samedi 2 mars 2024

En vue de ne pas confondre l'Eveil du Soi et un accomplissement définitif - Épisode 4/4 - LES ILLUSIONS DU NEO-ADVAITA

Être seulement spirituel n'est pas assez ; cela prépare un certain nombres d'âmes pour le ciel, mais cela laisse la terre très semblable à ce qu'elle était - Sri Aurobindo


L'illusion du néo-advaita

https://patrick-vigneau.over-blog.com/

http://patrick-vigneau.over-blog.com/2021/07/l-illusion-du-neo-advaita.html

Publié le 13 juillet 2021 par Patrick Vigneau


De nos jours apparaissent des maîtres « illuminés » auto-proclamés en Néo-Advaita. Ces enseignants  ont réduit des milliers d’années de transmission de l’Advaita en une simplification extrême pour être accessible à tout le monde. Il n’est désormais plus nécessaire pour les chercheurs spirituels de s’engager dans la sadhana (le travail sur soi).

 Maintenant, la seule chose nécessaire pour « réaliser le Soi » est le déni répété du moi, et la (pseudo) « compréhension » que l’égo et tout ce qui arrive dans l’univers ne sont simplement qu’une « illusion ». Tout « arrive, il n’y a pas de chemin, pas de cause », et par conséquent, il n’y a absolument rien à faire !

Déjà au 19ème siècle Ramakrishna évoquait le piège : "ne confondez pas l'abandon tamasique, avec l'abandon sattvique."


Plus récemment, Sri Aurobindo le redit: 

"Ces états apparaissent avec une grande force, suscitent un sentiment très vif d’inspiration ou d’illumination, une grande sensation de lumière et de joie, une impression d’élargissement et de pouvoir. Le sâdhak se ressent alors libéré des limites normales, projeté dans un monde nouveau et merveilleux, empli, élargi, exalté. Par ailleurs cela vient se conjuguer avec ses aspirations, ses ambitions, ses conceptions de l’accomplissement spirituel et va même jusqu’à se présenter comme la réalisation et l’accomplissement ultime.

Il se laisse très facilement emporter par cette splendeur, et a l’illusion d’avoir réalisé quelque chose de souverainement vrai. À ce stade, il lui manque d’ordinaire la connaissance et l’expérience indispensables qui lui diraient que ce n’est là qu’un début très incertain et très mélangé ; il peut ne pas comprendre tout de suite qu’il est encore dans l’ignorance cosmique, non dans la Vérité cosmique, moins encore dans la Vérité transcendante, et que toutes les idées-vérités formatrices ou dynamiques qui ont pu descendre en lui sont seulement partielles..."


Ces enseignants du Néo-advaita ont une chose en commun, ils déclarent qu’ils ont réalisé le Soi, et se sont éveillés à leur vraie nature. Alors, ils veulent tous enseigner (il faut bien gagner de l'argent).

 Dans le processus, ces enseignants Néo-Advaita ont corrompu et tordu les principes et pratiques de l’Advaita traditionnel jusqu’à ce qu’ils ne soient plus reconnaissables, pour les nouveaux adeptes occidentaux, sans discernement.

Mais comme il est dit dans l'Atma yoga, "se soumettre à une sadhana et se confronter à une vie fraternelle constitue le vrai moyen de se libérer de l'ego".


Patrick Vigneau



Mon commentaire :

Oui, l'éveil du Soi n'est pas la fin de l'ego. 

Tant qu'il y a du désir et des pulsions, il y a de l'ego au moins périphérique. Là-dessus, le néo-advaita n'est pas clair. Il affirme qu'il n'y a plus d'ego quand il laisse libre le cours des désirs et des pulsions. Le terme de réalisation du Soi sonne mal !

L'éveil du Soi est un pas, mais plus de cœur et d'intelligence pour le monde et son Devenir est entrer davantage dans la lumière. 

Pour ce qui me concerne, la voie de Sri Aurobindo et Mère m'éclaire en prolongeant, entre autres, les voies élaborées par Nachiketas dans la Katha Upanishad ou par les disciples de Socrate.

 Servir le Divin, c'est agir de plus en plus pour et par la Mère divine, l'intelligence personnelle multiple du processus de manifestation de l'autocréation. Servir le Divin signifie que mon action sera de moins en moins asservie à une recherche de plaisirs individuels. 

C'est à la lumière du Soi participer à ouvrir son cœur, y trouver la joie sans objet et tout au fond y trouver son âme, ce divin enfant de Dieu. 

Sur ce chemin de Sri Aurobindo et Mère, un processus de l'abolition de l'esclavage de l'ego, de ses souffrances et plaisirs, vient avec la croissance de l'influence de l'âme de Joie Divine en laquelle, peu à peu, est réformé ce que nous sommes en un instrument pur et simple du Divin. 


Aphorisme 212 — Les poètes font grand cas de la mort et des afflictions extérieures, mais les seules tragédies sont les échecs de l’âme, et la seule épopée, l’ascension triomphante de l’homme vers la divinité. Sri Aurobindo

Suit ce commentaire de Mère, Mirra Alfassa, la compagne spirituelle de Sri Aurobindo :

 

En vérité, la seule chose vraiment tragique est de ne pas devenir conscient de son âme, l’être psychique, et de ne pas avoir sa vie entièrement guidée par elle.

Mourir avant d’avoir trouvé son âme et d’avoir vécu selon sa loi, voilà la vraie défaite.

Et la vraie épopée, la vraie gloire est de trouver le Divin en soi et de vivre selon Sa loi.

3 décembre 1969


Nous avons précédemment montré l'intérêt spirituel de certains concepts ici en jeu dans la voie de Sri Aurobindo et Mère. Dans une discussion philosophique serrée avec les idées du néo-advaita, il est intéressant d'en voir la portée. Voici ces articles de notre blog particulièrement dédiés à cette discussion :

https://foudreevolutive.blogspot.com/2024/02/en-vue-de-ne-pas-confondre-leveil-du_29.html?m=1

https://foudreevolutive.blogspot.com/2024/03/en-vue-de-ne-pas-confondre-leveil-du.html?m=1

Nous pouvons aussi renvoyer à cet article où est examinée en profondeur la relation entre l'enseignement de Ramana Maharshi qui inspire le néo-advaita et l'enseignement de Sri Aurobindo :

https://sriaurobindouneapproche.blogspot.com/2023/08/etre-attire-par-le-yoga-de-sri.html?m=1

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