Une crise morale peut engendrer de nouvelles valeurs.
Une crise économique peut engendrer de nouveaux équilibres.
Une crise sociale peut engendrer une révolution.
Une crise écologique peut entraîner une extinction d'espèce.
etc.
Mais quand une crise concentre à ce point toutes les formes de crise, c'est l'impasse d'une manière d'être biologique.
Quel est le mode d'être biologique qui a besoin d'être dépassé ?
Jusqu'à présent le vivant a vécu dans la peur et la crainte de perdre sa vie, de ne pas la gagner, de ne pas avoir de travail, etc. La concurrence économique joue sur des facteurs malthusiens : le pétrole, les matières premières précieuses, la consommation de produits rares. Les religions sont encore en train d'estimer majoritairement que l'abondance matérielle se trouvera au paradis et que ce monde est une vallée de larmes pour les exclus de l'économie (ce discours est le fer de lance d'une bonne part de l'intégrisme religieux qui a repris dans le monde le flambeau des communismes évanescents). L'égoïsme nationaliste prolonge volontiers ces logiques malthusiennes.
Mais les biologistes eux-mêmes commencent à relativiser le malthusianisme darwinien. Le vivant fournit au vivant le moyen de sa propre évolution. Il y a des crises évolutives liées à des bouleversements climatiques majeurs. Mais à chaque fois dans la biodiversité, une catégorie de survivants a offert une nouvelle exploration des potentialités du vivant qui a redynamisé toute la toile du vivant. J'observe que cette exploration accompagne une exploration de modes de conscience d'être où l'individualité semble s'explorer autant que des formes d'être-ensemble.
Les premières bactéries à consommer du Co2 ont failli mener à la faillite du vivant en produisant de l'o2 qui a refroidi dramatiquement le climat : c'était la première extinction massive. Une forme de vie est apparue qui a consommé de l'O2 et produit du co2. Nous sommes à l'heure de la 7ème extinction où l'animal humain pourrait spirituellement devenir plus conscient de sa participation à l'évolution de l'environnement, du vivant et de sa conscience.
Sur ce schéma, manque la première extinction liée au manque d'équilibre Oxygène/Co2 |
Il ne s'agit ni de gagner sa vie, ni de gagner les élections, ni de gagner de nouveaux coreligionnaires, etc. il s'agit de participer plus consciemment à une évolution créatrice.
Cette tâche spirituelle me paraît beaucoup plus aisée aujourd'hui en France qu'ailleurs. Car notre projet fondamental moderne de liberté, d'égalité et de fraternité est inachevé.
Au moyen-âge régnaient les intégrismes religieux monothéistes. A l'époque dite des Lumières, l'obscurantisme, la superstition et le goût de la hiérarchie dominaient le monde malgré quelques frémissements de tolérance religieuse. Enfin aujourd'hui le règne du profit nourrit l'inculture (l'élimination du latin comme discipline me semble caractéristique), promet l'intégration économique par l'école tout en nourrissant l'inutilité sociale de masse et à la fin s'étonne de retours à l'obscurantisme. Cependant ces forces psychiques visant au profit me semblent moins effrayantes que le règne des castes guerrières ou religieuses car le profit croit de moins en moins qu'il a pas besoin de restreindre les libertés d'expression vus que les médias vivent des profits de l'audimat, qu'une information pour être combattue doit juste être noyée dans la désinformation ou l'inculture... Dès lors ce qui viendra dépasser cette conscience mesquine surgira silencieusement (du point de vue médiatique), n'aura aucunement de violence pour s'imposer comme une nouvelle forme de vie collective à incarner. Car la république démocratique dont nos politiques représentants de commerce se targuent n'est qu'un projet inachevé que par leurs intérêts ils ne pourront jamais sincèrement servir. Mais comme Rousseau y insiste nous ne pouvons pas être citoyen juste en laissant glisser un bulletin de vote dans une urne pour donner notre pouvoir de décision à un représentant qui ne tient pas ses promesses mais poursuit des intérêts ploutocratiques.
La force du profit qui tient en la croyance qu'il faut gagner sa vie, que la sécurité tient à la possession de la denrée malthusienne qu'est l'argent, etc. tombera... Les damnés de la terre qui rêvent encore de paradis religieux ou d'arrières-mondes s'ils constatent qu'on peut leur permettre d'échapper à la malédiction de devoir gagner sa vie laisseront tomber leurs guerres saintes... Toutes ces défaillances spirituelles sont la traînée des unes des autres.
Quand le tyrannosaure est encore en haut de la chaîne du vivant, on a un monde bien étranger à la compassion, à l'empathie, etc. Un docufiction sur cette manière d'être vivant vivant le montre aisément.
Quand le tyrannosaure est encore en haut de la chaîne du vivant, on a un monde bien étranger à la compassion, à l'empathie, etc. Un docufiction sur cette manière d'être vivant vivant le montre aisément.
Dans le système global des représentations mentales et donc des mentalités, n'oublions donc pas que le haut de la chaîne est lié aujourd'hui à la valeur de profit. Certes à la marge nous avons des mentalités guerrières et religieuses dont nous avons sentis fort récemment la force de nuisance. Mais n'oublions pas que leur armement est une production industrielle commercialisée achetée grâce à la commercialisation de coton, de pétrole, de drogues, etc. N'oublions pas que le recrutement insiste sur des conditions de vie matérielle enviables. N'oublions pas que ces descendants d'immigrés mal intégrés capables de haine contre leur pays n'ont pas été éduqués ou rééduqués faute de moyens alloués à l'éducation, à la justice comme instance de sanction, à la justice comme instance de réhabilitation, à la médecine psychiatrique et à la psychologie. Et quand les moyens existent encore : on favorise en psychiatrie le médicament au lieu d'un travail de libération de l'esprit, on réduit l'école à des techniques mentales en vue de produire de bons petits soldats du profit et on regarde avec condescendance les disciplines axées sur le développement du sens critique. L'individualisme du profit met à mal toute solidarité nationale en ne payant pas l'impôt, en exploitant l'immigration au travail au lieu d'intégrer les chômeurs dans la vie active, etc.
