jeudi 26 avril 2012

QUAND LA SPIRITUALITE DIT SON MOT A LA RELIGION.


« Personne n’a le droit de s’imposer aux autres et contre leur volonté comme un guide religieux ou spirituel. Vous n’avez aucun droit de dicter à X et Y leur vie intérieure ou extérieure. Encore une fois, la confusion et l’incohérence de votre état d’esprit actuel vous empêchent de reconnaître ces simples faits.
De plus, vous dites que vous voulez seulement la Vérité, et pourtant vous parlez comme un fanatique étroit et ignorant qui refuse de croire à autre chose que la religion dans laquelle il est né. Tout fanatisme est une fausseté parce qu’il contredit la nature même de Dieu et de la Vérité. La Vérité ne peut pas s’enfermer dans un seul livre, que ce soit la Bible, le Véda ou le Coran, ni dans une seule religion. L’Être Divin est éternel et universel et infini, et il ne peut être la seule propriété des seules religions musulmanes ou sémites et de ceux qui se trouvent descendre de la lignée biblique avec des prophètes juifs ou arabes comme fondateurs. Les hindous, les confucéens et les taoïstes, et tous les autres, ont autant le droit d’entrer en relation avec Dieu et de trouver la Vérité à leur manière. Toutes les religions contiennent quelque vérité, mais aucune n’a la vérité totale; toutes sont des créations du temps et finalement déclinent et périssent. Mahomet lui-même n’a jamais prétendu que le Coran fût le dernier message de Dieu et qu’il n’y en aurait pas d’autre. Dieu et la Vérité durent plus longtemps que ces religions et se manifestent nouvellement selon la forme et la manière que la Sagesse Divine choisit. Vous ne pouvez pas enfermer Dieu dans les limites de votre étroit cerveau ni dicter au Pouvoir Divin et à la Conscience Divine comment ils se manifesteront et où et par qui; vous ne pouvez pas dresser vos barrières de nain contre la Toute-Puissance divine. Là aussi, ce sont de simples vérités, que l’on est en train de reconnaître partout dans le monde; seules les esprits enfantins et ceux qui végètent dans les formules du passé peuvent le nier.
Vous avez insisté pour que je vous écrive et vous avez demandé la Vérité, et j’ai répondu. Mais si vous voulez être musulman, personne ne vous en empêche. Si la Vérité que j’apporte est trop grande pour que vous la compreniez ou la supportiez, vous êtes libre d’aller vivre dans la semi-vérité ou dans votre propre ignorance. Je ne suis pas ici pour convertir qui que ce soit; je ne prêche pas au monde pour qu’il vienne à moi et je n’appelle personne. Je suis ici pour établir la vie divine et la conscience divine en ceux qui, d’eux-mêmes, sentent l’appel pour venir à moi et qui restent fidèles à l’appel, et en personne d’autre. Je ne vous demande pas, ni Mère non plus, de nous accepter. Vous pouvez partir quand vous voulez et vivre la vie du monde ou une vie religieuse selon votre préférence. Mais puisque vous êtes libre, les autres aussi le sont de rester ici et de suivre leur propre chemin...»

23 octobre 1929
Sri Aurobindo
On Himself, XXVI.482

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