dimanche 20 octobre 2019

D'UNE NON DUALITÉ IMPERSONNELLE ET DÉTERMINISTE A LA NON DUALITÉ DE L'INDIVIDUATION DE LA VIE.


FLEUR DE CŒUR PAR JULIEN DURAND
La spiritualité non duelle est-elle à ce point réductible à l'impersonnel et au déterminisme ?
Dans mon expérience, prendre au sérieux l'individuation de la vie universelle en moi et dans les autres revient à reconsidérer ce qui devient des poncifs effrayants de la non dualité.
Par exemple, aimer ses enfants, enseigner à des enfants, etc. n'est plus pour moi servir la croissance d'un ego avant que, plus tard, ceux-ci en découvrent l'illusion. L'ego, effectivement, c'est l'illusion du libre-arbitre et un ensemble de déterminismes. Ce sont des vêtements sociaux et collectifs qu'on impose à l'enfant en lui faisant croire que c'est lui...
Mais qu'est-ce qu'on recouvre d'un ego ? Qu'est-ce qu'on individue en l'enfant, si on ne sert pas la croissance d'un ego illusoire en l'enfant ?
Dans mon expérience spirituelle de parents et d'enseignants, je suis au service de l'individuation de la vie elle-même à travers une personne humaine. Il s'agit bien d'une non dualité où l'Un n'empêche pas l'Autre. Il s'agit bien de se libérer, d'inclure et de transcender nos déterminismes en prenant conscience de l'autodétermination de la vie, à travers son individuation en nous. L'enfant et l'adulte que je suis savons qu'il y a des petits désirs qui nous déterminent éventuellement mais qui font obstacle à l'individuation de la vie, notre véritable dimension individuelle parfaitement une avec l'universalité et la transcendance de la vie. Les complexités de vocabulaire que j'emploie trahissent l'évidence et la simplicité de ce que des jeunes enfants et des adultes qui sont dans cette dynamique ressentent. Mais face à des doctrines qui réduisent la réalité à la transcendance hors du monde, d'autres qui la réduisent à une universalité impersonnelle en proclamant leur non dualité, il faut bien proposer un effort de réflexion supplémentaire. Ceux qui proclament être libérés du mental crie trop vite à la victoire et enferment souvent la lumière de vérité dans une petite fenêtre mentale par laquelle ils ont vu cette lumière.
Pour essayer d'exprimer, de comprendre et d'incarner cette non dualité entre l'individuel, l'universel et le transcendant... il faut un effort. Il y a des concentrations sans effort mais elles réclament de l'énergie. Avant d'y parvenir il faut y mettre de l'effort. Cette concentration et cet effort qui la permettra semblent justifiés surtout si cette non dualité plus large et inclusive met en jeu de manière concrète l'éducation de nos enfants et donc l'avenir de notre humanité.
L'autodétermination de soi qui unit sans dualité notre dimension individuelle, notre dimension universelle et notre dimension transcendante dépasse allègrement tout dualisme entre liberté et déterminisme...
Les deux discours ont leurs vertus pédagogiques d'ailleurs.
Comment éduquer un enfant sans l'encourager à être libre de certains désirs ? Il faudra lui faire prendre conscience que certains désirs l'enferment et le limitent même s'ils lui apportent du plaisir. Il faudra bien qu'ils luttent avec eux pour les voir tels qu'ils sont et découvrir qu'il y en a de plus grands, de plus libérateurs de pouvoirs encore inconnus de lui ! Parfois, s'il voit en lui cette autre lumière plus belle, son choix est porté par la grâce. Le sens spirituel profond du libre-arbitre chrétien est alors retrouvé, s'il fonctionne avec cette notion de grâce et de beauté perfectible de notre être individuel.
Mais il est vrai que parfois face à des événements en apparence difficile, il y a une pédagogie déterministe utile. Prendre au sérieux une autodétermination de la vie universelle au cœur même de son processus d'individuation fait entrevoir que la pire cruauté de la vie est parfois ce qui va provoquer en nous le mouvement de foi le plus pur en la non dualité de la vie. Et quand ce mouvement de foi qui nous porte des apparences vers la réalité s'accomplit, le drame personnel devient mystérieusement le lieu de la vie universelle reprenant conscience d'elle-même.
Si les deux perspectives ne s'annulent pas, on peut découvrir un fait étrange et insupportable au niveau de l'ego : c'est toujours le développement de mon essence individuelle que la vie universelle satisfait. J'ai toujours voulu tout ce qui m'est arrivé et tout ce qui m'arrive. Je l'ai toujours voulu en tant que vie universelle et en même temps en tant que individuation de la vie universelle. Même individuellement, donc, je me réalise être une autodétermination créatrice de la vie universelle.
Autrement dit, découvrir qui nous sommes universellement et individuellement met en jeu toute la dynamique cosmique, Mahashakti disent les indiens. Comme si cette dynamique cosmique qui fait évoluer l'univers était une individualité au service et en harmonie totale avec l'individuation de la vie que nous sommes.
C'est ce dont témoignent certains sages indiens, en outre dans la Katha Upanishad. Découvrir le soi individuel qui fait un avec le soi universel, c'est découvrir dans son cœur, la présence constante de la déesse mère, Aditi, Mahashakti, etc.



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