dimanche 27 novembre 2011

LA SPIRITUALITE AU-DELA DE LA MORALE ET DE LA RELIGION SELON SRI AUROBINDO.


"La vie spirituelle (adhyâtma-jîvana), la vie religieuse (dharma-jîvana) et la vie humaine ordinaire, dont fait partie la morale, sont trois choses très différentes; il faut savoir laquelle on désire et ne pas confondre les trois. La vie ordinaire est celle de la conscience humaine moyenne séparée de son vrai Moi et du Divin et régie par les habitudes courantes du mental, de la vie et du corps qui sont les lois de l'ignorance. La vie religieuse est un mouvement de la même conscience humaine ignorante qui se détourne ou essaie de se détourner de la terre pour se diriger vers le Divin, mais sans avoir encore la connaissance, et qui est menée par les édits et les règles dogmatiques d'une secte ou d'une croyance qui prétend avoir trouvé la voie hors des liens de la conscience terrestre vers quelque Au-Delà béatifique. La vie religieuse peut être une première approche de la vie spirituelle, mais très souvent elle se borne à tourner sans aucune issue dans une ronde de rites, de cérémonies et de pratiques ou d'idées et de formes fixes. La vie spirituelle, au contraire, procède directement par un changement de conscience, un changement de la conscience ordinaire, ignorante et séparée de son vrai moi et de Dieu, en une conscience plus grande dans laquelle on trouve son vrai moi; d'abord on vient en contact direct et vivant avec le Divin et ensuite on s'unit à lui. Pour le chercheur spirituel ce changement de conscience est la seule chose qu'il cherche et rien d'autre n'a d'importance. La morale est une partie de la vie ordinaire; elle tente de gouverner la conduite extérieure par certaines règles mentales ou de former, par ces règles, le caractère à l'image d'un certain idéal mental. La vie spirituelle va au-delà du mental; elle entre dans la conscience plus profonde de l'Esprit et agit mue par la vérité de l'Esprit. En ce qui concerne la vie éthique et la nécessité de réaliser Dieu, cela dépend de ce qu'on considère comme l'accomplissement des objectifs de la vie. Si une ouverture à la vie spirituelle en fait partie, alors la morale seule ne vous la donnera pas."

Sri Aurobindo, Lettres sur le yoga.

jeudi 27 octobre 2011

QUAND JEAN JAURES TISSE DES LIENS ENTRE SPIRITUALITE ET POLITIQUE.

Jaurès lecteur de Rousseau explicite les liens entre une pensée politique juste et une spiritualité liée à la grande nature.

Sur le lien manifeste de Jaurès avec une exploration spirituelle de l'intériorité, on lira cet extrait sur le site Eveil et philosophie.

C’est ainsi que Jean-Jacques a été réformateur, révolutionnaire malgré lui, et que sa pensée a eu toute sa puissance. En effet, il n’apportait pas au monde les combinaisons arbitraires d’un cerveau inquiet, mais des conclusions natu­relles, pleines de vie intérieure, très riches, interprétées par un esprit puissant. Lorsque les esprits entraient dans ses doctrines, qu’ils étaient entraînés par lui, au moment où ils pouvaient hésiter, résister, ils sentaient tout à coup que ses doctrines avaient pour arrière-fond la nature immense, joyeuse et libre. Le point de départ des idées sociales de Rousseau était l’amour du monde natu­rel ; il arrivait à une source délicieuse, cachée sous bois. En communiquant aux hommes ses joies, il communiquait sa doctrine. Il semblait qu’on ne pût revenir à la nature que par ses études. Danton disait dans sa prison, après les agitations furieuses de sa vie révolutionnaire : « Que je voudrais voir des arbres ! ». Il y a là une contradiction bizarre que les épris des œuvres de Jean-Jacques n’avaient pas à redouter. Partout dans la doctrine du maître, circule la sève, pénètrent les senteurs des grands bois. Et les hommes qui retrouvaient à la fois la nature et la liberté, s’éprenaient pour l’âme que leur donnait cette révélation, de cette sorte d’adoration qui fut, dans la société vieillie, une gran­de force de transformation.
Ce texte est à rapprocher de cet extrait de la thèse de Jean Jaurès, De la réalité du monde sensible :
« La pensée, d’un mouvement naturel et en dehors même de toute règle et de toute méthode, s’élève, par degrés, des objets les plus particuliers aux conceptions les plus générales. Il y a d’un degré à l’autre une certaine continuité logique, parce que les idées superposées s’enveloppent partielle­ment les unes les autres, et que l’esprit retrouve, dans les conceptions plus générales, quelques-uns des éléments compris dans les idées moins générales, ou les objets particuliers. Mais, au point de vue purement logique, ce mouvement de l’esprit n’est en quelque sorte qu’un appauvrissement continu, puisqu'il laisse en chemin toutes les déterminations, et qu’arrivé au bout, il n’a retenu qu’une idée, la plus générale, mais aussi, au point de vue logique, la plus vide de toutes, l’idée d’être. Comment se fait-il donc que dans ce mouvement de contemplation l’esprit sente en lui-même, non pas une détresse croissante, mais, au contraire, un enrichissement de joie et d’orgueil ? Comment se fait-il que Platon, ayant longuement familiarisé son âme avec les objets bons et beaux, s’élève, avec un enthousiasme grandissant, jusqu’à cette idée de l’être, qui lui apparaît si belle et si pleine, qu’on se demande si ce n’est pas en elle que l’idée du bon resplendit le mieux ? Cet ignorant de Jean-Jacques s’abandon­nait lui aussi, dans les champs et sous les bois, à l’essor spontané de la pensée platonicienne ; il avait fait de l’histoire naturelle tout le jour, il avait ramassé des échantillons minéraux, classé des plantes, étudié des insectes, et peu à peu, le soir venu, il méditait sur tous les rapports qui enchaînaient tous ces êtres, puis tous les êtres ; et sa pensée s’élargissait bien au-delà des vastes horizons du soir jusqu’à l’idée de l’être universel, en qui elle résumait et agrandissait tout ensemble les joies éparses de sa journée. Comment cela est-il possible ? Comment la pensée, en paraissant se dépouiller, s’enrichit-elle en effet ? C’est que l’idée d’être n’est pas un élément juxtaposé aux choses qu’on en isole par dissection ou analyse ; elle est au fond des choses, ou, plutôt, elle en est le fond. Ni l’âme, ni l’esprit, ni les sens, ne peuvent rien toucher sans toucher à elle. En savourant les parfums, les clartés, les formes, les joies intimes, nous nous imprégnons d’être par toutes nos puissances de connaître et de sentir. Il y a, de l’être à ses manifestations changeantes, une merveilleuse réciprocité de service. Si nous ne sentions pas l’être, au fond même des choses les plus subtiles et les plus fuyantes, notre âme se dissoudrait dans la vanité et l’inco­hérence de ses joies. Il y a, jusque dans la subtilité du rayon qui se joue, quelque chose de résistant, et si les couleurs et les sons peuvent se compléter dans notre âme par d’étranges et mystérieuses harmonies, c’est que les sons et les couleurs mêlent, dans les profondeurs de l’être, leurs plus secrètes vibrations. Mais, pendant que d’un côté l’être donne ainsi, à toutes les manifestations sensibles, ce commencement d’unité qui est nécessaire aux choses les plus libres, et cette solidité qui est nécessaire aux plus exquises, les manifestations sensibles, à leur tour, communiquent à l’être un ébranlement mystérieux qui leur survit. Rien de précis ne subsiste dans mon âme des belles formes que j’ai admirées, des parfums que j’ai respirés, des splendeurs dont je me suis enivré ; et pourtant, lorsque mon âme, toute vibrante de ces émotions disparues, s’élève jusqu’à l’idée de l’être universel, elle y porte, elle y répand à son insu les frissons multiples qui l’ont traversée ; voilà comment l’idée de l’être n’est point vaine : c’est que, s’étant répandue en toutes choses, dans les souffles, dans les rayons, dans les parfums, dans les formes, dans les admirations et les naïvetés du cœur, elle a gardé quelque chose de toute chose ; ses profondeurs vagues sont traversées de souffles que l’oreille n’entend pas, de clartés que l’œil ne voit pas, d’élans et de rêves que l’âme ne démêle pas. Toutes les forces du monde et de l’âme sont ainsi dans l’être, mais obscurément et n’ayant plus d’autre forme que celle qui est marquée, pour ainsi dire, par leur plus secrète palpitation. Quand la mer a débordé doucement sur une plage odorante, elle ramène et emporte, non pas les herbes et les fleurs, mais les parfums, et elle roule ces parfums subtils dans son étendue immense. Ainsi fait l’être qui recueille, dans sa plénitude mouvante et vague, toutes les richesses choisies du monde et de l’âme. Dirons-nous donc, maintenant, qu’il est une abstraction et non pas une réalité ? » (De la réalité du monde sensible, chapitre VI)
Bilan provisoire :


