samedi 22 novembre 2008

LE FILS DE DIEU SUSCITE LE FILS DE L'HOMME QUI VIENT.

Suis-je encore seulement chrétien moi qui songeais autrefois à une vocation religieuse dans l'Eglise catholique ?


En première personne, tout apparaît du monde et de la subjectivité dans l'impersonnalité. L'absence d'observateur qui se voit sur l'image précédente génère un JE SUIS au-delà de tout attribut. Ce JE SUIS est-il Dieu comme l'affirme Douglas Harding et comme le suggère le blog de José Le Roy?

Un lecteur de st Augustin prétendra qu'il y a de l'orgueil à confondre mon essence et celle de Dieu. José Le Roy répond sur son blog à l'aide d'Eckhart mais aussi de mystiques salués par les institution catholiques ou orthodoxes qu'il y a de l'orgueil à vouloir subsister en face de Dieu puisque Dieu est tout et que je ne suis rien.
Quant à moi, quand je sers l'ouverture et la transparence de mon champ de conscience en première personne, je me sens souvent glisser dans le coeur. Là il y a comme quelque chose derrière dont je me sens le vague reflet et qui grandit dans cette ouverture en première personne. Ce JE SUIS ne me semble pas simplement le tout de Dieu, car en moi ce JE SUIS se révèle une dimension mystérieuse au-delà de tout au-dessus du ciel du champ de conscience, au très haut du champ de conscience (du dessin ci-dessus). Ce JE SUIS dans le coeur est un FILS de Dieu et il partage l'essence de Dieu le Père, une dimension du JE SUIS qui est un au-delà au-delà de tout au-delà du très haut du champ de conscience (qu'indique le dessin ci-dessus). Ce Fils de Dieu est comme un Fils de Dieu qui grandit dans l'ESPRIT qui l'unit au Père. Ce Fils de Dieu qui s'annonce en arrière plan du moi moribond annonce un fils de l'homme ressuscité.

Notre lecteur de st Augustin m'accusera de ne pas être un bon chrétien. Le FILS de Dieu est unique et c'est Jésus-Christ. Mais il reconnaîtra que je décris une participation à un processus divin trinitaire que les continuateurs de maître Eckhart n'ont pas considéré du point de vue d'une (ré)surrection qui est divinisation de notre humanité.

A vrai dire le vocabulaire m'importe peu, car je peux volontiers dire tout ceci dans les termes de Sri Aurobindo. Ce que le moi se fondant dans l'ouverture de conscience découvre être sa véritable individualité surgie de l'absence d'observateur est l'être psychique. Tout au fond, ce qui dans l'être psychique relie à l'éternel divin transcendant qui se tient au très haut du champ de conscience est l'étincelle de l'âme. C'est cela que le Christ a révélé en Occident. Car dans Les Evangiles canoniques, il ne dit pas qu'il est l'unique Fils de Dieu. A ceux qui l'accusent de blasphème lorsqu'il s'affirme le Fils de Dieu, il répond par le psaume de David "Vous êtes tous des Fils de Dieu" et il nous enseigne à prier en disant "Notre père qui es aux cieux que ton nom soient sanctifiés [...]". Le fait qu'il soit unique en tant que Fils de Dieu n'est pas à comprendre selon moi comme le fait qu'il soit le seul Fils de Dieu.

Si Jésus-Christ, en outre, est le premier des fils de l'homme, rien n'interdit de penser qu'il soit réapparu après sa mort sur la croix ressuscité. Il serait dans le vocabulaire de Sri Aurobindo l'être supramental, une conscience manifestée charnellement et matériellement de la toute conscience du divin le plus transcendant, le Suprême. Le statut de Fils de Dieu serait offert à chacun d'entre nous, mais il n'est pas interdit de penser que lui Jésus-Christ l'incarnerait de manière unique, si sa résurrection est authentique et qu'il est bien à la tête du corps des Fils de Dieu devenant cette nouvelle espèce d'une vie sans mort dont parle Sri Aurobindo.

Mais à l'heure où j'écris, je ne sais pas grand chose directement et par expérience de tout cela. Je n'ai pas été au tréfond de mon coeur et n'ai pas avancé suffisamment sur le chemin du fils de l'homme pour en savoir davantage sur Jésus-Christ et son accomplissement. Sri Aurobindo estime dans La Vie Divine que la croyance en la résurrection de Jésus-Christ n'est pas une supramentalisation mais appartient encore à la surmentalisation, son corps s'étant absorbé dans son ascension. Mais qu'est-ce qui empêche une supramentalisation de ce corps surmentalisé ?

