A l'heure de tous les délires identitaires prémodernes (communautarismes dogmatiques et fermés), modernes (économismes et scientismes ininterrogés) et postmodernes (narcissicismes divers), servir la lumière spirituelle implique de constituer un nouvel universel commun dont la France autrefois fût déjà une pourvoyeuse pour l'humanité.
Notre diversité loin de sombrer dans les communautarismes a besoin d'une fraternité refondée sur ce nouvel universel.
Dans Dieu par la face Nord, Hervé Clerc apporte une contribution de premier plan à ce projet. Il écrit[1] :
Notre diversité loin de sombrer dans les communautarismes a besoin d'une fraternité refondée sur ce nouvel universel.
« Les humanistes d’autrefois travaillaient
dans l’ombre de la croix, doublement. D’abord parce qu’il existait autour d’eux
une chrétienté, et secondement parce qu’ils devaient étendre leur bras, démesurément et en sens
opposé, pour concilier deux cultures de sensibilité contraire : la culture
judéo-chrétienne et la culture gréco-romaine, Jérusalem et Athènes. Le choc de
ces deux plaques tectoniques a produit le feu follet nommé
« Europe ». Les humanistes se tenaient sur la ligne de fracture,
inclassables, toujours en travail, avec en ligne de mire l’universel, lequel n’est
jamais atteint.
Aujourd’hui, ce travail est devenu plus compliqué
que par le passé. Car ce ne sont plus deux pelotes que l’humaniste doit dénouer pour parvenir à une vision ouverte du
monde mais trois : les monothéismes en incluant l’islam ; le pôle
grec, porteur de l’indispensable pensée critique ; les pôles indiens et
chinois.
La conciliation se révèle vite impossible si l’on
reste à la périphérie. L’humaniste de la Renaissance allait chercher l’unité où
elle se trouve : au centre. Et de l’intuition, ou mieux de l’expérience qu’il
avait du centre, il repartait en tâtonnant vers la périphérie. En chemin, il s’efforçait
de relier, conjoindre, articuler,
comme dit Roger-Pol Droit. Jamais il ne se résignait au cloisonnement. Ce
faisant, l’humaniste, homme du large, entrait inévitablement en conflit avec
les esprits étroits, littéralistes, intégristes, spécialistes, à la pensée
fixe, provinciale, enclavée, dont l’activité favorite, hier comme aujourd’hui,
est la morne sodomie des mouches.
On l’accusait, on l’accuse encore de
syncrétisme, panthéisme, concordisme, salade niçoise. Mais lui sait ce que ses
adversaires ignorent : que la vérité étouffe dans leur carcan ou plutôt qu’elle
s’en est échappée depuis longtemps, à tire d’aile, car la vérité ne vit pas ni
ne respire dans des carcans, et qu’il convient à présent, dans ce présent que
nous nommons la « modernité », de faire comme elle. »
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