Cette tradition minoritaire qui visiblement s'enracine en France dans les écrits de Jean Jacques Rousseau passe aussi par un Pierre Leroux dont Jaurès a été un lecteur attentif.

Nicolas Weill écrit en critiquant un livre de Vincent Peillon sur Pierre Leroux et le socialisme républicain qu'il y a là de grands intérêts pour la gauche souvent antireligieuse et prompte à s'en prendre aux minorités spirituelles (cf. le rôle du PS dans la constitution de la Miviludes dont l'action à l'égard des minorités spirituelles toujours jugées d'ors et déjà sectaires par elle a été contestée y compris devant la justice et ici)  :
En revanche, il est une actualité de Leroux particulièrement forte en ces temps de laïcité militante. Celle d'un moderne paradoxal qui s'efforce de réconcilier le socialisme républicain avec l'idée religieuse. Si, pour lui, la religion est avant tout "religion de l'humanité", l'ambition du socialisme républicain n'en reste pas moins d'accomplir ici bas le programme que le christianisme a failli à réaliser. Cette vision, quoique séculière, n'en aboutit pas moins à une véritable théologie laïque. En cela, suggère M. Peillon, auteur chez Grasset d'un Jean Jaurès et la religion du socialisme (2000), elle pourrait porter les prémices d'une laïcité plus conciliante et plus respectueuse du pluralisme.
Affleure donc ici une tradition française liant spiritualité et politique qui a été et reste largement minorée. En fait Jaurès n'a pu face au déferlement matérialiste marxiste expliciter clairement ses liens de sa pensée politique avec la spiritualité. Les lecteurs de Jaurès qu'ils soient de droite (cf. la reprise de certaines idées par les discoureurs de Sarkozy) ou de gauche (cf. Vincent Peillon) voient bien quelque chose de non matérialiste et de plutôt spiritualiste dans le républicanisme socialiste de Jaurès mais ils ne voient jamais clairement de quoi il est question faute de bien incarner comme Jaurès lui en était capable l'expérience de générosité liée à cette immensité intérieure (qu'un lecteur averti comme un Jean Michel Le Lannou sait le faire).

samedi 22 octobre 2011

A PARTIR DE LA PREMIERE PERSONNE DE DESCARTES, MALEBRANCHE ET VOLTAIRE NOUS DISENT QUE NOUS VOYONS TOUT EN DIEU.

Descartes écrit dans Les réponses aux cinquièmes objections, p. 810, édition Alquié :

"[...] ce n'est point l’œil qui se voit lui-même ni le miroir, mais bien l'esprit, lequel seul connaît et le miroir, et l’œil, et soi-même."
A partir de là il semble que le processus de vision par l'esprit est mieux exprimé par la vision en première personne que par le schéma d'une vision transmise à l'esprit par le biais de la glande pinéale.


L'esprit chez Descartes reste encore individuel, c'est par l'idée d'infini que nous touchons une existence infinie au-delà de notre esprit et qui l'englobe.
 

Malebranche, un disciple de Descartes redit ceci dans De la recherche de la vérité, Livre III, IIe partie, chapitre VI :
" La preuve de l'existence de Dieu la plus belle, la plus relevée, la plus solide et la première, c'est l'idée que nous avons de l'infini."
Cette preuve dans De la recherche de la vérité, Livre III, IIe partie, chapitre VI est connectée au fait que selon lui :
"[...] nous voyons en Dieu les choses matérielles et sensibles".
 Dans sa Préface à De la recherche de la vérité, il disait déjà dans cette perspective :
"L'attention n'est que le retour et la conversion de l'esprit vers Dieu, qui est notre seul maître et qui seul nous instruit de toute vérité."

Voltaire commentant la tentative de Malebranche d'expliquer comment on voit tout en Dieu écrit dans ses Derniers écrits sur Dieu, GF, p.314 :
"La matière de l'univers appartient donc à Dieu tout autant que les idées, et les idées tout autant que la matière.
Dire que quelque chose est hors de lui, ce serait dire qu'il y a quelque chose hors de l'infini.
Dieu étant le principe universel de toutes les choses, toutes existent donc en lui et par lui."

mardi 18 octobre 2011

MENTAL, EDUCATION ET SPIRITUALITE.

Nous sommes prisonniers de conceptions de l'échec scolaire et de la réussite scolaire parce que nous avons en tête l'idée d'un cursus idéal qui mène un élève méritant aux plus hautes fonctions sociales qui seraient plutôt d'ordre intellectuel.

Ce n'est pas une contre-culture anti-profs qui pourra donner la solution. L'ignorance doit être surmontée et sous quelques formes que ce soient il faut valoriser la fonction professorale qui consiste à guider vers le savoir et plus encore vers la capacité d'apprendre par soi-même. L'éducation est un droit et dans une certaine mesure un devoir. Une vie humaine sans mise en question vaut-elle d'être vécue ?

Toutefois dans quelle mesure faut-il contraindre les élèves à apprendre ? Peut-on vraiment guider quelqu'un vers le savoir en l'y contraignant ? De quelle nature pourrait être cette contrainte pour ne pas aboutir à éteindre le désir de connaître et d'explorer ?

mercredi 12 octobre 2011

VIOLENCE ÉDUCATIVE ET EVOLUTION : VERS UNE EDUCATION AU-DELÀ DE LA FESSÉE ET AUTRES CHÂTIMENTS.

               Cliquez sur l'image pour la voir en détail.

Regardons un peu en arrière à quel point la violence est présente dans l'histoire de l'humanité. Nous commençons tout juste à envisager un horizon social et politique où nous pourrions nous en défaire, où nous devons nous en défaire si nous voulons que l'homme poursuive son évolution consciente de la conscience. En effet nous devons nous en défaire car les moyens de destructions sont devenus massifs et si nous laissons libre à cours à la violence ils seront fatalement utilisés.


