mardi 23 juillet 2024

Lumières sur un éveil évolutif : la Joie Divine d'Amour abolit le désir en transmutant ses énergies.

Le témoin heureux - Niranjan Guha Roy


 Moi, ego, personnalité de surface, je suis le champ de bataille du Divin avec lui-même dans son jeu d'amour autocréateur. Moi, ego, je ne suis que le terrain de jeu entre individuation du Divin et individualisation des forces vitales d'appropriation, de libido et de reconnaissance sociale. L'amour du Divin réorganisera-t-il suffisamment l'énergie vitale à son usage pour que s'incarne un enfant du Divin, un fils-fille de Dieu ou l'amour du Divin devra-t-il rester mélangé avec toutes ces pulsions dont l'égo même spiritualisé reste par essence le jouet inconscient ?


Nous sommes animés par deux types de désir, amour du Divin (amour de perfection, beauté, vérité, justice, amour de l'Amour absolu) et désirs-appétits. 


Comment pourrait-il y avoir pur Amour Divin s'il y a désir relativement à un ego ?


La venue consciente de la lumière spirituelle, que certains nomment l'éveil du Soi, n'est pas la fin de notre aventure spirituelle, car sa survenue ne change pas fondamentalement ce champ de bataille qui a lieu en elle. Mais la découverte de cette lumière n'est pas uniquement un détachement du chaos du Devenir, qui laisserait nos espérances d'une victoire de l'amour en plan au niveau des relations de conscience, au niveau des équilibres entre vivants et même au niveau de ce qui semblent des lois matérielles. Dans cette lumière spirituelle, en effet, la sincérité et l'authenticité sont possiblement facilitées et sans ces vertus d'aspiration, un progrès de l'amour Divin serait-il possible en nous ?


 Cette lumière peut contribuer à mieux distinguer notre aspiration au Divin toujours déjà là qui œuvre discrètement dans le Devenir. Elle peut faire la place aux forces transformatrices du Devenir Divin : silence et élargissement creusement du vide ouvrent aux forces de conscience évolutives. Ces forces de conscience évolutives sont irréductibles à des variations, des changements au final non évolutifs dans le cercle usuel mental, vital, physique. D'ailleurs même une amélioration positive qui résultent de changements n'est pas à strictement parler une évolution, une nouvelle forme de vie et de conscience. 

La lumière spirituelle apaise l'individualité. Elle peut aussi, s'il y a une aspiration, la faire croître en clarté, donc en sagesse. S'il y a une aspiration qui traduit l'influence du Devenir divin en l'individu, cette lumière se clarifiant, se désenténébrant, peut aussi ouvrir à une joie de vie, inconditionnelle débordante. Cette joie d'Être et de Devenir qui surabonde au fond de nous-même, en amont de notre mental, de notre vital et de notre physique peut s'investir de plus en plus en relation avec tout ce qui est de l'ordre du manifesté. Elle est alors la révélation croissante de l'amour divin. 

Soyons honnête, ne confondons pas nos plaisirs et la Joie divine créatrice. Nos désirs tendent aux plaisirs ; notre aspiration spirituelle, notre soif de vrai, notre amour du beau appellent et ouvrent des canaux à la Joie créatrice divine. Plus nous verrons l'aspiration au Divin croître, plus elle sera clairement distincte des désirs appétits. Plus l'enfant Divin croîtra en nous et pourra émerger indubitablement, plus, en sublimant notre énergie vitale, l'Amour Divin croîtra. Et moins, il y aura de désir d'un ego. 


L'amour Divin ne peut se suffire d'être libre du désir, il veut notre soumission totale, il veut son enfant Divin et non des masques de personnalité reliés par la fiction d'un ego. Pour que son Amour qui l'unit substantiellement à ses enfants s'incarne, cela suppose l'abolition du désir-appétit et à l'occasion l'instrumentation totale de l'individualisation mentale, vitale et physique. 


