mercredi 18 mars 2015

IDÉAL SPIRITUEL DE COMMUNION ET PRINCIPES DE VIE DÉMOCRATIQUE.


I - IDÉAL SPIRITUEL DE COMMUNION.

Quand on pense à une communion humaine, on pense souvent à un cercle de personnes. Tout le monde se tient dans un même cercle où il semble égal aux autres du point de vue de la position dans ce cercle. Mais ce cercle semble aussi immédiatement communautariste car il semble toujours se cristalliser autour d'une identité de groupe.
Dans les spiritualités non-duelles, il s'agit plutôt de se mettre à l'écoute d'un guide qui a réalisé la présence de la lumière intérieure.Un satsang dans la spiritualité hindoue ou qui s'en réclame est ainsi une rencontre spirituelle où quelqu'un témoigne d'une réalisation spirituelle que les autres n'ont pas. Cette personne affirme que tout le monde peut réaliser ce dont elle parle mais elle se positionne au-delà du cercle, puisque tout le monde la regarde et oublie de regarder le plus souvent ses voisins. Mais elle prétend ne pas se positionner en tant qu'individu au-delà des autres, elle affirme symboliser par sa présence cette transcendance auquel chacun peut aspirer intérieurement.

Satsang de Mooji

Pour comprendre en quoi la spiritualité implique un idéal de communion humaine ouverte, il suffit de s'ouvrir à ce qui est donné dans un cercle de personnes. Ici nul besoin d'un maître ou d'un guide sur une estrade. L'ouverture spirituelle jaillit par la grâce même du cercle des corps.
Dans ce cercle, je constate par contraste que si il y a un cercle de pieds, de jambes et de torses, il n'y a pas un cercle de têtes. Dans ce cercle, entre mon voisin de droite et mon voisin de gauche, je suis avant tout l'ouverture où paraissent les visages des autres. Je sais que chacun intérieurement est aussi cette ouverture où paraissent les autres. Ainsi un motif, un projet nous a peut-être réuni pour composer ce cercle mais l'assise fondamentale de la communion est d'abord cette ouverture à laquelle notre relation collective est relative. Dans cette ouverture chacun trouve en soi une liberté par rapport au cercle mais en même temps en cette ouverture prend place le cercle.

Une hiérarchie humaine entre des êtres réalisés et ceux qui cherchent à l'être ne fonde pas un authentique idéal spirituel de communion. Au niveau humain dans le cercle, nous sommes d'une égale dignité et chacun peut y exprimer une diversité sans obligatoirement le rompre. Seule une interprétation fermée de l'identité peut troubler l'ouverture et tendre à vouloir un cercle identitaire. On peut croire détenir le véritable sens de l'ouverture malheureusement... 

Au niveau de l'ouverture en première personne au sein de ce cercle, de cette lumière intérieure où se déploie le cercle, nous savons qu'il n'y a qu'une seule conscience sans identité que personne ne peut symboliser plus qu'un autre. Les efforts pour revenir à cette unité source des identités limitées et diverses ainsi qu'à une ouverture à toutes les identités aboutissent peut-être à des âmes au cœur nettement plus lumineux. Mais dans le cercle, si ces cœurs facilitent le rappel à l'ouverture, La créativité de l'ouvert prédomine et fluidifie les frictions identitaires.   

II -  IDÉAL SPIRITUEL DE COMMUNION ET PRINCIPES DE VIE DÉMOCRATIQUE. 

Aucun régime sociopolitique ne peut l'imposer un idéal spirituel de communion sauf à aboutir à des communions humaines fermées. Seule une organisation démocratique peut poser les bases en terme de conditions nécessaires.


De nombreuses visions spirituelles conséquentes ont en vue l'idéal d'une communion humaine. Précisons le autant que possible dans la perspective d'une spiritualité de l'évolution de la conscience. D'un côté cet idéal viserait à édifier un vivre-ensemble au service de la créativité et donc de l'épanouissement individuel des uns et des autres et d'un autre côté cet idéal viserait une créativité collective fondée sur une solidarité. Cet idéal est donc à la fois un idéal collectif de solidarité créatrice et de liberté individuelle.


Cet idéal ne peut pas être imposé par qui que ce soit. Une élite de sages cherchant à l'imposer irait forcément à l'encontre de la liberté individuelle que comprend un tel idéal. On peut très bien envisager des groupes cherchant à incarner à leur niveau cet idéal mais leur autorité liée à une expérience indéniable ne saurait s'imposer. Leur rôle d'éclaireurs et de témoins ne pourraient pas leur octroyer le pouvoir d'imposer leur expérience. Ils feraient juste autorité pour ceux qui voudraient aller librement en ce sens et chercheraient une inspiration pour trouver leur propre ligne créatrice. Dans une aventure proprement créatrice, il n'y pas d'autorité au sens de modèle à imiter mais des des autorités inspiratrices. 


Par contre on peut envisager un double cadre créant les conditions de possibilité de sa réalisation.

Un cadre social et juridique peut à la fois :

- protéger les sphères de libertés individuelles les unes des autres grâce à une coopération d'ensemble ;

- instituer certaines solidarités collectives dès lors qu'elles ne contrecarrent pas la créativité et la liberté individuelle ainsi que l'idéal de petits groupes voulant incarner plus radicalement cet idéal de communion humaine créatrice.


Ainsi il faut instituer une force collective protégeant des droits individuels et une force collective définissant un espace public de solidarité par le biais de décisions démocratiques.


On voit bien que ce double cadre est en tension. La recherche de libertés individuelles entre fréquemment en conflit avec l'exigence de solidarités collectives. Toutefois ces deux principes animant la vie sociopolitique ne sont pas antinomiques du point de vue spirituel d'un idéal de communion humaine ouverte et créatrice. 
 

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