vendredi 18 octobre 2013

RELIRE LE SPIRITUALISME FRANCAIS DES ANNES 50.



Dans La découverte de Dieu publié en 1955 après sa mort , René Le Senne, un représentant du spiritualisme français, ami de Louis Lavelle, écrivait :
Samedi 23 mai.
 - La religion est l'ensemble des moyens par lesquels l'esprit concilie le contenu de la conscience à la théologie. Sa portée va jusqu'où va l'idée de Dieu ; mais l'idée de Dieu n'est pas Dieu.
- La mort ou le néant de conscience est la raison de craindre pour soi ; mais dans cette crainte pour soi, le je forme l'idée de lui-même. En acquérant l'idée de soi, il prend immédiatement conscience de l'inadéquation de tout moi au je, et par suite reconnaît Dieu au cœur de lui-même. La mort est donc indispensable à la connaissance de soi et de l'idéal de soi, Dieu.
- Je n'ai commencé à rendre une valeur à l'idée de Dieu qu'après avoir admis la réalité du moi et l'intériorité de tout objet par rapport à lui. En effet jusque là je circonscrivais plus ou moins étroitement le moi dans les confins d'une conscience s'arrêtant au cerveau et l'excluant, puis dans les limites de mon épiderme, au plus dans le territoire battu par mon action. Donc l'homme fait Dieu à son image, mais quand il s'est préalablement fait à l'image de Dieu.
Il faut donc pour convertir quelqu'un à l'idéalisme l'amener à faire sauter cette barrière idéale que le sens commun met entre le moi et le monde. Il faut mettre la lune vue dans le moi ; et montrer que cette lune vue enveloppe le monde tout entier.
- La vérité relative du solipsisme est un grand argument pour l'existence de Dieu. Sans elle, contradiction absolue. Car, d'une part, il est vrai que nous ne pouvons pas sortir de nous-même, de l'autre il est vrai que nous sommes limités et ne pouvons accaparer l'être entier. Seule issue : l'intériorité universelle de Dieu à nous-même. Chacun de nous est limité en Dieu.
- Pour s'avancer vers l'absolu, il ne faut pas le chercher en dehors des phénomènes, mais à travers eux. Le soleil derrière la verrière.

On perçoit ici qu'il ne s'agit pas d'une conception mais d'une expérience. Celle-ci met en jeu un positionnement intérieur qui permet de percevoir que "tout apparaît dans l'esprit". Et que tout notre esprit est intérieur à Dieu lui-même.