Maître Eckhart écrit dans son sermon XX :
"Le Seigneur envoya ses serviteurs. Saint Grégoire dit [que] ces serviteurs sont l’ordre des
prêcheurs. Je parle d’un autre serviteur, c’est l’ange. En outre nous parlons d’un serviteur,
dont j’ai souvent parlé, c’est l’intellect à la périphérie de l’âme, là où elle touche à la nature
angélique et est une image de Dieu. Dans cette lumière, l’âme a une communauté avec les
anges, et même avec les anges qui sont déchus en enfer et ont pourtant gardé la noblesse de
leur nature. Là cette petite étincelle se tient nue, sans souffrance d’aucune sorte, dressée vers
l’être de Dieu. Elle s’égale aussi aux bons anges, qui là opèrent en Dieu et reçoivent en Dieu
et portent toutes leurs œuvres en retour vers Dieu et reçoivent Dieu de Dieu en Dieu. A ces
bons anges s’égale la petite étincelle de l’intellect, qui là est créée par Dieu sans différence,
une lumière qui plane et une image de nature divine et créée par Dieu. Cette lumière, l’âme la
porte en elle. Les maîtres disent [qu’] il est une puissance dans l’âme qui se nomme
syndérèse, [mais] il n’en est pas ainsi. Cela exprime ce qui en tout temps dépend de Dieu, et
cela ne veut jamais rien de mal. En enfer [même] cela est incliné au bien ; cela lutte toujours
dans l’âme contre tout ce qui n’est pas limpide ni divine, et invite sans relâche au festin.
C’est pourquoi il dit : « Il envoya ses serviteurs pour qu’ils viennent, tout étant prêt. ».
Personne n’a à demander ce qu’il reçoit avec le corps de Notre Seigneur. La petite étincelle
qui là se tient prête à recevoir le corps de Notre Seigneur se tient sans cesse dans l’être de
Dieu. Dieu se donne à l’âme toujours nouvellement dans un devenir. Il ne dit pas : « C’est
devenu », ou « Cela deviendra », plutôt : Cela est toujours nouveau et frais comme dans un
devenir sans relâche."
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