Frédérique Lemarchand - Amour devenue Matière |
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La Vie est un flux. La Vie est un fleuve, l'Être est son lit, le canal naturel où il s'écoule, le Devenir est le flux de ses eaux.
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Dans le flux du Devenir, il y a des flux habituels donnant l'impression de lois de la nature et des flux d'indéterminations.
L'évolution résulte des canalisations de l'Être, des flux habituels et des flux indéterminés qui peuvent y imposer de nouvelles formes habituelles.
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Le flux d'indéterminations peut changer les flux habituels.
Aucune loi de la nature n'est éternelle, ce ne sont que des flux habituels.
Sans flux de forces déterminantes, à commencer par celles immuables caractéristiques de l'Être, pas de stabilité ; sans indétermination, pas de place pour la création.
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Dans les périodes de saut évolutif, le flux d'indéterminations semblent l'emporter, puisque les flux déterminants cèdent la place à un flux dominant nouveau.
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A l'heure du saut évolutif, pour un être qui en est pratiquement inconscient, le flux des eaux du Devenir sans perception du lit de l'Être se vit comme un chaos.
A l'heure du saut évolutif du flux du Devenir, celui qui vit en nous dans la perpétuation des vieux flux du Devenir, s'il ne ressent aucune présence de la paix de l'Être, en s'agitant de plus en plus, s'enfonce de plus en plus dans l'apparence du chaos.
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L'Être qui se distingue du Devenir illumine d'une paix immuable. Quand l'aspiration à cette paix immuable prédomine, elle peut nous fait voir le flux du Devenir comme une illusion, la vie risque de sembler un désert invivable. Quand l'Être de paix immuable s'illumine d'une foi dans le Devenir alors tout prend sens. Nous pressentons l'harmonie de la Vie.
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Pour certains, l'aventure commence par l'évidence d'un flot concentré du Devenir. Il se manifeste comme une descente d'une force d'au-dessus du crâne. Cette descente accélère par exemple la venue des idées. Elle manifeste des centres de force dans le corps que la tradition spirituelle indienne appelle des chakras. L'agitation en dessous est croissante, des traits de folie guettent. L'apaisement de l'Être, la présence immuable repose. Et c'est un rythme entre approfondissement de paix de l'Être et Joie du Devenir dans toutes les dimensions de notre personne qui fait un chemin de transformation.
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La foi dans la Vie, s'appuyant sur l'évidence double de l'Être et du Devenir nous ancre sur une Voie ensoleillée de transformation évolutive, un subtil dosage entre Paix et Joie.
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La sagesse de distinguer l'Être passe par un abandon de l'espoir personnel.
La foi dans la Vie comme pressentiment de son harmonie en Devenir est une espérance purifiée des espoirs personnels.
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Un bon artiste moderne, même s'il exprime dans son art que la vie est un chaos absurde, a des intuitions créatrices qui donnent sens à un devenir personnel.
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L'art moderne est celui qui ne suit plus des règles traditionnelles, pour dans un geste parfait, ressentir la vie le traverser et produire le geste artistique.
L'artiste moderne vise à laisser s'individuer, à travers lui, un mode d'être singulier unique, un style.
L'artiste moderne exprime ce moment du Devenir où l'individuation humaine de la vie ne peut se cantonner à une individualisation sociale et mimétique encore largement propre aux espèces animales.
L'artiste moderne n'a plus de règles traditionnelles auxquelles se soumettre. Il peut, s'il le veut, en exploiter, mais, à un niveau, puisqu'il est moderne, il les transcendera pour ouvrir la venue à travers elles et lui à un monde nouveau.
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Dans un moment de génie, un artiste sent que l'élan créateur qui le traverse est un flux du Devenir.
Quand un artiste ressent l'élan créateur le traverser et produire, il sait la valeur de l'œuvre ainsi produite indépendamment de toute question de succès.