Autre urgence de lutter contre la violence et de la déraciner là où elle s'inculque dès l'enfance : l'intolérance... Que l'on prête attention au fait qu'en imposant des règles et des croyances aux enfants en s'appuyant sur la violence, on interdit tout sens critique.

En tant que professeur de philosophie au lycée, je constate que tous les communautarismes (musulmans, évangéliques, front national, etc. c'est-à-dire les niveaux 1 à 4 de la spirale évolutive des valeurs), qui enferment les lycéens dans un monde intérieur étriqué, se sont bâtis d'une façon ou l'autre en se fondant sur la violence éducative familiale. Ces lycéens qui se refusent au sens critique justifient toujours la violence éducative contre les enfants qu'ils ont pourtant eux-mêmes subies. Ils sont tellement construits sur la peur qu'ils n'oseront pas mettre en cause l'éducation qu'ils ont reçue et pour exister ils sont prêts à imposer leur modèle et se désintéressent souvent du discours du professeur qui pourrait l'interroger.  
Interdire la violence éducative et surtout apprendre aux parents à dépasser l'usage de la violence contre les enfants sous n'importe quelle forme est surement en rapport avec la lutte contre la remontée politique et sociale des dogmatismes communautaristes (musulmans, évangéliques, front national, etc. c'est-à-dire les niveaux 1 à 4 de la spirale évolutive des valeurs) intolérants. 


Éduquer sans violence, sans dressage oblige forcément à faire grandir la conscience de l'enfant. Il s'agit alors quand nous devons le corriger dans sa conduite de défendre sa propre autorité intérieure contre les influences inauthentiques du monde, contre la confusion des aspirations authentiques de l'âme avec le monde des désirs de l'ego. Éduquer sans violence ne paraît donc possible que si soi-même éducateur parvenons à briser en nous toute forteresse mentale ainsi que toute soumission inconsciente à des forces de conscience bestiales pour vraiment et sincèrement servir la maturation de notre âme, le principe absolu de notre individualisation.


Voici quelques documents qui donnent à réfléchir :

Ces fessées qui rendent les enfants agressifs.

Les fessées données fréquemment rendraient les enfants plus  agressifs dès l'âge de 5 ans. Le "coin" est recommandé par les  spécialistes.
                                                                                                   Photononstop/AFP

Les fessées données fréquemment rendraient les enfants plus agressifs dès l'âge de 5 ans. Le "coin" est recommandé par les spécialistes.
Selon une étude américaine, les enfants recevant fréquemment la fessée auraient tendance à devenir agressifs en grandissant.
Les enfants qui reçoivent fréquemment une fessée à trois ans ont toutes les chances de devenir plus agressifs dès l'âge de cinq ans, affirme une étude américaine publiée lundi 12 avril 2010 dans le journal Pediatrics.
L'étude de l'Université Tulane a été réalisée auprès de 2500 mères. Près de la moitié (45,6%) affirmaient ne pas avoir corrigé leur enfant d'une fessée au cours du mois précédent, 27,9% l'avaient fait une ou deux fois et plus d'un quart, 26,5%, l'avaient fait plus de deux fois.
Par rapport aux enfants qui n'étaient pas frappés, ceux qui subissaient régulièrement un tel châtiment ont montré des signes agressifs dans leur comportement à l'âge de cinq ans, faisant preuve "d'insolence, de cris, de cruauté, de méchanceté vis-à-vis des autres".
Certains se battent, exercent des menaces, voire détruisent des choses, a affirmé Catherine Taylor, chercheur en santé publique à l'Université de Tulane (Louisiane, sud).
Malgré les recommandations de l'Académie américaine de pédiatrie contre la fessée, la plupart des parents aux Etats-Unis approuvent ou ont utilisé le châtiment corporel comme un outil de discipline. "L'étude suggère que même des formes mineures de châtiment corporel accroissent les risques d'un comportement agressif de l'enfant", ajoute l'enquête.
"Il y a des façons de discipliner les enfants de manière efficace sans avoir à les frapper et cela peut même réduire leurs chances d'être agressifs plus tard", explique Catherine Taylor."Les parents n'ont pas à avoir recours à la fessée pour obtenir ce qu'ils veulent. S'ils évitent la fessée mais utilisent des moyens non physiques, leur enfant aura de meilleures chances de bien se comporter plus tard", ajoute-t-elle.
L'American Academy of Pediatrics recommande le "coin" comme punition, un procédé qui donne à l'enfant le temps de réfléchir à son comportement et aux conséquences de ses actes.


Voici en complément une lettre de Olivier Maurel adressée à Claude Halmos dont l'ironie mordante dit bien les limites d'une pratique de la violence contre les enfants :


Madame,

Je suis un peu étonné de voir une grande spécialiste de l'enfance,  de la famille et de la relation telle que vous, faire l'apologie de la fessée.
Si je vous ai bien comprise, il ressort en effet de votre interview que la fessée est le meilleur moyen :
- de "montrer qu'on a des limites" et de "mettre des barrières" à 
l'enfant ;
- de faire appréhender à l'enfant ce qu'est un autre être humain ;
- de montrer que l'on doit respecter l'être humain ;
- de le "tirer du côté de l'humain" ; 
- de favoriser la construction de l'enfant. 

J'avoue que je n'aurais pas pensé que donner des coups à un être beaucoup plus faible que soi et lui enseigner que le principe le plus basique de la morale : "Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux  pas qu'on te fasse" est une baliverne, pouvait avoir tant de résultats positifs pour "l'être humain" !
J'aurais plutôt cru que déculotter un enfant et le frapper sur les fesses revenait à franchir les limites de son intimité et risquait de lui faire perdre sa capacité naturelle de réaction contre quiconque toucherait cette partie de son corps dans un autre but que celui de  le "tirer du côté de l'humain" ! Mais je dois me tromper.
J'aurais plutôt cru que pour apprendre à un enfant ce qu'est un autre être humain, il fallait se conduire avec lui avec affection et respect et qu'il existe d'autres moyens d'être ferme que de cogner  sur ses fesses. Mais je dois me tromper.
J'aurais plutôt cru que le rôle d'une spécialiste de la relation est d'aider les parents à trouver d'autres moyens que les torgnoles (parce que quand les fessées sont recommandées, pourquoi pas les torgnoles ?) pour éduquer leurs enfants. Là encore, je dois me tromper.
J'aurais plutôt cru que pour apprendre aux enfants à "respecter l'être humain", il fallait commencer par les respecter eux-mêmes. Nouvelle erreur !
J'aurais plutôt cru que pour "favoriser la construction de l'enfant", il y avait mieux que cogner sur lui. Quelle naïveté !
J'aurais plutôt cru que dans un pays où beaucoup d'enfants meurent encore de maltraitance, il valait mieux éviter d'encourager les parents à recourir à la violence. Autre naïveté !
J'aurais plutôt cru que dans un monde où, dans beaucoup de pays, le moyen d'éducation normal est encore la bastonnade, et où la plupart des parents trouvent, comme vous le pensez vous-même, que frapper un enfant est un moyen indispensable pour l'éduquer, il valait mieux soutenir les efforts du Comité des droits de l'enfant, de toutes les institutions internationales et du Conseil de l'Europe pour interdire cette méthode d'éducation que vous jugez si humanisante. Mais c'est sûrement vous qui, avec votre savoir psychanalytique, avez raison !
Et comme je trouve que mon épouse franchit parfois certaines limites et ne respecte pas toujours suffisamment "l'être humain" que je suis, je pense que je vais me convertir à l'excellent moyen d'éducation que vous préconisez. Quand tous les maris et les conjoints auront, comme moi, adopté cette méthode, je pense que nous aurons grandement contribué à tirer les femmes "du côté de l'humain".