Par le processus de transformation spirituelle et évolutive, l'énergie vitale pulsionnelle aura de moins en moins d'espace pour former des désirs personnels s'affirmant comme ceux d'un ego centré sur son intérêt. Il n'y a là aucun regard moral, il n'y a là aucun perfectionnisme d'un ego spirituel, ce qui serait une ruse des appétits pour régner encore. Un désir d'ascétisme reste un désir. Ma volonté égoïque d'abolir le désir ne peut être qu'un désir, mais laisser transmuter le désir en énergie vitale disponible pour l'individuation divine authentique de l'amour pur est possible. Ce n'est pas une affaire de claquement de doigts. Ce sont peut-être des dizaines d'années de sadhana (cheminement dans l'aventure spirituelle). Ce sont peut-être même des évolutions souterraines de l'enfant Divin durant d'autres vies animales et humaines qui maintenant se mettent à l'œuvre ou non à travers nos frêles velléités spirituelles. 


Ce qu'on appelle l'ego est un agrégat dont la structure est en partie subconsciente. Des aspects y dorment jusqu'à se faire réveiller par des forces de conscience extérieurement opposées à l'amour du Divin. Autrefois, on jugeait qu'il s'agissait de véritables entités antidivines. On parlait du Prince de ce monde, du Seigneur du mensonge et de leurs acolytes. Tel mouvement de colère, tel mouvement inconsidéré et mécanique s'empare comme une réponse qui n'est qu'une réaction du vieil homme qui assoupi ne semblait plus régner en nous. Ce mouvement part d'un abandon à une force de conscience contraire à l'amour divin. A la lumière du Soi, toutes les forces de conscience, tous les flux phénoménaux ont la même source. Tout est divin d'origine. Alors on peut croire que l'instrumentation de notre individualité à la lumière spirituelle est réalisée bien qu'il n'en soit rien. Elle n'est que partielle, imparfaite, à défaire, à reprendre pour y intégrer sans cesse des pièces ignorées, en sommeil mais bien là. La vision de l'Être doit s'affiner avec la vision du Devenir Divin, la vision de son autocréation. Supposons que la vision de l'Être et du Devenir soit l'amour Divin, la Joie Divine, la prise de conscience originaire du Divin lui-même. Supposons, comme en témoignent les rishis indiens, que le divin soit Sat-Chit-Ananda, existence, conscience et félicité avant même qu'il ne s'individue en dieux, entités, animaux, humains, etc., avant donc qu'il ne se manifeste cosmiquement et temporellement. Soyons sincère, notre lumière spirituelle aussi imperturbable soit-elle en arrière-plan de notre individualisation humaine n'en est pas moins ténébreuse du point de vue de la sagesse et de l'amour. Elle est loin d'être la prise de conscience du divin lui-même dans son infinité. Elle est un modeste rayonnement du divin, un toucher du divin mais non son entière conscience.


La bestialité du désir peut sembler domptée mais nos vertus sont aussi des désirs, des désirs sociaux intériorisés. Tout doit être transmuté dans le Devenir Divin, non pas seulement dompté ou maîtrisé. La vertu authentique est un pouvoir psychique du Devenir divin à travers son individuation en nous.


J'ajouterai qu'à un certain stade, les circonstances se liguent avec le processus intérieur de transformation. Il n'y a plus de doute sur la nature cruciale des choix qui se répètent encore et encore à chaque pas, il s'agit de se soumettre ou non sur tel aspect, de se donner à l'Amour Divin ou non sur tel point. Je n'ai pas à me parfaire moi-même par moi-même pour que le Divin m'investisse. J'ai à lui soumettre mes aspects dysfonctionnels, mes points défaillants, mes ombres. Lui seul œuvre, perfectionne, transforme, recrée, transmute. Mais des choix individuels existent, si l'on est sincère, ils sont notre coopération à l'œuvre divine. La vision de leur importance et de leur nombre peut s'amplifier à la lumière du Soi, lorsqu'elle n'est plus ignorée comme ténèbres pouvant se dévoiler.   

D'ailleurs, à un certain stade, lorsqu'on échoue, retombe puis qu'au final, la grâce agissant, cela redevient de façon prédominante le serviteur de l'enfant Divin, il y a l'étonnement d'avoir préféré un agrément excitant à la Joie divine. Cet agrément a beau être si étroitement engrainé à ses revers de souffrance, nous l'avons encore préféré à une Joie pure, inconditionnelle, sans contraire possible, une Joie sans borne, une extase de félicité concentrée si infiniment. 

