Libre-arbitre ou déterminisme ?
Vraie question ou question de points de vue ?
A un niveau, la spiritualité semble ressortir d'un choix d'un ego. A un autre, c'est une libération par reconnaissance d'une détermination. A un niveau plus profond, cela ressemble encore à une décision personnelle d'une âme, l'étincelle divine en nous, en arrière-plan de l'ego, qui a consenti à toutes les déterminations par lesquelles elle mènerait à bien son développement. Mais là encore, à un autre niveau plus profond, la décision d'une âme, à tel moment, semble s'inscrire dans une trame divine où cette décision était inscrite depuis longtemps par une conscience divine supérieure. Et qui sait s'il n'y a pas d'autres possibilités de rapport entre niveaux de déterminations et niveaux de liberté ?
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Raccourci :
Il y a des décisions. Certaines libèrent, d'autres non. Certaines élargissent, d'autres non. Certaines font évoluer, d'autres ne font que nous faire tourner en rond sur un même plan.
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Prise de conscience libératrice du déterminisme :
J'ai choisi ceci et ceci a échoué. Qu'est-ce qui a déterminé mon échec ? Je vois mon choix d'un côté, la fidélité à un projet et la logique événementielle qui a produit l'échec. Et si je comprends que tout est dans les mains d'une unique vie, quelle sera la décision ? je peux protester contre elle et son injustice ou je peux comprendre l'opportunité de vouloir ce qu'elle veut.
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Liberté comme participation à la manifestation de la vie divine :Il y a les petits désirs qui m'enchaînent à des jeux de forces universelles. Par exemple, les désirs sexuels sont de ceux-ci puisqu'il y a un élément impersonnel en eux. Le désir sexuel reste un désir au service de l'espèce même si je le personnalise, même s'il participe à des relations, même si je le détourne de sa fonction reproductrice. Il y a aussi des désirs mimétiques : réussir, être reconnu, réaliser mon ambition, etc. Ces petits désirs affirment que "rien ne se fait de grand sans passion" mais ce sont des forces sociales. Ils peuvent entraîner des libérations car, parfois, ils nourrissent telles revendications légitimes, etc. Tous ces désirs forment mon ego mais ce sont des individualisations de forces universelles ou de mèmes culturels.
Il y a les grands désirs. Eux ils sont liberté d'une âme qui individue la vie universelle. Ils sont au service d'une divinisation de la vie humaine. Par exemple, il y a le désir du beau, le désir de la perfection, le désir du vrai, etc. Ces grands désirs ne sont jamais ressentis comme des manques car ils portent en eux la plénitude en même temps que leur besoin. Ces désirs sont patients, calmes et doux. Ils peuvent être comme le cri d'une âme face à la misère humaine, mais d'une âme qui se sait un feu divin grandissant qui appelle une énergie et une conscience au-delà du registre humain usuel.
Les petits désirs sont liés à des appétits pulsionnels et les grands désirs à une aspiration spirituelle proprement dite (EROS pour Socrate et Platon).
De quelle liberté est-il question si on ne discerne pas ces deux qualités du désir ?
Détournons légèrement Platon. La liberté créatrice n'est-elle pas de soumettre l'énergie des petits désirs à nos grands désirs ? Les discerner libérera notre âme des déterminations des petits désirs. Quand elle-même agira consciemment par notre volonté, nos sentiments, notre énergie vitale, elle manifestera le divin.
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Liberté comme autodétermination du divin :
Un jour un mur s'est effondré : mon ego et ses vouloirs masquait mon âme, un oui total au fond du cœur à la vie divine. Tout a toujours été voulu par mon Maître et sa Shakti. Et moi, en mon âme, j'ai toujours voulu ce qu'il veut. Dans le grand tissu du temps, il a esquissé l'aventure... Combien de vies incarnées ? peu importe, mon âme se sait, dans cet espace et ce temps, ce voyageur sans âge venu œuvrer pour son Maître et sa Shakti. Mon âme, c'est la volonté divine en moi.
Tout a toujours été voulu par le divin en son Être (le maître) et en son devenir (sa Shakti), on ne peut réaliser ceci qu'en découvrant son âme qui fait toujours joyeusement et dans l'équanimité la volonté du divin.
En cette conscience croissante d'une trame du temps préexistante, qu'est-ce qui empêche de penser que certaines âmes, comme flamme divine individuée particulièrement développée, pourraient participer à un pouvoir divin de jouer sur la trame du temps à venir ?
Voici un poème de Niranjan Guha Roy évoquant le niveau d'autodétermination créatrice divine :
https://www.motherland-guharoy.net/l-artiste-divin/
L' Artiste Divin
Tous les jours
Il travaille sur une immense toile
accrochée au ciel.
Des ages défilent,
chacun laisse sa trace
dans le tableau géant.
Le Peintre reprend
ses brosses et ses couleurs
avec la même joie invariable.