Merci, chère Madame, pour vos excellents conseils.

Olivier Maurel
Porte-parole de l'Observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO)



Site : http://www.oveo.org/
Enfin pour aller plus loin, lisons Satprem dans la Genèse du Surhomme. Il va largement au-delà du problème de la violence éducative en nous fixant un idéal positif :

«Aussi bien, l’apprenti surhomme pourra-t-il commencer sa bataille très tôt, non seulement en lui-même mais dans ses enfants, et non seulement à la naissance de l’enfant mais dès sa conception. [...]
L’enfant de cette Cité naîtra avec une flamme, il naîtra consciemment, volontairement, sans avoir à défaire des millénaires d’animalité ou des abîmes de préjugés ; on ne lui dira pas à chaque instant qu’il doit gagner sa vie, parce que personne ne gagnera sa vie dans la Cité de l’Avenir, personne n’aura d’argent : on la vivra au service de la Vérité, chacun selon ses capacités et son art, et on n’y gagnera que de la joie ; on ne lui répétera pas sur tous les tons qu’il faut ou ne faut pas : on lui montrera seulement la tristesse instantanée de ne pas écouter la petite note juste ; on ne le harcèlera pas avec l’idée du métier à découvrir, de la réussite à faire, de la victoire sur autrui, du premier de classe et du dernier de classe, parce que personne ne réussit ni n’échoue dans la Cité de l’Avenir, personne ne fait un métier, personne ne triomphe des autres : on fait le seul métier d’une petite note claire qui éclaircit tout, fait tout pour nous, dirige tout pour nous, réunit tout dans son harmonie tranquille, et réussit la seule réussite d’être en accord avec soi-même et avec tout ; on ne lui apprendra pas à dépendre d’un maître, dépendre d’un livre, dépendre d’une machine, mais à se fier à cette petite flamme dedans, cette petite coulée joyeuse qui guide les pas, amène la découverte, fait trébucher par hasard sur l’expérience et vous livre la connaissance comme en se jouant, et il apprendra à cultiver les pouvoirs de son corps comme d’autres aujourd’hui cultivent le pouvoir des boutons de machine ; on n’enfermera pas ses facultés dans un moule de vision et de compréhension tout fait : on encouragera sa vision qui n’est pas des yeux, sa compréhension qui n’est pas des livres, ses rêves des autres mondes qui préparent celui de demain, ses communications directes et ses intuitions immédiates, ses sens subtils ; et si l’on se sert encore de machines dans la Cité de l’Avenir, on lui dira que ce sont des béquilles provisoires en attendant de trouver dans notre propre cœur la source du Pouvoir pur qui transmuera un jour cette matière comme nous transmuons la feuille blanche, d’un coup de crayon, en une jolie prairie. On lui apprendra le Regard, le vrai regard qui peut, le regard qui crée, le regard qui change tout - on lui apprendra à pouvoir par lui-même et à croire en son propre pouvoir de vérité, et que plus on est pur et clair, en harmonie avec la Loi, plus la matière obéit à la Vérité. Et au lieu d’entrer dans une prison, l’enfant entrera dans un monde ouvert où tout est possible -et où tout est effectivement possible, car il n’est d’impossibilité que celle que nous croyons. Et finalement, l’enfant grandira dans une atmosphère d’unité naturelle où il n’y aura pas de "toi", "moi", il "tien", "mien", où on ne lui aura pas appris à chaque instant à mettre des écrans et des barrières mentales, mais à être consciemment ce qu’il est inconsciemment depuis toujours : à se prolonger dans tout ce qui est, dans tout ce qui vit, à sentir dans tout ce qui sent, comprendre par une même respiration profonde, par un silence qui porte tout, à reconnaître partout la même petite flamme, à aimer partout la même petite coulée claire, et à être moi partout sous un millier de visages et dans un millier de musiques qui sont une seule musique. »

mardi 11 octobre 2011

IDEAL SOCIAL ET SPIRITUALITE.

Pierre Leroux distingue l'idéalisme qui s'enracine dans l'idée et l'idéalisme qui s'enracine dans l'idéal. Le premier idéalisme ignore le réel et le foule au pied au nom de ce qui devrait être. Le second est une espérance qui appartient au réel. Qu'on y réfléchisse bien : le réel peut-il comporter de la fascination pour le drame ? Le cynisme n'est-il pas fondé sur un idéalisme irréaliste déçu ?


Peut-on esquisser quelque chose d'un idéalisme qui soit l'espérance même du réel ?

1 - Nous pouvons espérer une société qui concilie solidarité collective et liberté de création individuelle voire collective. Nous aurions là une synthèse entre le meilleur de la gauche et le meilleur de la droite.

Exemples de Projets :
- Revenu citoyen d'Existence fondant la solidarité dans sa dimension économique ;
- Libéralisation des salaires et du temps de travail, le contrat entre employé et employeur étant fondé sur une égalité grâce à la garantie collective d'une existence matérielle digne non conditionnée ; 
- Minimalisation de l'appareil d'administration ;
- Développement de services matériels (transports, énergie, etc.) concurrentiels (pour éviter les monopoles)  et participatifs (le but n'étant plus le gain mais le seul service) ;
- Etc.

Certains de ces projets relèvent de l'égalité. L'égalité spirituellement est fondée sur l'idée que chaque être humain est l'individualisation du champ de conscience de l'UN.
Malgré l'évidence de l'inégalité de la réalisation spirituelle des êtres humains, en chacun d'eux se joue l'humanisation (cf Leroux) et par delà l'individualisation du champ de conscience en évolution. Prendre conscience de l'égalité en son sens spirituel revient à servir et respecter matériellement, psychologiquement et spirituellement l'individualisation du divin.
Ces projets croisent ou relèvent aussi ceux des projets qui sont une mise en œuvre de la liberté. L'individualisation du divin requiert aussi de la liberté. Sans liberté, l'égalité devient uniformisation.

La fraternité matériellement se concrétise comme solidarité. Spirituellement  elle se concrétise comme sens de l'harmonie des individualisations.


2  - A partir de là, nous pouvons espérer une société qui enfin relativise l'Avoir à l'Être. Il ne s'agirait pas de nier l'Avoir mais d'en faire l'instrument de l'Être.

Exemples de Projets :
- Coût des soins sur la santé et non sur la maladie ;
- Coût d'un produit sur sa fonctionnalité, sa réadaptabilité et sa durabilité à l'encontre du consumérisme, de l'obsolescence programmée et du gadget ;
- Gratuité à viser en priorité de toutes les formes d'apprentissage, y compris et surtout concernant le développement personnel,  relationnel et spirituel...

3 - Développer une politique de rencontres (festives de temps en temps) de tous les citoyens. Un défilé, un feu d'artifice ne sont que des spectacles qui ne développent pas la fraternité... Ce qui peut développer la fraternité est le partage de sa vraie nature.

jeudi 22 septembre 2011

NON DUALITE ET EVOLUTION.