Après tout, peu importe, avançons et expérimentons nous-même en voyant ce que peuvent éclairer du chemin les propos des uns et des autres. Je me perçois effectivement en tant qu'ego comme une créature déchue, je ne vois pas continuement les rayons du Fils de Dieu qui grandit à travers moi. Moi ego qui essaie de servir le divin tant bien que mal, je me reconnais de ce point de vue un Fils adoptif de Dieu par la grâce de ce Fils de Dieu, fils de l'homme à venir que JE SUIS individuellement. Le filtre d'ignorance de l'ego m'empêche donc de m'identifier sans nuances à JE SUIS contrairement à Douglas Harding ou à Maître Eckhart. Avec eux, JE SUIS dans la transparence en première personne, ce presque rien au coeur de tout, cette paix et cette ouverture infinie de Dieu à sa propre création. Cependant, à l'évidence, je ne co-crée pas consciemment en plénitude cet univers matériel et biologique en évolution : j'ignore de nombreux plans du processus auto-créateur. Et du point de vue de mon expérience de Fils adoptif de Dieu encore ignorant du processus divin auto-créateur, je peux affirmer que la divinisation n'est pas seulement un objet de foi et d'espérance plus ou moins lointaine : elle est à l'oeuvre que nous le voulions ou non, l'Amour de Dieu augmente notre participation à son processus auto-créateur. JE SERAI un jour un Fils de Dieu partageant complétement l'essence auto-créatrice du Père.
D'un certain point de vue, je suis chrétien encore et d'un autre je ne suis pas chrétien. Certes je marche à la suite de Jésus-Christ qui lui aussi se moquait de toutes les orthodoxies et hétérodoxies. De grands théologiens comme Bonhoeffer ou Barth, inspirés par Kierkegaard, n'ont-il pas opposé foi et religion ? Mais je réinterprète tellement le vocabulaire qui me vient des Evangiles à la lumière de Sri Aurobindo et d'expériences mystiques d'autres horizons religieux qu'on me situera en lisière du christianisme ayant encore quelques pas à faire pour vraiment me dire du Christ.
Quoi qu'il en soit, "il y a plusieurs demeures dans la maison du Père" et je puis dire à l'adresse de ceux qui se limitent à saint Augustin ou à Maître Eckhart, je suis du Christ archétype d'individualisation des Fils de Dieu dont l'homme est une individualisation de transition vers le fils de l'homme. J'ai la foi sans la religion car comme je l'explique ici j'ai commencé à m'individualiser au-delà des frontières communautaristes religieuses même les moins exclusivistes...

samedi 8 novembre 2008

ARGENT ET SPIRITUALITE.


"Don't make it cheap !" [Ne le faites pas bon marché], disait Swami Prajnanpad à son disciple Arnaud Desjardins qu'il conseillait en vue de la transmission d'un enseignement spirituel au sein d'un ashram en France. Je remarque qu'Arnaud Desjardins ou Douglas Harding (et ses vrais amis) sont les rares sur le marché spirituel à proposer une démarche dont le coût n'est pas centré sur l'argent. Arnaud Desjardins fait travailler ceux qui viennent dans son ashram mais demande à chacun de donner financièrement ce qu'il lui semble juste de donner par rapport à ses possibilités et bien sûr par rapport à la valeur du lieu. Douglas Harding et maintenant ses vrais amis comme José Le Roy ne demandent que de l'attention à soi-même et parfois un partage des frais comme entre vrais amis.

Richard Moss pour 10 jours demande par exemple1000 euros pour son enseignement auxquels s'ajoutent le prix du logis et du couvert. Andrew Cohen demande 270 euros pour un week-end auxquels s'ajoutent là aussi le prix du logis et du couvert. Ghis autrefois nommée Ghislaine Lanctot, une enseignante spirituelle Québecquoise qui se réfère à Sri Aurobindo, Mère et Satprem demande 1000 euros en liquide pour 10 jours de son enseignement qui invite à se libérer de toute autorité autre que soi-même et qui propose pourtant des moyens alternatifs à l'argent.


Est-ce que quelqu'un qui est au SMIC (environ 8 euros nets de l'heure) et chargé de famille ou quelqu'un qui a un handicap sévère et touche environ 700 euros par mois peut envisager de s'engager dans ce genre de recherche spirituelle ? Et pourtant rien ne dit qu'un handicapé ou un smicard ne puisse pas participer à une évolution consciente de la conscience.

Je ne comprenais pas bien cela mais la vie m'a fait un drôle de tour alors que je m'étais engagé spirituellement auprès de l'un de ces maîtres en évolution consciente de la conscience, elle a fait fondre à tel point les ressources familiales que j'ai dû laisser tomber. Mais au fond, c'est la vie, le suprême gourou : j'ai réalisé que avant tout relié à la recherche de Sri Aurobindo, Mère et Satprem, il fallait que j'écoute la vie et son enseignement. Un collectif d'individus qui témoigne d'une certaine conscience collective manifeste ne vaudra jamais pour moi le gourou qu'est la vie. Si pour entrer dans un tel collectif je n'ai pas les moyens financiers alors cette manifestation de conscience collective me paraît en dessous de la conscience de la vie qui elle seule mène l'évolution consciente de la conscience.