Et l'évidence apparaît, notre mental, notre vital et notre physique ne sont pas immédiatement aptes à la présence de cette Joie d'Amour Divin. Ce qui semble antidivin, à première vue, a aussi son rôle. Si la Joie d'Amour Divin déferlait sans un perfectionnement du mental, du vital et du physique, l'individualisation humaine nécessaire à l'individuation Divine serait brisée et gaspillée. Au-delà, ce serait même la manifestation matérielle qui serait en danger. Ainsi reconsidérons ces forces "antidivines" au lieu de nous laisser aller à un mental de gnostique chrétien ou de manichéen. Découvrant pleinement la réalité de ces forces, ne concluons pas précipitamment que le monde terrestre leur appartient et que notre âme d'individuation divine doit attendre un paradis immatériel pour voir l'amour divin, la joie divine en plénitude. Certes ces forces peuvent faire des dégâts pour résister à la venue de l'amour Divin. Ce sont toutefois nos jugements manipulés par ces forces au sujet de ces forces qui nous font volontiers associer l'apocalypse, la révélation du Divin, et la fin du monde, la destruction de la vie terrestre. Mais ce sont elles, malgré elles, qui garantissent précisément la valeur des réceptacles terrestres de l'amour Divin. Ce sont elles qui testent la vérité, l'authenticité des vases individuels par lesquels l'amour Divin va s'écouler en ce monde avec la compassion, la miséricorde nécessaire pour le transformer sans le briser et rien en mépriser. Certaines forces sont des vieilles forces, directement utiles à l'autocréation divine autrefois, mais aujourd'hui nuisibles par leur persistance ; quand leur nuisance n'aura plus aucune utilité y compris indirecte, certainement elles seront totalement rendues sans effet, leurs actions et donc leur entité seront abolies. Par ailleurs, Il se peut aussi déjà que certaines forces entités d'apparence antidivine, pour nous, soient converties, soient devenues des instruments totalement au service de la vérité et de l'authenticité. 

Ce sont elles qui donnent à notre énergie vitale des formes pulsionnelles, qui s'immiscent en nous par nos portails subtils au lieu que l'énergie vitale cosmique viennent répondre au besoin de l'enfant divin en nous. Ce sont elles qui suggèrent à nos pulsions telles formes de désirs qui peuvent être catastrophiques au final. Mais auparavant, ce sont de telles forces qui cherchent à favoriser l'atmosphère mentale où ma liberté est de faire ce que je désire, mon bonheur est de satisfaire au maximum mes pulsions. Ou plus subtil, il y a les bonnes et les mauvaises pulsions, les bons et les mauvais désirs : dès lors mentalement hypnotisé, je suis le jouet des bonnes pulsions et des bons désirs, et, de temps en temps, je ne comprends pas pourquoi, il y a des mauvaises pulsions qui entrent, des mauvais désirs qui me tentent... Bilan, ma vie s'écoule à ignorer la joie, l'influence divine, l'aspiration spirituelle sont des élans vite repris dans les vagues de l'océan mental et vital ainsi prédominant. 

Mais le cercle est bouclé, rien ne va plus, les jeux sont faits, cela devient insupportable ce chaos mental, vital et physique. Partout, tout autour de nous, et dans nos vies, cela s'emballe, cela déraille, cela grince. Pour beaucoup d'entre nous, l'aspiration à la paix, à la lumière spirituelle du Soi émerge et l'emporte. Ces forces d'apparences antidivines auront fait faire, malgré elles ou grâce à elles, un premier pas. Et établi dans le Soi, la lumière spirituelle, un deuxième pas devient possible. L'aspiration n'est pas morte avec le succès de ce premier pas, l'aspiration à la sagesse et à l'amour peut se révéler grandissante. Elle nous faire descendre dans le cœur à la rencontre de l'individuation divine que nous sommes plus intimement que l'individualisation égoïque que nous pensions être. La libération du Soi n'était pas encore la libération de notre divinité individuelle ; une divinité ne saurait se soumettre à quoi que ce soit provenant inconsciemment de l'extérieur, à commencer par les pulsions, les désirs et les pensées.


Commencé le 27/02/2024


The soul The leader - Niranjan Guha Roy


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