De quelle nature est la relativisation de la morale et plus généralement de la pensée rationnelle en vue d'agir  produite par la réalisation non duelle ?

Si tout est cela, comment pourrait-on juger que telle chose est moins cela que le reste ? Dès lors comment pourrait-on tenir pour vraie absolument que telle chose est mal et ne devrait plus exister ? Tout ce qui est étant l'expression de cela, puisque ce fait criminel est, il doit être accepté.

Toutefois si j'assiste à un crime et que je passe indifférent mon chemin en acceptant que ceci existe, du point de vue moral ne suis-je pas coupable de non assistance à personne en danger ?

La non-dualité est l'acceptation de ce qui est ici et maintenant sans passer par aucune réflexion. Ce qui surgit dans l'espace de conscience y est accueilli directement sans jugement aucun. Avant même que nous y pensions ce qui est vu est vu sans jugement.
Mais ce donné immédiat non duelle n'empêche pas une réflexion d'apparaître en vue d'une action par rapport à la situation acceptée et voulue du point de vue non duelle.
On peut aisément constater que l'expérience non duelle du point de vue de la réflexion qui s'y génère pour agir ne semble pas toujours semblable. La conscience de Cela ne semble plus dès lors engendrer le même type d'action. La non dualité du Bushido est-elle compatible avec la non-dualité de la mystique Rhénane ? La non dualité versus Guénon est-elle du point de vue politique la non dualité versus Sri Aurobindo ? Et au fond la non dualité du tyrannosaure est-elle en terme d'action de la même nature que celle des hominidés ? 

Certains diront que parmi ces expériences de non dualité certaines sont authentiques tandis que d'autres ne le sont pas. Quant à nous, il nous semble premièrement que CELA n'exclut aucune possibilité d'être et d'action. Et deuxièmement CELA dirigeant l'action d'un sujet l'ayant réalisé, CELA est toujours pleinement conscient de lui mais dès lors qu'il prend conscience de lui par le biais d'un sujet , il y a une vision de CELA par CELA par un certain filtre. 

Acceptant cette finitude radicale au cœur de notre réalisation de CELA nous apprendrons à faire preuve d'une certaine humilité sur la profondeur de notre vision de CELA filtrée qu'elle est par notre mentalité humaine. Et nous avons l'idée spécifiquement humaine d'un déchirement des limites de notre finitude au cœur même de notre réalisation de CELA : certains d'entre nous portent à la fois le sens de l'humilité quant à la réalisation non duelle et l'ambition d'œuvrer à rendre notre vision de CELA de moins en moins filtrée par notre finitude. Et héritant de plusieurs directions afin de dépasser ce filtre, nous prenons conscience qu'il pourrait y avoir une évolution de plus en plus consciente de Vision individualisée de CELA.

Nous n'adhérons donc pas à une non dualité qui nie l'évolution. Le tyrannosaure qui comme la plupart des animaux pouvait être l'expression non duelle de CELA ne la niait pas, il l'ignorait. On peut vraiment se demander si celui qui nie l'évolution du point de vue de la non dualité est ignorant ou si en lui malgré la lumière de la non dualité il y a une perversion quelconque.

Au final il n'y a personne à convaincre de quoi que ce soit, il y aura ceux qui franchiront un seuil évolutif en découvrant en eux la dimension de CELA QUI FAIT CONSCIEMMENT LE CHEMIN DE L'EVOLUTION et il y aura ceux qui n'auront pas conscience de cette dimension parce que CELA PAR EUX L'IGNORE.

vendredi 9 septembre 2011

ETRE EVEILLE A L'EVOLUTION DE LA CONSCIENCE N'EST PAS ETRE SATISFAIT !



L'insatisfaction est souvent le moteur qui nous pousse vers l'aventure de la Conscience. 

Première découverte, il y a le perçu et le percevant. Il ne s'agit pas d'une simple posture intérieure qui consiste à mettre son ego en retrait pour le détacher de ce qui se produit dans la conscience. Il s'agit de constater que tout est perçu par le percevant, l'ego y compris. Un pur témoin impersonnel semble alors réalisé. Mais ce n'est qu'un premier pas que le retour à ce Témoin. Il reste une dualité entre le Témoin et ce qui apparaît devant lui. Il n'y a pas encore d'unité de cette dualité. Une insatisfaction demeure en place dans le creux de ce dont le Témoin est témoin. A moins que l'ego magnifié par cette existence du Témoin ne fasse preuve de complaisance envers lui-même et ne se réfugie dès qu'il est pris en flagrant délit dans la tanière du Témoin pour éviter la souffrance. 

Les spiritualités de la non-dualité traditionnelles les plus élaborées estiment que quand Cela est réalisé alors la vide et la forme s'embrassent dans l'unité joyeuse que Cela EST. Cela se révèle alors amour inconditionnel et non préférentiel : l'égocentrisme est dès lors aboli . L'insatisfaction quand Cela est réalisé disparaîtrait : une plénitude grandirait du fait de la dissolution immanquable de l'ego qui suit la disparition de son principe fondamental d'existence qu'est l'égocentrisme.

L'aventure de la Conscience proposée par la non-dualité traditionnelle me semble insatisfaisante. Le vide et la forme s'embrassent-ils seulement dans l'Être de Cela ? L'auto-satisfaction de la source de ce qui Est est-elle la réalisation la plus profonde de Cela ?

Socrate décrit Eros comme l'enfant de la pauvreté (Penia)et de la richesse (Poros). En termes spirituels, afin d'éviter les confusions, on devrait dire que Eros est l'enfant paradoxal du besoin d'Être et de la plénitude d'Être. Le daimon érotique de Socrate, le génie de son âme en quelque sorte, si il correspond non à une projection illusoire mais à une dimension profonde de Cela, présente une option à l'insatisfaction du chercheur spirituel qui s'ignore et à la satisfaction inhérente à une forme de réalisation spirituelle.

Le platonicien envisage que la pleine satisfaction sera recouverte quand ce démon intérieur qu'est l'amour du beau aura trouvé la beauté transcendante source de l'Être et de la Conscience (l'intelligence ?). L'aventure de la Conscience auquel pousse ce démon intérieur qu'est l'amour du beau s'achèverait alors réalisant que la source transcendante engendrerait l'âme.
Le stoïcien est aussi un disciple de Socrate et il n'aura pas la même vision de ce démon qui nous pousse vers la beauté et la connaissance de soi : un stoïcien est plus sensible à l'harmonie du tout et à  sa découverte en nous. Notre âme serait l'individualisation du tout. Plus précisément si on suit le stoïcien, le tout engendre une partie au travers de laquelle le tout peut prendre conscience de soi.


A vrai dire, le démon de Socrate ne se caractérise pas tant par la découverte d'une beauté transcendante ou d'une harmonie cosmique qu'à la découverte de notre véritable âme. Il œuvre à ce que chacun devienne davantage ce qu'il est, à ce qu'il accouche de sa véritable et authentique dynamique dans l'aventure de la Conscience. La pluralité d'options spirituelles et philosophiques qu'ont développées ses disciples n'en est-elle pas la preuve ?