Ce qui est très curieux est qu'une fois la leçon apprise, la vie m'a de façon inattendue redonner un revenu de classe moyenne correct.

Ceci dit certains qui ont les moyens financiers devront s'intéresser à ces maîtres spirituels pour atteindre ce point où ils seront capables de se mettre à l'écoute individuellement de leur gourou intérieur, la vie dans son mouvement d'évolution consciente de la conscience. Pour moi, ce fût le cas et puis quand la vie a estimé que je devais passer mon chemin et que j'ai persisté à ne pas l'entendre, elle a pris les grands moyens.

Sri Aurobindo et Mère comme la vie d'ailleurs n'hésitaient pas à envoyer leurs disciples vers des maîtres spirituels qui interrogés ne voyaient pas l'intérêt spirituel de l'enseignement de Sri Aurobindo et de Mère. Ramana Maharishi ne comprenait pas l'idée d'évolution de la conscience et pourtant de nombreux disciples de Sri Aurobindo et Mère l'ont rencontré sur les conseils de ces derniers. Une spiritualité intégrale ne peut nier la spiritualité quelle qu'elle soit même si elle a une part d'ignorance qu'elle ignore.

Sri Aurobindo et Mère fonctionnaient un peu comme Arnaud Desjardins :
- peu de publicité pour leur ashram y compris dans leurs livres ;
- un accueil sans condition de ressource de toute demande après un échange de courriers, une première rencontre amicale qui leur permettent de jauger les chances d'intégration à la vie de l'ashram.

Où sont aujourd'hui les maîtres spirituels de l'évolution de la conscience contemporains (Arnaud Desjardins étant plus proche de Ramana Maharishi que de l'évolution consciente de la conscience) capables d'accueillir autour d'eux des apprentis disciples en jaugeant la qualité de leur aspiration spirituelle sur des critères qui ne soient pas en premier lieu leur capacité quantitative à s'affranchir de leurs tarifs ?

Peut-on faire confiance à une entreprise qui veut développer économiquement son pouvoir sur la culture environnante pour vraiment nous mener individuellement et non selon des recettes indifférenciées à entendre le gourou intérieur, le principe d'invidualisation cosmique de la vie qui est le vecteur de l'évolution consciente de la conscience ?

Si l'évolution consciente de la conscience est notre but alors même une monnaie de substitution sera à surmonter. C'est l'argent qu'il nous faut détruire. Le quantitatif va à l'encontre du qualitatif et donc d'une réelle individualisation évolutive de la conscience une.
Raoul Vaneigem un situationniste, ce mouvement qui avait inspiré le coeur rageur de mai 68 montre que nous avons besoin de rompre l'idée que nous devons gagner de l'argent pour vivre. Cette idée est le signe que notre bestialité reste prédominante. Reste à vaincre cela politiquement et spirituellement.
Spirituellement, il me semble que la position de st Paul sur la question de l'argent doit rester à l'honneur : il ne demande rien pour sa Bonne Nouvelle, il assure par son travail sa propre subsistance. Mais st Paul demande de l'argent pour son église... C'est là où la spiritualité se fait politique. La politique de l'Eglise a fait bon ménage avec les puissances de l'argent...

Politiquement si nous voulons abattre la religion de l'argent, il faut agir globalement et non seulement localement avec une petite monnaie entre soi. L'Etat doit être réinvesti : l'argent de l'Etat acquis par l'impôt ne doit plus servir à n'importe quoi, il doit servir à rendre libre les êtres humains de toute exigence matérielle de survie. Un Revenu Minimum d'Existence serait peut-être une solution. Plus de bourse d'étude, plus de retraite, plus d'assurance chomage, plus de droit opposable au logement, plus d'aides aux grosses multinationales pour des emplois précaires, plus d'aides aux industries d'armement et du pétrole, plus de justification pour les plus pauvres de s'embaucher dans la mafia et de croire en la loi de la jungle, un seul Revenu Minimum d'Existence permettant à chacun de ne plus avoir à travailler pour survivre c'est-à-dire de quoi manger, boire, s'habiller et se loger. Il va sans dire qu'aucune banque, rien ni personne ne pourrait prélever autre chose sur ce revenu que ce qui assure l'existence matérielle...

Dans un tel contexte, rapidement ceux qui pratiquent une authentique évolution consciente de la conscience pourraient mettre en place une économie libérée du profit et l'argent disparaîtrait peu à peu naturellement bien que devenu l'instrument docile de l'évolution de la consience. En effet il deviendrait inutile pour des êtres sensibles à la qualité de conscience et non à une certaine quantité de monnaie.