La spiritualité orientale inspirée du bouddhisme, de Prajnanpad ou de l'advaïta, par exemple, nous a beaucoup habitués à songer qu'il ne faut pas faire d'effort sinon pour ne plus en faire comme quand on se relaxe et qu'on s'élargit laissant couler en nous tous les phénomènes.
L'attitude qui cherche à Voir plus qu'à juger et penser est juste.
Mais élargir notre attention pour retrouver le champ de conscience en amont des phénomènes qui nous libère ainsi de tout attachement à l'un d'entre eux interdit-il de refuser à l'occasion certains phénomènes pour y accéder plus radicalement et peut-être plus profondément ?
Se refuser efficacement à une pensée, à un désir ou à une émotion ne consiste pas bien sûr à lutter contre eux en opposant une autre pensée, un autre désir. Ce seraient encore les vieilles recettes du changement que tout le monde connaît. Parfois elles sont bien utiles et on ne vient à la nécessité authentique de la recherche spirituelle que parce qu'on les sent peu satisfaisantes les ayant pratiquées suffisamment pour le voir.
Refuser efficacement une pensée, un désir ou une émotion va consister à se concentrer vers là où ils n'ont pas prise c'est-à-dire vers le champ de conscience pure et de là les rejeter c'est-à-dire empêcher le mouvement de conscience ordinaire qui veut nous ré-identifier mécaniquement à eux. Plus simplement et plus profondément le Refus est efficace s'il est dirigé vers un don de soi à la vie divine.
Quand on envisage la libération que du seul point de vue déterministe, on nous demande de comprendre nos attachements, de Voir la mécanique enfin que ce qui est en nous déjà libre se réalise. On insiste sur le fait qu'il ne s'agit ni de refuser l'émotion ni de la justifier mais de la laisser s'épanouir dans une ouverture compréhensive. Mais dans toutes les formes de complaisances égocentriques, de victimisations, de désirs vains qui comme l'addiction aux nouvelles technologies réduisent notre créativité en nous distrayant par des gratifications sans but, cette méthode du Voir n'a-t-elle pas des chances de s'enliser ? Un alcoolique peut-il s'en sortir sans un sevrage fondé sur des techniques de refus d'un mouvement de conscience mécanique ordinaire ?
Si le Refus est fondé sur la concentration vers notre liberté intérieure c'est-à-dire sur la dimension individuelle de notre ouverture intérieure naturelle à tous les phénomènes, il a toutes les chances d'opérer. Il y aurait là conjoint au Voir qui comprend les déterminations un mouvement de choix de se laisser prendre aux déterminations mécaniques ou de s'en détacher en les rejetant pour aller vers plus de lumière spirituelle.
On peut ainsi s'amuser à détruire des pensées comme un enfant fait éclater des bulles : je suis en un sens le Fils du champ de conscience à qui il m'a été donné de régner en priorité sur ce type de phénomène. La liberté semble dès lors de n'écarter aucune pensée de son champ de tir. Ce genre de refus qui va s'appuyer sur un point de concentration un peu en arrière entre les sourcils peut donner à voir les idées avant qu'elles ne s'expriment en mot. On peut se concentrer sur ce point avant qu'il ne se semble participer à la concentration comme un centre de la conscience. Descartes a-t-il vue dans la glande pinéale le centre où l'âme interagit principalement avec le corps en ayant fait une telle expérience ? Ce centre en arrière entre les sourcils coïncide avec le centre de l'ouverture visuelle du champ de conscience. Le champ de conscience peut ainsi s'ouvrir intérieurement à un monde des idées qui est aussi le monde des intuitions : on les voit flotter autour de nous parfois et on peut les voir s'approcher avant qu'elle ne s'exprime sous formes de pensées verbales ou imaginées.
Il y a donc bien une manière plus violente d'entrer chez soi au royaume des cieux en se concentrant directement là où le champ de conscience est en notre individualité un début de phénomène et déjà une ouverture, là où dimension personnelle et dimension impersonnelle du champ de conscience sont indiscernables.