Cette interprétation de l'aventure de la conscience socratique est celle que Sri Aurobindo nous suggère dans la Vie Divine, livre IV. 
Ce paradoxe de plénitude et de besoin d'Être peut nous habiter au cœur même du mouvement immobile où vide et formes s'embrassent. Ce paradoxe érotique tranche avec toute forme de complaisance de notre petit ego "spirituel" qui demeure. 
L'amour du beau que cet Eros incarne n'est peut-être pas seulement le retour à la source transcendante de ce qui Est ou la réalisation de son harmonie cosmique,  mais il est aussi l'appel amoureux d'une individualisation de la Conscience à plus de beauté au cœur même de la manifestation de la Conscience. C'est comme si la transcendance elle-même s'ancrait individualisée dans sa manifestation pour y faire grandir le besoin de s'y manifester en tout point. Ce besoin d'Être est comme le besoin de Cela de se délecter de son amour et de sa joie en tout point de sa manifestation sans un espace délaissé. 
Ce besoin d'Être est le besoin de Beauté, d'harmonie et de diversification individualisée de Cela s'intensifiant à l'infini. C'est la soif d'évoluer propre à l'auto-création de Cela qui n'a rien de linéaire puisque ces dimensions se recoupent, se rejettent, se surmontent, s'intègrent sans cesse dans de nouvelles formes, de nouvelles harmonies, de nouvelles originalités et des éclats inédits de la transcendance. 
Ce  besoin d'Être n'est-il pas ce que Sri Aurobindo appelle l'être psychique ?

jeudi 8 septembre 2011

QUELQUES A PRIORI A DEPASSER SUR L'EVOLUTION.


CAPSULE HISTOIRE : L'EXPANSION DU CERVEAU DES HOMINIDES.

Il semble que l’expansion du cerveau des hominidés a réellement commencé avec le genre Homo. En effet, le cerveau des australopithèques, avec un volume d’environ 400 cc, n’est pas plus gros que celui des grands singes. Entre il y a 2 millions et 700 000 ans, la taille du cerveau de Homo erectus a doublé.

L’autre grande augmentation de volume cérébral survint entre il y a 500 000 et 100 000 ans chez Homo sapiens pour produire les 1 350 cc que contient notre crâne. En moins de 4 millions d’années, un temps relativement court à l’échelle de l’évolution, le cerveau des hominidés va donc tripler du volume qu’il avait acquis en 60 millions d’années d’évolution des primates.
1 Chimpanzé 2 A. africanus 3 H. habilis 4 KNM-ER 1470 5 Homme de Java 6 Homme de Pékin 7 H. saldensis 8 H. saldensis 9 « Broken Hill » 10 Homme de Néanderthal 11 H. sapiens sapiens


Plusieurs hypothèses pouvant avoir agi de concert ont été émises pour expliquer l’origine de cette expansion cérébrale spectaculaire : la fabrication d’outils (car elle nécessite précision motrice, mémoire et planification); la chasse (suivre et prédire le parcours du gibier est facilité par la mémoire fournie par un gros cerveau); les règles sociales complexes (un plus gros cerveau aide à assimiler des conduites sociales complexes); le langage (plusieurs pensent qu’il s’agit d’une adaptation survenue très tôt chez les hominidés).

En ce qui concerne le langage, l’aire de Broca apparaît dans les endocastes d’australopithèques. Celle de Wernicke un peu plus tard chez Homo habilis. Mais le problème est que l’expansion cérébrale est venue après, avec Homo erectus. Même chose d’ailleurs pour les autres hypothèses : les premiers outils, les premières chasses et les premières sociétés organisées semblent toutes avoir précédées l’expansion du cortex cérébral humain.

D’autres ont souligné l’importance probable de l’avènement de la station debout dans l’expansion corticale. La bipédie a en effet entraîné la libération de la main, la descente du larynx, mais aussi le raccourcissement du bassin de la femme dont le canal pelvien devint alors trop étroit par rapport au volume du cerveau du nouveau-né. Ceci entraîna le déclenchement prématuré de l’accouchement du bébé humain avant la maturité complète de son cerveau. C’est à ce cerveau immature à la naissance que l’homme doit son exceptionnelle capacité d’apprentissage.

L’expansion du cerveau humain à partir de nos ancêtres primates est donc un fait avéré mais ce qui l’a provoqué est encore sujet à débat.


LE CERVEAU HUMAIN S'EST RECROQUEVILLE.
 
A découvrir grâce à des images exclusives: l’exploration virtuelle du crâne des hommes préhistoriques, tel Cro-Magnon, montre que le cerveau humain s’est recroquevillé au cours des 30.000 dernières années!
C’est une étude qui nous dégonfle la tête! Le cerveau des hommes actuels est plus petit que celui des hommes préhistoriques, tel le célèbre Cro-Magnon, âgé de 28.000 ans. C’est ce que révèle une étude présentée aujourd’hui lors des journées de la société d’anthropologie de Paris. Elle a été menée par Antoine Balzeau, (CNRS/ Muséum national d’histoire naturelle), Dominique Grimaud-Hervé (MNHN) ainsi que Benoît Combès et Sylvain Prima de l’Inria (Institut national de recherche en informatique et automatique).

L’imagerie 3D a fait entrer la paléontologie dans une nouvelle ère lui autorisant des inquisitions toujours plus poussées. Le cerveau de Cro-Magnon a ainsi été scanné, son endocrâne a été imprimé en trois dimensions. Il a ensuite été comparé à celui de 14 autres hommes sapiens fossiles et de 102 hommes actuels. Résultat ? Alors que depuis 4 millions d’années la tendance était à l’accroissement de la cervelle, c’est aujourd’hui l’inverse. Le cerveau des Homo sapiens aurait tendance à se comprimer depuis 30.000 ans, comme le montre ce morphing entre le crâne de Cro-Magnon et celui d’un sapiens ordinaire -comme vous et moi- réalisé en exclusivité par Antoine Balzeau pour Sciences et Avenir:

L’endocrâne s’est raccourci d’avant en arrière,-comme s’il s’était ramassé sur lui-même et légèrement aplati sur le dessus. On observe au final une diminution de 7% de longueur, de 3 à 4% de hauteur et de 4 à 5% de volume. Certains lobes ont rétréci, d’autres se sont allongés. Bref, notre cerveau s’est réorganisé dans un crâne plus petit. Alors, rabougri du bulbe, Homo sapiens ? Pas sûr : ce recroquevillement a certainement favorisé la création de replis et de nouvelles connexions neuronales !

Pour en savoir plus, retrouvez l’article publié dans le magazine Sciences et Avenir daté février 2011 (en kiosque dès aujourd’hui) : « L’homme moderne perd la grosse tête » ou comment le cerveau a triplé de volume, de Lucy à Cro-Magnon, avant de commencer à se recroqueviller. A lire également : La révolution de l’anthropologie virtuelle ; Neandertal/sapiens : une étude montre que leur cerveau était câblé différemment. 

Mon commentaire :
Ces données nous autorisent à penser du point de vue de notre connaissance de la matérialité  :
1. l'homme que nous sommes (homo sapiens sapiens) est un être en cours d'évolution;
2. cette évolution n'est pas simplement un grossissement de nos capacités cérébrales qui nous mènerait vers un super-homme c'est-à-dire au fond le même mais en plus sur tel et tel plan;
3. ce qui est en jeu est d'abord un changement de structuration de la conscience c'est-à-dire non pas plus de capacités mentales mais une autre façon pour la conscience de se percevoir elle-même.

