jeudi 4 avril 2019

POUR UNE EDUCATION QUI SERT L'ÂME



J'adhère à l'évidence qu'un monde vivant pousse en ce moment même aux milieux des décombres du vieux monde dominé encore quoi qu'il en pense par la bestialité. Plus le temps passe, plus je sais que je vois surgir ce Monde nouveau si et seulement j'y participe. L'évidence de l'horreur du vieux monde fait partie des ruines. C'est même une impression de grisaille interne dépressive qui participe de l'auto-destruction du vieux monde. Le monde nouveau n'est vue qu'à partir d'une certitude de Joie sans objet qui accueille une force créatrice et transformatrice. 

Dans cette perspective et expérience spirituelle une évidence me saute aux yeux : l'éducation authentique n'est pas une sortie (ducere) hors de soi (e-) mais une initiation à soi c'est-à-dire une intégration de puissance de pensées, d'émotions (voire de sentiments) ou encore de capacités physiques répondant aux besoin d'une âme

Ici je croise les valeurs chrétiennes selon laquelle nous avons à rendre compte du développement de nos talents. Mais bien trop souvent les monothéistes confondent l'ego et l'âme. Et quand les gens de culture occidentale s'intéressent aux sagesses orientales ils confondent l'illusion égocentrique avec l'illusion d'être une âme. Ils ignorent la croissance de la personne dans la transparence spirituelle qui se découvrent à eux. Ils ignorent qu'expérimenter la  transparence spirituelle peut aboutir à expérimenter la présence d'un principe d'individuation, une dimension lumineuse de la transparence elle-même, comme un feu d'individuation unique de la transparence de l'esprit en nous.

La société du vieux monde ne connaît que des egos manipulables par leurs désirs égocentriques puisque foncièrement mimétiques et qui donc suscitent de la concurrence. Même la bonne conscience de ce vieux monde a cette mécanique. La société du vieux monde ignore tout de l'âme.

L'éducation véritable consiste certainement à permettre à une âme de ne pas se perdre dans les mécaniques des pensées, des désirs et des pulsions. Aujourd'hui la paresse, l'inertie l'emporte souvent faute de souligner un idéal d'évolution et de création. La spiritualité contemporaine avec la non-dualité nous donne d'échapper peu à peu à la mécanique. Mais quid du mouvement de transformation du monde ? L'ego n'est que le visage défiguré de notre âme quand pire malheur il n'en est pas la tombe où elle se tient étouffée dans le silence. L'éducation authentique est au service d'un principe d'individuation. L'individualisation avec son pendant individualiste, on connaît. Mais au fond cette individualisation c'est acquérir et réclamer le droit d'être reconnu dans la société. C'est parfois réclamer le droit d'être regardé et envié sans daigner voir la fausseté qui est en jeu dans ce qui ressort de la concurrence mimétique. Celui qui aime ses enfants ou le professeur qui se soucie de ses élèves travaille pour leur proposer ce qui leur facilitera de devenir ce qu'ils sont : il leur donne de quoi s'individuer en dehors des clous de la seule individualisation sociale. Un tel parent ou un tel professeur lutte parfois contre l'ego de l'enfant ou de l'enseigné pour en libérer l'influence de son âme. Le principe d'individuation qui au cœur de la conscience pure commande vraiment le devenir d'un individu quand il est uni intuitivement, mentalement, émotionnellement à cette conscience pure, cette transparence au fond de l'esprit.

Ceci commande même la manière dont parfois on peut introduire auprès d'un enfant ou d'un enseigné une manière de voir y compris par exemple la non dualité. Il s'agit juste d'une boîte à outils ou de moyens de partager une sensibilité (poétique) dont l'enfant ou l'enseigné peuvent user s'ils le désirent pour ne pas se faire engrener dans la mécanique. Il ne s'agit pas encore une fois de s'enfermer dans telle croyance mentale en niant telle possibilité ou au contraire en affirmant telle réalité sans en faire du tout aucune expérience. L'éducation ainsi entendue est clairement en opposition avec n'importe quelle attitude religieuse.

Plus on s'approche du continent perdu de l'âme, plus on peut aider les plus jeunes à trouver leur âme au cœur de l'humanité. Il ne s'agit pas d'une manière de penser mais d'une aspiration au cœur de la conscience pure, la transparence de notre conscience. C'est un monde paradoxal où la plénitude de la conscience se découvre un besoin poignant d'être, , une soif de conscience encore plus ample.

Le monde de l'âme, le monde psychique de l'individuation est vraiment libre du monde psychologique individualiste qui ne trouvera jamais de solution en lui-même. C'est une dimension spirituelle que l'éducation de demain devra sans aucun doute découvrir si elle veut s'accomplir.



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