jeudi 20 juin 2019

LE FEU DANS LA GROTTE DU CŒUR ET LA LUMIÈRE DU SOI DANS LA KHATA UPANISHAD



Il est toujours impressionnant de lire un compte rendu au détail près de Cela qui s'expérimente en soi. Et voici ce qui est en train de se stabiliser au cœur de mon aventure:


 Katha Upanishad   -     Extrait
Upanishad-Conte
Traduite et annotée par M. Buttex
D'après la version anglaise de Vidyavachaspati V. Panoli,
et celle de Swami Nikhilananda, dans "The Upanishads - A New Translation" 


2-I-1. Yama poursuivit son enseignement : « Le Seigneur suprême, qui est Son propre support d'existence, a condamné les organes des sens à se tourner vers le monde extérieur. Aussi l'humain perçoit-il uniquement les objets qui lui sont extérieurs, mais non son Soi intérieur (qui lui reste invisible, imperceptible, voire insoupçonné - NdT). Seul le sage, dont le regard s'est détourné du monde extérieur, et qui est en quête d'immortalité, contemple le Soi intérieur.
2-I-2. Les ignorants poursuivent les plaisirs éparpillés dans le monde extérieur; ils tombent dans les mailles de la mort qui tend ses filets grand ouverts (1). Mais les sages, ayant un avant-goût de l'inébranlable constance de l'Immortalité, ne peuvent plus convoiter ici-bas quoi que ce soit d'inconstant.
1 Autant que de la mort finale qui achève l'existence, il semble s'agir aussi de ces morts multiples et incessantes qui sont la fin désenchantée, parfois amère, de l'enchantement du plaisir ou de l'illusion; tel est le lot du chercheur de plaisirs externes et matériels.
2-I-3. En vérité, c'est par l'Atman que nous connaissons les formes, les saveurs, les odeurs, les contacts, les plaisirs sexuels. Reste-t-il, ici-bas, quelque chose qui soit inconnaissable pour le Soi ? C'est en vérité Cela (Tat) (1), que tu cherches.
1 Tat : « Cela » -: L’Absolu dont on ne peut rien dire, sinon que Lui seul est, en vérité.
     2-I-4. C'est par l'Atman que nous percevons tous les objets, que ce soit dans le sommeil ou dans l'état de veille. Ayant réalisé l'Atman, vaste et tout-pénétrant, l'âme paisible du sage ne connaît plus le chagrin.
2-I-5. Quiconque connaît intimement le Soi, qui Se nourrit du miel (de la Félicité - NdT), qui est le support des souffles vitaux (pranas) et le Seigneur du passé et du futur, ne cherchera désormais aucune autre protection. C'est en vérité Cela (Tat) que tu cherches.
2-I-6. Il connaît en vérité Brahman celui qui connaît le Premier-né, enfanté par l'ascèse (Tapas) avant même les eaux du cosmos, et résidant, en compagnie des éléments, dans la grotte du cœur (cf. 1-II-20). C'est en vérité Cela (Tat) que tu cherches.
2-I-7. Il connaît en vérité Brahman celui qui connaît Aditi (1), l'âme de toutes les divinités, qui naquit sous la forme du souffle vital (prana), qui fut manifesté en même temps que les éléments, et qui, pénétrant dans la grotte du cœur, y trône assis. C'est en vérité Cela (Tat) que tu cherches.
1 Aditi : « l'Étendue primordiale », l'espace infini et sans rivage sous lequel apparaît la Déesse-Mère, en tant que Shakti de Brahma, douée d'une énergie prodigieuse. Elle est la Mère des Dieux (Deva Matri), mais aussi de la Terre, et des planètes du cosmos. Elle fut extrêmement prolifique, les plus célèbres de ses fils étant le Soleil et les Adityas« Aditi est le ciel, Aditi est la sphère de l'espace, Aditi est la mère, le père, le fils. Aditi est tous les dieux, les cinq sortes d'hommes, tout ce qui est né et naîtra... », dit le Rig Véda, I-89-10.
2-I-8. Agni, le Feu sacrificiel, est logé dans les deux aranis (1), bien en sûreté, tout comme le fœtus que porte avec précaution la future mère dans sa matrice; un culte quotidien lui est rendu par les hommes qui sont éveillés et par ceux qui offrent les oblations dans les sacrifices. C'est en vérité Cela (Tat) que tu cherches.
Aranis : « Matrices » du feu sacrificiel: les morceaux de bois dont le frottement fait jaillir l'étincelle.
2-I-9. De Cela, le Soleil se lève; en Cela, il se couche; en Cela, toutes les divinités sont contenues, en Cela nul ne peut pénétrer à sa guise. C'est en vérité Cela (Tat) que tu cherches.
2-I-10. Ce qu'on trouve ici-bas, on le trouve au-delà; ce qu'on trouve au-delà, se trouve déjà ici-bas. Pour quiconque voit l'ici-bas comme fondamentalement différent de l'au-delà, vivre n'est que le passage d'une mort à la prochaine mort.
2-I-11. Seule la conscience peut atteindre à Cela; il n'y a ici aucune différence quelle qu'elle soit. Quiconque voit ici une différence, passe d'une mort à une mort.
2-I-12. Le Purusha (cf.1-III-11), de la taille d'un pouce, réside à l'intérieur du corps. Le réalisant comme Seigneur du passé et du futur, on ne cherche plus dès lors à se protéger. C'est en vérité Cela (Tat) que tu cherches.
2-I-13. Le Purusha, haut d'un pouce, est semblable à une flamme sans fumée, et Il est le Seigneur du passé et du futur. Tel qu'Il existe en cet instant, tel Il existera demain. C'est en vérité Cela (Tat) que tu cherches.
2-I-14. La pluie qui tombe sur un pic montagneux, ruisselle le long des rochers dans toutes les directions; de même, celui qui voit les attributs comme différents (et donc séparés) de Brahman, se met en fait à courir après eux dans toutes les directions.
2-I-15. L'eau pure qui coule dans l'eau pure, se fond en elle et en devient indiscernable; ainsi le Soi du sage qui sait se fond, ô Gautama (1), dans le Soi suprême.
1 Gautama : cf. 1-I-10. Nachiketas, comme son père Vajasravasa, appartiennent au clan des Gautama, et l'on peut considérer Gautama comme leur patronyme. Jusqu'à la fin, Yama ne s'adressera plus à Nachiketas qu'en tant que Gautama, montrant par là moins de familiarité, plus de respect face à ce mortel remarquable entre tous !

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