Maintenant intéressons nous à notre intériorité et la perspective évolutive du point de vue de la conscience :

La conscience par sa manifestation mentale  peut se savoir  unique conscience pure où se manifeste les phénomènes et pas seulement conscience personnelle de soi. 

Cette réflexion est un retour de la conscience pure à partir de la représentation des phénomènes sur elle-même en tant que conscience pure sans qu'il y ait vraiment un temps de retour puisque la conscience pure colle à 0cm aux phénomènes. 

Cette réflexion qui nous conduit à réaliser cette conscience pure qui nous manifeste est donc mentale sans l'être puisque le mental en jaillit. 
A vrai dire la couche de conscience mentale reste inconsciente directement de la matérialité des phénomènes même si elle participe à cette conscience directe de leur manifestation dans la conscience pure. Notre prise de conscience de la conscience pure dont nous sommes la manifestation demeure incomplète, insatisfaisante. Nous aspirons à un retour plus vaste de la conscience pure sur elle-même qui nous livrerait davantage les clés de la manifestation des phénomènes dans leur matérialité. La connaissance indirecte mentale de la matérialité nous donne de belles machines, de belles antennes, de brillantes prolongation de nous même qui ne font que souligner nos limites. Notre brillante intelligence mentale de la matérialité des phénomènes ne produit que du plus homme, davantage d'extension de nos capacités mentales mais rien d'autre...

jeudi 1 septembre 2011

LA "PENSEE" D'ALAIN SORAL SYMPTOMATIQUE DE L'IMPASSE DES EGOCENTRISMES NATIONALISTES ET/OU INDIVIDUALISTES FACE A LA CRISE EVOLUTIVE.

Des penseurs comme Alain Soral nous propose une synthèse entre la droite et la gauche. Il faut reprendre les valeurs de la droite qui défendent une tradition et les fusionner avec le sens de la justice de gauche. Pour lui l'ennemi commun est le libéralisme économique mondialiste qui défait les traditions pour fabriquer des consommateurs ou des agents serviles et bien sûr consacre une exploitation financière quitte à entraîner la paupérisation d'une grande partie de la population.
L'arme centrale utilisée par les socialistes libéraux fût l'antiracisme dans les années 1980. C'était le moyen de faire accepter à la classe pauvre son élargissement et son déclassement. C'est être raciste de protester contre l'immigré qui en fait travaille toujours dans des conditions inacceptables et au fond participe à la dégradation des conditions de travail. Plus subtil un mouvement de droite et de gauche fait monter un anti-islam, il n'est plus question d'être raciste mais de mettre en jeu une menace culturelle que fait peser cette religion sur nos libertés. Elle permet alors de diviser les pauvres, de lancer les pauvres anti-musulmans contre les pauvres musulmans. 
Alain Soral suggère que toutes ces questions ont été sans cesse instrumentalisées pour éviter une conscience de la lutte des classes qui est en jeu et au fond pour déposséder les peuples de leur pouvoir et de leur identité au profit d'un pouvoir mondialisé qui n'appartient qu'aux plus riches.


Les analyses sont brillantes, dialectiques et elles fleurtent volontiers avec ce qui heurte l'intellectuel bon tain qui rejette d'emblée les thèses du FN comme néofasciste et relativise la lutte des classes voire trouve ce concept désuet.  Vue les tentations politiques des uns et des autres, la "pensée" de Soral est bien un cas représentatif du tournant néo-conservateur que l'essayiste Daniel Lindenberg a essayé de décrire et de dénoncer. Nous pensons que la grille de lecture essentiellement fondée sur la modernité et les Lumières que nous propose Daniel Lindenberg est insuffisante pour critiquer cette tendance dont la "pensée" de Soral est symptomatique. Selon Soral ces intellectuels bourgeois bohêmes (les bobos) droit de l'hommistes n'ont plus aujourd'hui comme option que la seule écologie qui serait selon lui le top du nihilisme politique, autrement dit la démission de l'action politique par excellence.

1 - Cette analyse néglige totalement le fait que la crise en cours par ses dimensions écologiques et culturelles nous oblige à envisager la constitution d'un niveau international de la démocratie.

La crise économique et financière pourrait en effet se résoudre en ramenant la vie économique à des échelles nationales permettant au peuple d'en tirer réellement profit, confort et sécurité. Mais si la crise écologique est un fait alors l'internationalisme est plus que jamais nécessaire et pour ce faire l'Europe politique est un point d'appui nécessaire. Notre thèse est qu'il y a une crise écologique parce que l'homme traverse une crise évolutive comme auparavant les premiers ancêtres de notre lignée qui devinrent les primates suite au Jurassique. Une telle évolution n'a rien de local ou de national, elle met en jeu des équilibres planétaires sur les plans matériels, culturels et spirituels et donc le sens de cette évolution en cours nécessite l'unité humaine pour éventuellement être vécue sereinement c'est-à-dire plus consciemment afin d'éviter les drames qu'engendreront des destructions de formes passées qui font obstacle. Par exemple, toutes nos énergies fondées sur des énergies fossiles y compris les nucléaires ne seront plus valables à moyen terme (certains démontrent preuves à l'appui que le pic du pétrole est derrière nous!!) : politiquement comment agir  sur les groupes internationaux qui préfèrent gérer la pénurie à leur avantage quitte à ignorer que leur propre avenir soit compromis au cours d'une panne globale d'énergie ? A ce propos il faut que nos démocraties recourent de moins en moins à des représentants politiques qui par leur mandat ont les mains libres pour prendre leur part du marché.Il faut repenser nos organisations décisionnelles démocratiques afin que ce soient des délégués qui agissent en notre nom chargés d'un mandat précis et qui soient révocables preuve à l'appui par les citoyens s'ils trahissent ce mandat précis. Le confinement nationaliste est donc plutôt une résistance et une inertie de nos démocraties représentatives qui ne peut engendrer que de la souffrance puisque les faits sont là : nos sociétés sont déjà multiculturelles par leur composition même si cela crée des frictions douloureuses, les évènements planétaires environnementaux à venir sont inévitables et notre organisation décisionnelle elle-même est désuète pour faire face aux défis qui nous attendent. Enfin en ce qui concerne la dimension internationale, avouons que des représentants ou délégués d'une politique nationaliste n'agissent jamais dans la perspective des intérêts universels : inventer une démocratie supranationale implique que les personnes morales nationales agissent comme des citoyens d'une seule et même nation terrestre prêts à accepter les contraintes collectives supranationales qui au fond garantissent une souveraineté nationale qui ne méprisent pas les autres nations.

Mais une nation fondée sur des valeurs universalistes (liberté égalité fraternité) peut intégrer et remettre les valeurs des multiples cultures qui la compose à leur place et dès lors riche de cette expérience intérieure (culturelle et spirituelle) participer activement à l'édification d'une démocratie supranationale. Le mouvement intégral avec les modèles de Ken Wilber, de Steve Mac Intosh ou avec l'idéal de l'unité humaine de Sri Aurobindo est ici pertinent.