Un autre point de concentration remarquable outre celui entre les deux yeux correspond encore mieux peut-être à ce point d'équilibre entre notre individualité et notre réalité d'ouverture de conscience impersonnelle : le cœur, non pas le cœur matériel mais un centre de concentration naturelle du champ de conscience au milieu du torse. Dans la détente, il y de l'attention sans effort au champ de conscience il y a une descente par là. On est là dans ce feu du cœur et partout à la fois. Par la concentration la plus détendue possible pour qu'elle gagne en endurance dans cette direction, on atteint non seulement une paix émotionnelle, une souveraineté de plus en plus grande vis-à-vis des désirs qui montent mais aussi une aspiration spirituelle, une soif paradoxalement joyeuse de Cela et de sa manifestation de plus en plus parfaite.
Trois mouvements participent dès lors à notre progression vers le don de soi à l'évolution divine : VOIR, REFUS et ASPIRATION.
- l'observation compréhensive, le Voir à l'aide de la réalisation du pur témoin neutre qu'est en nous la simple ouverture aux phénomènes (ici les méditations fondées sur la pleine conscience sont utiles);
- le Refus des mécanismes en s'accrochant à notre liberté intérieure et en saisissant la grâce qu'on nous tend à travers elle (ce mouvement peut trouver à s'inspirer des procédés de la dévotion, de la soumission à la volonté divine) ;
- l'Aspiration à plus de vérité, mais aussi plus beauté et donc plus de perfection dans la manifestation (on trouve un témoignage chez Platon, dans la tradition monothéiste qui s'en inspire avec par exemple l'épectase de Grégoire de Nysse).
Voir permet de se détacher de la mécanique. La personnalité appartient à la mécanique, Voir permet l’Éveil à une réalité impersonnelle.
Refuser le mouvement mécanique est d'autant plus efficace qu'on voit. Le Refus met en jeu un Voir car sans Voir le refus ne sera qu'un refoulement. Le Refus met en jeu une dimension personnelle au cœur de l’Éveil spirituel permis par le Voir.
Enfin sans l'Aspiration, le Refus risque de devenir une lutte de l'ego qui oublie de se concentrer pour accueillir la force de la grâce. Sans l'Aspiration, le Voir finit par se mettre au rythme le plus lent du Devenir. Sans Aspiration et Refus, le Voir est un Éveil à une réalité impersonnelle déjà là mais sans transformation autre que celle permettant l'alignement de la personnalité à cette réalité. L’Aspiration révèle en nous un principe d'individualisation par delà la dimension personnelle humaine au cœur de la liberté intérieure : une âme ?
Eros, Génie assoiffé de beauté dans les bras d'Aphrodite, Mère de la beauté. |
- l'observation compréhensive, le Voir à l'aide de la réalisation du pur témoin neutre qu'est en nous la simple ouverture aux phénomènes (ici les méditations fondées sur la pleine conscience sont utiles);
- le Refus des mécanismes en s'accrochant à notre liberté intérieure et en saisissant la grâce qu'on nous tend à travers elle (ce mouvement peut trouver à s'inspirer des procédés de la dévotion, de la soumission à la volonté divine) ;
- l'Aspiration à plus de vérité, mais aussi plus beauté et donc plus de perfection dans la manifestation (on trouve un témoignage chez Platon, dans la tradition monothéiste qui s'en inspire avec par exemple l'épectase de Grégoire de Nysse).
Voir permet de se détacher de la mécanique. La personnalité appartient à la mécanique, Voir permet l’Éveil à une réalité impersonnelle.
Refuser le mouvement mécanique est d'autant plus efficace qu'on voit. Le Refus met en jeu un Voir car sans Voir le refus ne sera qu'un refoulement. Le Refus met en jeu une dimension personnelle au cœur de l’Éveil spirituel permis par le Voir.
Enfin sans l'Aspiration, le Refus risque de devenir une lutte de l'ego qui oublie de se concentrer pour accueillir la force de la grâce. Sans l'Aspiration, le Voir finit par se mettre au rythme le plus lent du Devenir. Sans Aspiration et Refus, le Voir est un Éveil à une réalité impersonnelle déjà là mais sans transformation autre que celle permettant l'alignement de la personnalité à cette réalité. L’Aspiration révèle en nous un principe d'individualisation par delà la dimension personnelle humaine au cœur de la liberté intérieure : une âme ?
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