Toute œuvre produite par l'élan créateur de la Vie a une valeur au niveau de la conscience de la Vie elle-même et non au niveau d'un simple vécu individuel.
L'œuvre artistique produite par l'élan créateur de vie est une trace spatio-temporalisée de l'autocréation de la vie.
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La voie de l'artiste est un modèle de la voie des œuvres que la spiritualité indienne appelle aussi le karma yoga.
La voie des œuvres pointe les limites d'une action individuelle de l'ego : il veut la contrôler, il veut en posséder les fruits, il en refuse les défauts, il s'y accroche quand elle est vaine, il la voudrait indépendante et séparée du reste des forces de l'univers, etc. La voie des œuvres vise à transformer l'action égocentrique en une participation individuelle de plus en plus consciente à l'autocréation de la Vie, et ultimement à incarner une personnification du Devenir cosmique.
Le Devenir produit tout, y compris nos individualisations agissantes. La voie des œuvres en est une prise de conscience individuée.
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L'intuition créatrice n'est pas de notre ressort.
L'ego est absent là où, dans notre esprit, l'intuition créatrice apparaît.
Quand une intuition créatrice nous traverse, sa perception est d'abord impersonnelle. C'est à partir de là, d'une perception impersonnelle, qu'en nous, est perçu que notre ego n'est pas l'auteur de l'intuition créatrice.
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La vacuité et la paix propres à une perception impersonnelle ont toujours été là dans la perception intuitive de la beauté du monde et de la nature.
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Une intuition créatrice peut être une idée qui vient en nous comme de l'extérieur de notre présence consciente individuelle. Cette idée vient résoudre un problème, elle vient éclairer une obscurité, elle vient démêler une confusion, etc.
Plus cette idée a de force de conscience, plus elle vient élargir notre présence consciente.
Il y a des forces de conscience qui se manifestent sans se réduire à des idées.
Le regard un et innombrable de la Vie agit dans un flot de forces de conscience par delà toute idée.
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Le geste créateur n'est pas de l'ordre du désir-appétit ou du désir-aspiration.
Tous nos désirs-appétits ont des objets connus dans le monde humain.
Un désir-aspiration peut être un désir de l'inconnu. Le désir de créer est une forme de désir-aspiration.
Le geste créateur est un basculement du connu dans un vécu inconnu.
Le geste créateur s'accompagne d'une extension au-delà de notre conscience ordinaire.
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Le désir-aspiration de créer est une dévotion confiante en la Vie autocréatrice.
Un aventurier spirituel peut voir sa prière confiante et silencieuse prendre sa source dans un cri d'appel naturel, doux et pur au centre de son cœur. Ici il n'y a aucune connotation et matrice religieuse.
Par son désir-aspiration, l'aventurier spirituel prend conscience d'être au plus profond l'enfant Divin qui appelle sa Mère Divine à l'action autocréatrice.
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La véritable dévotion est art, musique, chant, peinture, poésie, etc. créations par laquelle le débordement de l'amour se singularise et la joie de cette élévation singulière se partage.
Que vaut une dévotion sans style ? ce serait une dévotion sans âme. Une dévotion émotive sans aucune âme est de la bigoterie !
Il faisait vraiment preuve de dévotion le peintre Watteau qui déplorait, au moment de sa mort, qu'on lui donne à embrasser sur un crucifix un Christ mal sculpté.
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Une intuition créatrice sous la forme d'une idée est déjà la preuve que la vacuité qui ceint notre Présence impersonnelle, la vacuité en laquelle tout paraît, est un voile de ténèbres lumineuses masquant une surconscience.
Nos désirs-appétits pointent du subconscient, nos désirs-aspiration du subliminal, nos intuitions créatrices du surconscient.
Notre flamme d'aspiration la plus pure est notre âme d'individuation Divine, l'enfant divin que nous sommes. Notre flamme d'aspiration vraie et substantielle est le cœur du cœur voilé dans les ténèbres lumineuses de notre cœur.