Rien d'original dans cet internationalisme défendu déjà par les penseurs racines du mouvement intégral comme certains idéalistes allemands (dont le marxisme fût l'héritier sur cet aspect), Bergson connu pour ses engagement pour la paix entre les nations et bien sûr Sri Aurobindo et Mère qui a fait d'Auroville un des symboles de l'unité humaine à venir tout en liant cette expérience à des instances internationales comme L'UNESCO. Précisons que l'internationalisme pour Sri Aurobindo ne sera une réalité lorsque les peuples agiront à partir de leur âme collective et non plus de leur ego-centrisme. Cette précision qui met ici encore en jeu une spiritualisation de nos cultures permet de comprendre comment une mondialisation n'implique pas la destruction des identités culturelles mais par contre implique de les libérer de leurs tendances égocentriques.

Avoir un peu de profondeur spirituelle et de lucidité sur l'environnement, nous amène à prendre au sérieux ce qui apparaît comme des déséquilibres nous obligeant à revoir notre rapport économique à la nature mais aussi à reconsidérer nos échanges (culturels et économiques) avec les autres peuples. Ainsi un guide spirituel majeur comme le Dalaï Lama est très direct :
Si je devais voter, ce serait pour un parti écologiste. Ce n'est pas un choix politique, c'est une question de survie; c'est pourquoi je considère cette question comme primordiale.
La question de la peur dans une perspective spirituelle ne se posera pas puisque nous ne sommes pas ce corps et que la recherche spirituelle consiste à l'expérimenter. La survie dont il s'agit dans cette citation d'un homme au rayonnement spirituel indiscutable est celle de la manifestation du point de vue d'une liberté ancrée dans la non manifestation par définition immortelle, intemporelle, etc. Susciter la peur pour imposer l'écologie n'est pas du tout un chemin spirituel : ce serait de la politique au sens d'un art de la manipulation et c'est bien ce sens de la politique qui doit être dépassé ou abandonné. Enfin la peur est bien souvent ce qui mène au cynisme et amplifie la dégradation de l'environnement. L'enjeu véritable est donc évolutif et certaines crises évolutives voient en effet la disparition des espèces dominantes : si nous voulons accompagner l'évolution en cours pour ne pas disparaître, nous devons sans doute passer de mentalités ethnocentriques ou anthropocentriques à une mentalité cosmique en symbiose avec la nature et c'est une force de la nature qui oeuvre à travers nos actes inconscients qui nous oblige à évoluer ainsi. Ceci va au-delà du spirituel car cela met en jeu nos mécanismes physiologiques inconscients. La peur nous laisse à un niveau anthropocentrique comme d'ailleurs le désir de montrer qu'il n'y a pas de réelle crise écologique, ces deux attitudes nous empêchent d'adhérer de plus en plus consciemment à une évolution non seulement culturelle mais aussi écosystémique et donc biologique.

2 - La question de l'immigration reste cependant posée car elle produit à l'évidence des tensions sociales. Le mouvement intégral avec Wilber, Don Beck, etc. d'une part ou d'autre part avec Sri Aurobindo apporte une réponse originale qui n'est ni provocatrice, ni très efficace pour avoir des échos sur un plan médiatique mais qui a déjà connu des applications encourageantes. Le problème en jeu n'est pas tant l'immigration et l'intégration culturelle des immigrés mais l'hétérogénéité des niveaux d'évolution des mentalités des groupes sociaux qui composent notre pays et qu'il s'agit d'orienter tous vers plus de conscience afin que tous deviennent  culturellement et spirituellement conscient que participer consciemment à l'évolution est le propre de l'être humain au niveau individuel et collectif. 
A vrai dire la population n'est pas du tout homogène et cette non homogénéité ne coïncide pas du tout avec les origines ethniques des uns et des autres. La modernité centrée sur l'usage de la raison et de notre propre autorité à l'encontre de la religion fondamentaliste n'est pas toujours un acquis garanti dans les populations d'origine immigrée quelle que soit sa réussite économique. Mais ce manque de pénétration de la raison moderne concerne aussi nombre de personnes ayant de nombreuses générations d'ancêtres nationaux. Au-delà de la modernité, le postmodernisme ou le subjectivisme qui nous rend sensible à la vie et donc à notre relation fondamentale à l'environnement ne s'est pas imposé sur tous les plans. Et puis quand ce subjectivisme se constitue la dimension communautaire a encore beaucoup de poids sur les individus et donc quand la modernité pourtant sensible à notre propre autorité et choix personnel s'ouvre à l'individualité, cela reste teinté de réflexes identitaires collectifs. Par exemple concernant le problème du voile islamique, d'une kippa ou d'un crucifix, on a l'attitude prémoderne qui marque une soumission de l'individu à sa communauté et on a des attitudes postmodernes qui marquent la volonté de l'individu d'exister en se réclamant de telle identité communautaire. Faute d'ignorer que le plus important est ce qu'il y a dans la tête et non ce qu'il y a sur elle ou accrochée à elle, l'action politique contemporaine échoue.
Alain Soral dénonce l'individualisme des bourgeois bohêmes qui cherchent à se donner bonne conscience mais il n'échappe pas non plus lui-même  à cette quête d'individualisation identitaire égoïste même si dans son cas elle a une dimension créatrice plus prononcée. Ainsi le subjectivisme individualiste caractéristique du spectateur-artiste et le subjectivisme nationaliste d'Alain Soral sont les deux faces de l'impasse égocentrique qu'elle soit à une échelle individuelle ou collective. Il y a là deux négations subtiles de l'âme, âme dont la vocation est l'évolution et la communion.
La réponse à cette crise est donc d'assumer d'urgence le passage vers un subjectivisme spiritualiste qui saura donner à ceux qui en ont besoin la raison qui libère de l'obscurantisme traditionnaliste qui reproduit des croyances sans saveur. Subjectivisme spiritualiste qui saura aussi dépasser la sécheresse un peu vide de la raison et souvent sonnant faux telle le moralisme droit de l'hommiste en initiant à un subjectivisme qui sache éviter davantage l'égocentrisme. 
Et donc si l'analyse de l'évolution des mentalités proposée est bonne, c'est bien à l'impasse du subjectivisme que nous avons présentement affaire sous toutes les formes dont nous avons pu parler jusqu'ici. Pour faire vite il y a d'un côté un subjectivisme individualiste souvent multiculturaliste et internationaliste  et d'un autre il y a encore un subjectivisme nationaliste ou communautariste. Dans le cas de Soral les deux côtés se mélangent pour donner des configurations qui confinent à la provocation en prenant soin autant que possible de ne pas franchir certaines lignes interdites par la loi républicaine (cf. ses thèmes de réflexion et ses engagements politiques).

 A vrai dire quand on on sait l'efficacité médiatique et la reconnaissance que la provocation produit dans le système mental subjectiviste, on peut retourner contre lui une critique sociale : à sa pseudo lutte des classes  tendance théorie du complot soft avec laquelle il analyse la société, nous substituons une lutte des égos individuels et collectifs pris dans le triangle amplement inconscient de l'appropriation, de la satisfaction sexuelle et de la reconnaissance et nous fondant sur ce critère "la pensée" d'Alain Soral relève tout particulièrement des pathologies de la reconnaissance. [sur l'erreur philosophique et spirituelle fondamentale qui anime les théories du complots nous renverrons à notre article CONSPIRATIONNISTES, CROYANCES AUX ILLUMINATI ET AUTRES ZEITGEIST IGNORENT L'ESSENTIEL.]