA ou RMI. Les dinosaures de l'UMP ne sont pas en reste en cherchant à porter leur attention sur la dépendance des personnes âgées. Il est évident qu'un tel revenu citoyen mettrait fin à toutes ces activités qui nourrissent les politiciens d'où sans doute le peu de succès que rencontre une telle orientation dans le monde politique.

REVENU D'EXISTENCE ET ABOLITION DE L'HERITAGE. SUITE.

C'est perpétuer la loi de la jungle et la loi du plus fort que de concevoir encore une société où l'on doit gagner sa vie. Imaginons que nous devenions individuellement immortel, ceci n'aurait plus de sens. Gagner sa vie fait partie d'une vision prisonnière de la survie. La dignité humaine nous commande de dépasser une vision fondée sur la survie.

Les aides telles que les bourses, la CAF, le RSA, les allocations chômage, les indemnités de la sécurité sociales, les allocations adulte handicapé, etc. aujourd'hui sont un premier pas vers ce dépassement de la survie mais elles restent toujours à quémander. La société vous culpabilise quand vous n'êtes pas capable d'assurer votre survie. On vous soumet à des dédales administratifs pour s'assurer que vous ne flouez pas l'Etat et donc la solidarité nationale. Cette humiliation vous ramène inéluctablement à l'idée qu'il est préférable de gagner sa vie. Qu'au fond pour gagner sa vie, il faut même être prêt à flouer l'Etat...
Un revenu minimum d'existence mettrait fin à un système d'exception : tous les citoyens seraient logés à la même enseigne en terme de droit à un revenu comme en terme de devoir  contribuer à la solidarité nationale.

Ce revenu ne serait pas fondé sur des richesses que nous ne possédons pas. il est normal aussi que ceux qui travaillent ne soit pas réduit à ne plus vivre à cause de ce revenu de solidarité à financer.  A vrai dire si nous voulons  aussi fonder un tel revenu sans recourir à des richesses que nous ne possédons pas l'Etat devra rembourser sa dette. Il est évident que l'abolition de l'héritage au sens ancien est nécessaire.L'héritage est un moyen d'assurer la survie de sa tribu dans la société moderne. Ne serait-il pas logique que l'héritage évolue au service d'une politique dépassant la survie égocentrique des individus et des familles ?

Investir l'héritage entièrement dans la solidarité nationale semble nécessaire.Et en retour chacun hériterait du fait de ne plus avoir à gagner sa vie.


Bien sûr l'égocentrisme en poussera un bon nombre à vouloir échapper à ce qu'ils estimeront une spoliation. Ne sera citoyen et n'aura accès qu'au service de l'Etat que celui qui ne triche pas par le biais des frontières dans la participation à la solidarité nationale.

dimanche 3 avril 2011

QUEL PRIX PAYER POUR DECOUVRIR LA GRATUITE DE LA SOURCE NON-DUELLE ?

L'enseignant spirituel contemporain de la non-dualité ou de l'évolution de la conscience n'hésite pas à se faire payer en monnaie sonnante et trébuchante. Ce serait compassion de faire payer car après tout autrefois tel sage ne laissait-il pas l'aspirant disciple plusieurs jours dans le froid et dans la neige avant de considérer sa demande favorable ? Jésus n'a-t-il pas tout simplement demandé à ses disciples de tout quitter pour le suivre ? Dieu n'a-t-il pas exiger d'Abraham le sacrifice de son propre fils ?

Dans notre monde où le bien le plus précieux est l'argent, l'enseignant spirituel partant de là n'hésitera pas à demander de l'argent pour s'assurer que les aspirants disciples sont investis et ne font pas du simple tourisme spirituel gratuit.

Voici pour l'argumentaire en faveur d'une rétribution de l'enseignant spirituel contemporain.

Toutefois Jésus quand il demande de tout donner et tout quitter ne le demande pas pour lui mais pour le Père. L'argent est donné aux pauvres. Lui et ses disciples sont en quelque sorte des mendiants itinérants à la manière de François d'Assise et de Claire. L'enseignant spirituel contemporain de la non-dualité ou de l'évolution de la conscience que fait-il de cet argent ? Est-ce pour lui ? En vit-il ? Ou le redistribue-t-il pour de justes causes ?

Pourquoi l'enseignant de la non-dualité et surtout celui de l'évolution de la conscience demande-t-il à tous le même sacrifice sonnant et trébuchant alors que pour l'un 100 euros ne représente rien et que pour l'autre c'est déjà énorme. Sa motivation n'est-elle pas simplement de gagner sa vie d'homme avec cet enseignement ?

L'évidence est que la source de ce qui est respire la gratuité. Ce qui est est sans pourquoi c'est-à-dire non relié à des intérêts. Ce qui est ne demande rien pour faire être ou laisser être en son sein quoi que ce soit. Ce qui est nous permet même de l'oublier et donc d'être sans gratitude pour lui qui pourtant nous donne à être. 

Pour rejoindre Cela ne devons-nous pas en redécouvrir la gratuité essentielle ?  Comment être vraiment en sa Lumière sans refléter cette gratuité essentielle ?
L'argent pour l'enseignement et pour l'enseignant ne risque-t-il pas de créer l'illusion que nous avons payé notre ticket d'entrée pour faire l'expérience de la source ? Sur un plan pédagogique le prix à payer qui n'est pas un prémisse du sacrifice total de soi attendu n'est-il pas contestable ?

  
L'enseignant de la non-dualité me dit qu'il n'y pas personne ici, moi je dis qu'il n'y a personne au centre mais encore quelqu'un à la périphérie qui a besoin d'être transformé. L'enseignant  de la non-dualité me dit que je n'ai rien compris mais lorsqu'il me demande son argent, je vois très bien qu'il y a encore quelqu'un pour être payé !!!! 

Je veux bien payer le prix maximum, c'est-à-dire renoncer à être au centre pour servir l'évolution de la conscience mais pour Cela même qui n'est que don.