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C'est parce que l'artiste ressent le niveau de surconscience où son aspiration est allé appeler un élan créateur, qu'il est insatisfait lorsqu'il ne parvient plus à exprimer qu'un plan inférieur.
L'aventurier spirituel peut comme un artiste moderne apprendre la plénitude de son insatisfaction devant son humanité actuelle pour ouvrir, grâce à son aspiration, à la venue de flux de transformation de plus en plus profonds.
Le désir du beau, du juste et du vrai est le désir-aspiration où notre volonté personnelle peut se fondre dans la volonté de la Vie Divine.
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Le désir-appétit produit du plaisir quand il est satisfait. Avant il n'est que force nous dirigeant vers un objet qu'on estime manquant. Le désir-appétit est désir de posséder, de consommer, de perpétuer.
Le désir-aspiration n'est jamais réductible à celui d'un objet existant qu'on a représenté mentalement manquant. Il sent l'imperfection mais il sait son ignorance de la perfection à laquelle il aspire.
Quand le désir-appétit désire une perfection, il désire une qualité ou une vertu de l'ego. C'est alors un perfectionnisme. Dans sa pureté, le désir-aspiration désire un perfectionnement de la Vie Divine au travers de sa personne, entre autres, et non la perfection de sa petite personne.
Le désir-appétit reste un besoin d'avoir ; le désir-aspiration est d'abord un besoin d'être davantage.
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L'art pour l'art est une impasse pour l'artiste moderne. Le besoin d'être pour le Divin, par le Divin prime peu à peu dans la voie des œuvres. Et au final, c'est le besoin d'être du Divin qui se réalisera comme étant le désir-aspiration dans sa pureté.
Si un artiste s'engage dans la voie des œuvres, comme toute personne engagée sur cette voie, il deviendra capable de changer d'activité. Car il se sentira appelé à des activités lui permettant d'abord un progrès de la Vie Divine en lui. Il saura renoncer à des activités apportant d'abord des satisfactions à son ego.
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Une œuvre d'art pour un aventurier de la Vie Divine ne se réduira pas à la voie des œuvres, elle sera une expression dévotionnelle, elle permettra de partager des éléments subtils d'une voie de connaissance. Comme n'importe quel travail sur la voie des œuvres, le travail artistique n'est pas qu'un chemin de perfection de soi dans la Vie Divine, il servira aussi et d'abord une concentration de la Présence Divine dans le monde matériel. Une œuvre d'art ouvre à une expérience spirituelle esthétique de la contemplation désintéressée, du sentiment universel, d'une Présence invisible dans le perceptible, etc.
Une confusion serait de croire qu'on sert une expérience spirituelle artistique parce que le thème de l'œuvre est spirituel. Un chant dévotionnel peut être un bon support de prière sans être une œuvre artistique sublime.
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Un désir-aspiration d'une œuvre artistique concentrant matériellement la Présence Divine peut imposer un abandon, au moins momentané, de l'activité artistique qui soit sans regret. Même si, par la suite, il y a reprise de l'activité artistique, le désir-aspiration de la Vie Divine l'emporte alors sur le désir de créer artistique, et c'est la condition de possibilité d'œuvres artistiques manifestant la Présence Divine au niveau et dans la forme que le Divin attendait.
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Qu'est-ce qui produit ce type de désir-aspiration qui n'est pas lié à des forces pulsionnelles, c'est-à-dire des appétits animaux ? Faut-il l'appeler notre daemon, notre principe d'individuation, le Fils de Dieu, l'enfant Dieu, l'étincelle Divine, etc. ?
Le cœur comme une quatrième dimension dans notre torse, en dehors et au-delà du mental et des émotions, est le siège notre individuation personnelle ne faisant qu'une avec celle du Divin en nous. On ne peut nommer précisément le trésor mais on peut donner une indication de là où concentrer son effort d'abdication et de consécration devant notre individualité d'âme Divine. Dans la paix de l'Être, il s'agit alors de se tenir là de plus en plus naturellement au sein de nos activités. Il s'agit de se laisser descendre de plus en plus profondément dans le cœur subtil, même pour accueillir une intuition créatrice qui semble descendre des ténèbres lumineuses du ciel intérieur de la conscience au-dessus du crâne.
