Les animaux ne luttent pas contre leur nature, maîtresse absolue. Les poissons, les oiseaux, les animaux suivent leur instinct. Les pigeons agissent spontanément, ignorent l’éthique et la moralité. Mais l’homme qui a goûté la pomme commence à être divisé, tourmenté. Il cherche toujours une loi supérieure pour guider sa vie agitée, mais presque toujours déjoué par l’animal redoutable en lui. Il est aussi comme une machine tournée vers sa nature inférieure. Aucun effort humain, culturel, social, religieux, aucune punition impitoyable n’ont pu dompter, maîtriser ou transformer l’animal originel en lui. Il est comme une girouette tournant au gré de ses passions, ses émotions, ses désirs, ses fantaisies, ses malheurs et ses plaisirs. Comme il est aussi un penseur, il est toujours en lutte avec l’animal qui le déchire, domine sa vie, l’empêche de réaliser ses rêves dorés.
Mais inconnue de lui, une grande Divinité veille sur sa vie. Elle habite son cœur mystique et attend l’heure propice en silence. L’homme physique périssable porte en lui son vrai moi divin immortel. Au fur et à mesure que son moi, son âme intérieure immortelle grandit, la paroi entre son être physique animal fruste et la Divinité secrète s’amincit et la lumière intérieure commence à inonder sa vie. Il n’est plus tout le temps un jouet, un bateau en dérive hors contrôle. L’éternité envahit son existence entière, l’homme naturel animal, le penseur, le rêveur, l’idéaliste impuissant, les ailes cassées, coupées, subit une métamorphose longue, difficile et progressive mais ravissante. Les horizons qui l’enfermaient dans cet univers matériel s’évanouissent en le projetant dans une immensité de félicité lumineuse. L’animal primordial meurt lentement et renaît comme un dieu, un serviteur fidèle, puissant, joyeux, soumis à la Divinité suprême. Tout l’être devient un seul bloc, monolithique, mû par une seule volonté. Une harmonie céleste enlève toute dissonance, crée une concordance sublime. L’homme divin naissant toujours paisible, son regard toujours fixé sur le Divin, prend la place qui lui est destinée dans la Symphonie universelle dirigée par la Mère. L’homme n’est pas condamné à perpétuité, il est un dieu en germe.
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