06 décembre 2013
Un but, des chemins
Les chemins spirituels conduisent-ils à des buts différents?
la réalisation d'un maitre de l'advaita est-elle différente d'un sage bouddhiste ou chrétien?
Shankara, Longchenpa, Abhinavagupta, Plotin, Maitre Ekhart auraient-il atteint des états différents ?
Évidemment les disciples de chaque voie ont parfois tendance à
l'affirmer : ma voie est la seule qui mène à l'absolu ! Les autres ne
conduisent qu'à une réalisation partielle ou même vous mènent
directement en Enfer!
Mais en réalité, l'expérience de l'absolu est au-delà de toute
individualité, de toute forme, de tout nom, au delà de toutes les voies.
Elle est donc universelle. Ce n'est pas un homme qui s'éveille à
l'absolu, c'est l'absolu qui s’éveille à lui-même. Comment l'expérience
pourrait-elle être différente ?
Bien sûr, chaque homme l'exprime à travers son conditionnement
(chrétien, bouddhiste ou autre) et c'est sans doute inévitable. Et il
est utile aussi de suivre une voie et de ne pas les mélanger toutes,
sinon on n'arrive nulle part.
C'est comme un diamant avec des milliers de facettes : chacune est différente mais c'est le même diamant.Celui qui goûte l'Un reconnaît le goût de l'Un partout où il le rencontre.
jlr
+++++
Pour faire écho à ce que José Le Roy veut nous rappeler dans le court texte précédent...
Le tableau est un. Mais on peut se pencher sur tel ou tel aspect pour parvenir à en voir la luminosité. Et si c'est toujours le même tableau qui est vu c'est telle nuance qui est vue d'abord pour en apercevoir la luminosité unique. Les maîtres les plus profonds parlent du même tableau et savent le reconnaître car ils ne sont prisonniers d'absolument aucun concept (voir sur le blog de José Le Roy le dialogue entre Poonja, un enseignant du vedanta et Chokyi Nyima Rinpotché, un enseignant bouddhiste). Mais il y a une catégorie d'illuminés beaucoup moins profonds encore prisonniers de leur construction mentale bien qu'elle leur permet sans nul doute d'entrevoir la luminosité. Au moyen-âge chrétien ou musulman, ce type d'illuminés (Augustin d'Hippone pour les chrétiens ou Ghazali pour les musulmans) a par exemple dénié aux païens d'avoir une quelconque expérience spirituelle valable. Ils ont fait l'apologie des armes pour contraindre les gens à entendre ce qui pourrait faire leur salut. Les plus profonds illuminés comme Ib'n Arabi en Islam ou Nicolas de Cusa en Christianisme ont au contraire affirmé l'unité transcendante des voies spirituelles.
Aujourd'hui on est en général plus poli entre écoles religieuses mais on tient encore beaucoup à ses murs conceptuels. Dommage qu"on ne cherche pas à entendre l'autre nuance de luminosité pour abattre son mur sectaire de concepts "libérateurs" !!!!
Certes il est bien difficile d'entrer intérieurement dans un autre horizon de culture spirituelle, cela demande certains efforts et si l'on a déjà l'expérience de la luminosité du tableau, un à quoi bon surgit et on se contente de regarder l'autre approche extérieurement avec un rien de dédain. Une certaine paresse spirituelle finit par nourrir un manque d'amour qui s'ignore.
Ce genre d'attitudes est car au-delà de toute construction mentale commence une autre aventure, la lumière commence alors à faire son propre chemin dans le ballet de ce qui apparaît en elle. Elle est révolutionnaire et créatrice autant qu'elle a pu être maintenue accessible par l'approche traditionaliste.
Mais là encore il y a certainement déjà trop de concepts qu'il faudra sans aucun doute relativiser avant qu'ils ne produisent de nouvelles formes d'enfermements. Dépasser le mur conceptuel, c'est n'est plus seulement voir l'ouverture au-delà qu'il souligne, c'est l'abattre, le rendre entièrement poreux par le dialogue avec l'autre, qui me parle (qu'il le veuille ou non) de nuances qui s'ignorent encore à cause de références mentales et culturelles.
Certes il est bien difficile d'entrer intérieurement dans un autre horizon de culture spirituelle, cela demande certains efforts et si l'on a déjà l'expérience de la luminosité du tableau, un à quoi bon surgit et on se contente de regarder l'autre approche extérieurement avec un rien de dédain. Une certaine paresse spirituelle finit par nourrir un manque d'amour qui s'ignore.
Ce genre d'attitudes est car au-delà de toute construction mentale commence une autre aventure, la lumière commence alors à faire son propre chemin dans le ballet de ce qui apparaît en elle. Elle est révolutionnaire et créatrice autant qu'elle a pu être maintenue accessible par l'approche traditionaliste.
Mais là encore il y a certainement déjà trop de concepts qu'il faudra sans aucun doute relativiser avant qu'ils ne produisent de nouvelles formes d'enfermements. Dépasser le mur conceptuel, c'est n'est plus seulement voir l'ouverture au-delà qu'il souligne, c'est l'abattre, le rendre entièrement poreux par le dialogue avec l'autre, qui me parle (qu'il le veuille ou non) de nuances qui s'ignorent encore à cause de références mentales et culturelles.
Il y a divers niveaux d'attachements en nous. Les spiritualités souvent nous parlent des attachements égocentriques mais elles oublient les attachements culturels qu'ils soient hérités ou acquis. La lecture d'un Ken Wilber pourrait s'avérer utile en ce sens.
Le mouvement intégral souligne l'enracinement d'une vision spirituelle dans une mentalité qui à la fois la porte et la limite d'où une dimension évolutive de la spiritualité qu'il faut valoriser pour être au plus près de la vérité.
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Le mouvement intégral souligne l'enracinement d'une vision spirituelle dans une mentalité qui à la fois la porte et la limite d'où une dimension évolutive de la spiritualité qu'il faut valoriser pour être au plus près de la vérité.
Quoi qu'il en soit de la valeur d'une spiritualité intégrale, une authentique spiritualité aura donc un sens profond du dialogue : principe que j'ai défendu dans le Guide Almora de la spiritualité.
Et qu'on ne s'inquiète pas, pour dialoguer spirituellement, il faut au moins partir d'une culture spirituelle incarnée au plus profond.
1 commentaire:
Bonjour Serge,
Un magnifique ouvrage moderne et précieux.
Bravo !
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