Les ombres deviennent légères,
le choc des couleurs moins brutal.
Les coups de pinceau
sont moins hachés,
on dirait qu’ils dansent.
Le décor change tout le temps
à tel point que l’hier est
déjà inexistant.
Toujours en avant, frénétique,
le peintre court
pour attraper l’avenir.
L’Univers d’hier est englouti
dans la nuit irrécupérable.
Le demain
avec ses surprises inattendues
arrive tellement vite.
Pourtant à n’importe quel moment,
c’est un tableau achevé.
Rien à désirer,
rien n’y manque,
toujours une prise de vue parfaite.
A tout moment
le nouveau tableau disparaît
dans le Néant.
Le Demain dans son cortège
amène
des révélations éblouissantes.
Les rires, les pleurs, les luttes
et les victoires d’hier
sont périmés.
On ne peut jamais faire marche arrière,
on est loin en avant.
Le peintre ne se lasse pas de défouler
ses rêveries sur la toile.
L’Hier, est ce que c’était seulement
à vingt quatre heures d’ici ?
Ou à un an, cent ans, mille ans
ou à des milliards d’années ?
Qu’importe ! Chaque instant glisse
dans un abîme de nuit.
L’avenir n’est pas inventé hors du rien,
il existe dans le passé.
Le présent
n’est qu’un pont lumineux
sur le ruban mobile du Temps.
Tous les tableaux imaginables
sont enfermés
dans le rêve, l’Idée Réelle,
Dans un seul point
sans espace ni temps de l’Unique,
du Brahman
Qui se déferle, inépuisable,
imprévisible
dans la manifestation éternelle.
Le Peintre dévoile son existence
dans chaque tableau, raconte sa vie.
Mais qui a jamais saisi
son vrai visage ?
Son tableau n’est jamais terminé.
Pourtant Il est tellement présent…
cette revue mystique sans fin,
Des milliards de visages et de regards…
Ses reflets innombrables fugitifs.
Nous restons muets
devant le Mystère d’une Beauté,
d’une Béatitude !
Tout a toujours été voulu par le divin en son Être (le maître) et en son devenir (sa Shakti), on ne peut réaliser ceci qu'en découvrant son âme qui fait toujours joyeusement et dans l'équanimité la volonté du divin.
En cette conscience croissante d'une trame du temps préexistante, qu'est-ce qui empêche de penser que certaines âmes, comme flamme divine individuée particulièrement développée, pourraient participer à un pouvoir divin de jouer sur la trame du temps à venir ?
Voici un poème de Niranjan Guha Roy évoquant le niveau d'autodétermination créatrice divine :
https://www.motherland-guharoy.net/l-artiste-divin/
L' Artiste Divin
Tous les jours
Il travaille sur une immense toile
accrochée au ciel.
Des ages défilent,
chacun laisse sa trace
dans le tableau géant.
Le Peintre reprend
ses brosses et ses couleurs
avec la même joie invariable.
Les ombres deviennent légères,
le choc des couleurs moins brutal.
Les coups de pinceau
sont moins hachés,
on dirait qu’ils dansent.
Le décor change tout le temps
à tel point que l’hier est
déjà inexistant.
Toujours en avant, frénétique,
le peintre court
pour attraper l’avenir.
L’Univers d’hier est englouti
dans la nuit irrécupérable.
Le demain
avec ses surprises inattendues
arrive tellement vite.
Pourtant à n’importe quel moment,
c’est un tableau achevé.
Rien à désirer,
rien n’y manque,
toujours une prise de vue parfaite.
A tout moment
le nouveau tableau disparaît
dans le Néant.
Le Demain dans son cortège
amène
des révélations éblouissantes.
Les rires, les pleurs, les luttes
et les victoires d’hier
sont périmés.
On ne peut jamais faire marche arrière,
on est loin en avant.
Le peintre ne se lasse pas de défouler
ses rêveries sur la toile.
L’Hier, est ce que c’était seulement
à vingt quatre heures d’ici ?
Ou à un an, cent ans, mille ans
ou à des milliards d’années ?
Qu’importe ! Chaque instant glisse
dans un abîme de nuit.
L’avenir n’est pas inventé hors du rien,
il existe dans le passé.
Le présent
n’est qu’un pont lumineux
sur le ruban mobile du Temps.
Tous les tableaux imaginables
sont enfermés
dans le rêve, l’Idée Réelle,
Dans un seul point
sans espace ni temps de l’Unique,
du Brahman
Qui se déferle, inépuisable,
imprévisible
dans la manifestation éternelle.
Le Peintre dévoile son existence
dans chaque tableau, raconte sa vie.
Mais qui a jamais saisi
son vrai visage ?
Son tableau n’est jamais terminé.
Pourtant Il est tellement présent…
cette revue mystique sans fin,
Des milliards de visages et de regards…
Ses reflets innombrables fugitifs.
Nous restons muets
devant le Mystère d’une Beauté,
d’une Béatitude !