Que faut-il pour que notre âme, l'individuation vraie, apparaisse comme ayant été toujours déjà là en arrière-plan de notre vie égoïque en surface ? l'éveil de la présence de la lumière intérieure, de la paix de l'Être, et une transformation du cœur forment un processus certainement nécessaire mais pas suffisant. En tout cas, la voie de la dévotion à la Vie créatrice, une voie des œuvres moderne comprenant celle de la dévotion restent indispensables.
Même si le Soi, la présence Divine de l'Être, génère déjà un processus qu'un effort non dirigé vers le non effort parasite, au niveau du Devenir, l'effort du travail et de la dévotion, l'effort de concentration, etc. nourrira un besoin d'être poignant, notre désir-aspiration se purifiera et la grotte du cœur s'éclairera jusqu'à ce que notre âme y apparaisse.
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Frédérique Lemarchand - Chair Lumière |
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C'est notre cœur s'ouvrant dans ses profondeurs à la flamme d'aspiration substantielle qu'est l'âme vraie qui nous fera réceptif au flux de transformation le plus profond possible pour notre humanité.
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Le geste créateur est la manifestation d'une surabondance de joie dans une forme intuitive. Il aura fallu du désir réorienté et de l'aspiration accrue pour que l'instant créateur puisse émerger.
Le désir est une nostalgie de la Joie surabondante.
Le désir à l'état pur qu'il soit d'appétit ou d'aspiration est déjà la trace vécue du Devenir de la Joie.
Il y a dans tout désir une célébration de la Joie du Devenir.
Il y a des personnifications des flux matriciels de la Joie du Devenir : ce sont des visages de la Déesse Mère, la Mahashakti.
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Notre âme vraie est une individuation Divine dont la substance est continue avec celle de la Mère Divine qui forme le Devenir.
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Ma Anandamayi a été surnommée la saturée de Joie.
Le corps animal et la personne humaine peuvent vite être saturés de Joie.
Le yoga consiste aussi à ce que la réceptivité à la Joie Divine s'accroisse.
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La Joie vraie est saturée d'elle-même sans question de limitation de sa réceptivité. D'où la difficulté et les dangers d'un Yoga qui vise à concentrer l'évolution créatrice. D'où la nécessité de la Paix, comme une présence magnétique seule capable de porter la Joie en infinie profusion sans en être affectée.
Sur un autre plan du Devenir, les artistes maudits sont une constante de l'art moderne.
La Joie créatrice peut être dévastatrice sans la Paix.
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Le désir-appétit produit du plaisir quand il est satisfait. Avant il n'est que force nous dirigeant vers un objet manquant. Le désir-appétit est désir de posséder, de consommer, de perpétuer.
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Dans la consommation, nous anéantissons l'objet de notre désir. Ce qui est consommé est alors une ressource diminuée. Cependant la consommation est aussi assimilation plus ou moins consciente. Nous assimilons l'objet de notre désir pour en recevoir de la force. Enfin, consommer est aussi accomplir un objet de désir. Il y a encore désir de consommer quand la ressource de l'objet est renouvelable et la force qui en est reçue épuisable. On dit ainsi qu'un mariage est consommé.
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Le désir de créer n'est pas un désir de consommer ou de perpétuer. Même s'il peut s'accompagner d'un désir de posséder l'objet créé, l'acte créateur est plus un abandon à une force qu'une appropriation de ses effets. Ce qui ne serait qu'une inflation de l'ego, une usurpation insincère du pouvoir vrai de création.
