L'approche non-duelle suggère que l'enfant n'a qu'un ego balbutiant qui reste longtemps relatif à la conscience nue. Un chercheur spirituel mettra souvent de nombreuses années pour que se réalise éventuellement la présence de la conscience nue et que son ego retrouve une place relative à cette réalisation.
La question qui revient souvent touche alors au pourquoi du comment la conscience nue peut s'oublier dans une illusion égocentrique source de tant de souffrances psychologiques.
Cependant soyons sincère : si l'égo-centrisme de la conscience se dissout dans une conscience nue une sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part, l'ego comme sens de l'individualité disparaît-il ?
L'éveil ou le réveil à la conscience nue, nous semble-t-il, ne fait pas disparaître dans la plupart des expériences non-duelles une structure individuelle de désirs mentalisés.
L'enfant que nous avons été, l'enfant en général, est d'abord un être individuel de désir avant de se mentaliser. Nous vivions alors peut-être sur fond de conscience nue non duelle mais nos désirs nous laissaient rarement en paix fondus dans la conscience nue. Humains, nous n'avions aucun instinct pour réguler ces désirs qui nous animaient. D'ailleurs, ces quelques expériences où la conscience nue prédominait et qui nous restent en mémoire n'étaient pas monnaie courante. Un enfant n'a pas la plupart du temps la représentation des conséquences d'un désir : il peut se mettre en danger, il n'a aucune idée des conséquences sociales de ses actes, etc. Ainsi le réel et la société le confrontent à des frustrations incessantes et peu compréhensibles. La conscience nue ne semblait pas en mesure de faire face en nous au désir sinon en admettant la croissance d'un ego mental par l'entremise d'une éducation. Un ego mental d'enfant en grandissant accepte ou rejette les désirs suivant des représentations acquises ou intériorisées par les influences mentales diverses et l'éducation qu'il reçoit. Puis peu à peu il use de représentations développées par lui-même.
L'adulte qui s'éveille se réveille à la conscience nue qui peut-être opérait déjà des percées régulières dans son enfance mais le passage par l'ego mental place la conscience non duelle dans une autre position. Désormais elle dispose d'un instrument mental individualisé qui peut être libre du désir aveugle.
L'enfant par exemple laissait sa frustration s'exprimer violemment. En grandissant, il a appris à la refouler quitte à produire des émotions et des sentiments plus pernicieux en apparence. Mais si l'adulte (voire le jeune adulte) se réveille à la conscience non duelle, la frustration pourra s'exprimer complétement intérieurement jusqu'à être transmutée en tranquillité et sérénité.
Il y a une évolution de la conscience appréciable en ce qui concerne la dimension individuelle concernée : ce n'est pas un simple retour à l'état enfantin, ce nouvel état peut produire une libération de l'infantilisme. L'ego mental est quoi qu'on en dise un instrument positif dans une évolution de la conscience même si sa construction peut être excessivement égocentrique au point que la conscience non duelle, pure et nue ne puisse s'y réaliser ni même y faire une quelconque percée.
Cessons d'être anthropocentrique, combien de poissons sont morts pour qu'un reptile marche sur la terre ferme ?
Les balbutiements de l'être humain consciemment au service de l'individualisation et de l'évolution divine commencent à peine...
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