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Les désirs sexuels, les désirs d'appropriation et les désirs de reconnaissance mettent en jeu consommation, possession et perpétuation. Les désirs-appétits produisent du plaisir lié à la consommation, possession et perpétuation de son objet.
L'intuition créatrice est force de Joie dans une forme de nouveauté, de dépossession et de don.
La Joie créatrice même si elle apporte une forme de Devenir n'en est pas moins une Joie désintéressée de la gratuité autocréatrice de la Vie.
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L'artiste sait que dans le flux créateur auquel il accède, il y a plusieurs courants, certains plus intenses, plus vastes, plus profonds que d'autres.
Ce qui vaut pour l'art vaut pour l'autocréation de la Vie.
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Toute la vie est yoga, dit Sri Aurobindo. La nature nous fait faire le yoga que nous le voulions ou non. Nous sommes embarqués.
Le yogi intégral pratique un yoga pour concentrer son avancée dans le courant du flux de la Vie.
Ultimement le yoga consiste à concentrer individuellement et cosmiquement le flux évolutif de l'autocréation Divine.
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Des propos sur l'absence d'acteur peuvent justifier des forces d'égarement dans le fleuve Divin. Toutes les eaux du fleuve Divin sont Divines : ces propos font du fou dans sa folie destructrice une manifestation tout aussi Divine que le courant qui nous porte vers la Divinisation ! Mais si on admet que dans le Devenir du fleuve certains courants sont plus en adéquation avec le mouvement global du flux et même le facilitent, alors un courant qui nous porte vers la Divinisation serait plus aligné au Devenir Divin.
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L'Être du Devenir est paix. L'Être est un flux immuable, Un, là où le Devenir paraît d'abord multiple. L'Être est en ce sens le lit apaisant du fleuve en furie des multiples flux de la Vie.
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Les sables peuvent se déposer sur la berge. Ce sont nos inerties, elles peuvent ressembler à la paix mais la force du Devenir s'y perd et s'y ralentit. C'est quand un flux plus intense advient que ces sables se soulèvent et provoquent des remous.
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A un niveau, toutes les forces sont une manifestation du Divin. Cependant certaines forces feront leur temps et seront dissoutes dans la force suressentielle du Devenir.
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Comme dans un fleuve, il y a les forces qui ramènent l'eau vers l'océan et il y a des courants qui la ralentissent et l'emprisonnent dans des bras marécageux où elle croupit, surtout si les pluies manquent. Combien d'individus croupissent dans leurs eaux marécageuses, si la descente du Divin ralentit relativement à cette frange de son fleuve.
Cependant, comme le Divin se manifeste pleinement, le fleuve enfle inexorablement et même les eaux prisonnières sont éjectées dans le courant principal vers l'océan. Toutes les scories ainsi emportées deviennent les limons fertiles des créations futures. Rien ne se perd, tout se transforme sur l'écran immuable de la paix.
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Toutes les eaux convergent inexorablement vers l'océan unique où la goutte et l'océan ne font qu'un. Soyons lucide, beaucoup d'individualisations humaines ne vont offrir au courant Divin que des morceaux épars lors de la dissolution de leur individualité au moment de la mort. Dans ce flux, l'individuation consciente de la Vie autocréatrice est rare.
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Dans un langage dualiste, je dirais que j'ai trouvé la présence de la lumière de Dieu en moi : c'est instantané et cela ne peut être amélioré. Cette lumière, c'est aussi ma nature profonde et elle me transforme en tant qu'individu comme elle agit en tout et toutes choses. Le seul effort est de se maintenir dans sa lumière. Elle transforme le rapport entre ma pensée et sa lumière ; elle transforme le rapport aux émotions ; elle m'amène à distinguer mes petits désirs et le grand désir plénitude et aspiration (manque et plénitude métamorphosé) ; le grand désir, la volonté divine, diraient certains, prédomine de plus en plus.
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Vivre pleinement, c'est vivre à l'heure de Dieu
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Frédérique Lemarchand - Symphonie du vivant |
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