Ainsi avec mes enfants je regarde parfois des docufictions sur les dinosaures et je prends conscience de la patience de la nature pour créer des individus de plus en plus conscients et solidaires dans l'unité de la conscience. Dans le monde des dinosaures à l'apogée, le tyrannosaure est caractéristique. Il y a un début d'attention à ses progénitures mais elles peuvent s'entretuer ou s'exclure, pas d'intervention parentale, et la mère peut à l'occasion en manger une si la chasse n'est pas bonne.. Ces docufictions sont peut-être bâtis avec le préjugé darwinien d'un struggle for life. Mais en tout cas les bestioles inoffensives de l'époque n'étaient que des proies.
Aujourd'hui se joue un tournant évolutif : une part de nous veut un monde où le haut de la chaîne du vivant ne soit plus dominé par un pur prédateur mais dans cette tâche nous devons apprendre à trouver la confiance dans ce monde à venir en voyant qu'il surgit de notre intériorité, qui elle vit déjà dans l'unité, la paix et se réjouit dans l'amour inconditionnel et non préférentiel qui s'incarne dans le monde... La désespérance est l'ennemi de cette cause...
Il y a alors une hiérarchie évidente de valeurs humaines qui s'imposent à l'esprit : cette profondeur doit mettre au pas le profit sous la forme d'un enrichissement matériel durable justement partagé et la force économique enfin soumise à la justice mettra naturellement au pas ces guerriers égarés (voire les psychopathes ou sociopathes instrumentalisés mais cependant engendrés au sein d'une société pour qui la rentabilité économique est trop souvent au-dessus du souci de l'humain). En effet ces guerriers ne sont rien sans des agriculteurs qui les nourrissent, des industriels qui en fermant les yeux acceptent qu'on leur vende leurs armes ou qu'on leur fournisse des moyens de télécommunication et enfin des financiers qui fricotent avec d'autres financiers qui eux par idéologie investissent.
Mais pour installer ce bon ordre, une radicalisation démocratique de l'égalité, de la liberté et de la fraternité est nécessaire : par exemple que tout citoyen soit muni d'un revenu inconditionnel d'existence du fait d'être respectueux des fondamentaux de sa citoyenneté. Chacun sentirait matériellement sa mère patrie n'ayant pas à lui quémander son allocation logement, son assurance chômage, son assurance maladie, ses bourses, son allocation handicapée, l'avancée de son dossier pour toucher la retraite, etc. Enfin nous aurions par ailleurs des contrats de travail démocratiques puisque l'employé ne serait pas soumis au bon vouloir de l'employeur. On travaillerait clairement pour créer un surplus de richesse et non plus pour gagner sa vie. On travaillerait pour le luxe, pour la création, etc. Et certains auraient enfin les moyens de développer une spiritualité sans dépendre de la solidarité d'une église, d'une secte, du financement de ceux à qui ils sont sensés enseigner l'autarcie du sage. Quant au chercheur spirituel s'il devient clair que le profit n'a rien de justifiable spirituellement, il ne se laisserait plus aller à accepter les compromis des enseignants spirituels auto-proclamés. Une économie du partage en dehors de l'argent serait alors rendue possible... Le souci de l'humain et la fraternité ne seraient plus un vain mot. La spiritualité ne peut plus se réduire à une émancipation de nos illusions psychologiques et identitaires, elle doit être une participation de plus en plus consciente au mouvement de manifestation du réel qui émane de notre essence.
Il faut que nos spiritualités aient après la découverte de l'Esprit, une Âme pour enfin prendre Corps dans le monde.
Il faut que nos spiritualités aient après la découverte de l'Esprit, une Âme pour enfin prendre Corps dans le monde.
Je ne dis pas que nous serions nous les coupables des récents attentats : interrogés individuellement les producteurs économiques, les industriels ou les financiers n'ont pas pour stratégie de nourrir une nouvelle guerre mondiale. Je ne crois guère à des planifications de l'horreur à but lucratif. Je vois bien qu'il y a des théocrates qui utilisent l'économie par le haut des ses succès et par le bas de ses défaillances et des ploutocrates embarrassés. Je dis juste que le commerce a bien évité l'horreur thermonucléaire entre la Chine , L'Inde, La Russie, Les USA, etc. Nous sommes loin des années 80 où la fin globale de l'humanité dans un tel conflit n'était pas absurde. Aujourd'hui je pense que le commerce et les logiques ploutocratiques ne peuvent pas vaincre l'horreur. Le totalitarisme a changé de visage : il produit de l'horreur d'une nouvelle façon. Mais contrairement aux analyses qui insistent que la responsabilité et les choix des uns et des autres, idéologie qui nourrit l'ultralibéralisme, je pense que les êtres humains n'ont que des marges de manœuvre plus ou moins développées. Ils sont très souvent inconscients des forces qui les meuvent et même celui qui a réalisé l'Esprit en surmontant l'égocentrisme de sa conscience individuelle n'a pas pour autant en son son cœur une âme établie véritablement dans sa liberté créatrice de fils de Dieu. La réalité est systémique, les effets sont systémiques nous disent les rationalités les plus raffinées et pertinentes. Comment accéder à notre âme, notre authentique liberté créatrice sans ce type de mentalité pour l'exprimer. La réalité d'ailleurs est au-delà, inanalysable mentalement mais une pensée systémique est utile pour traduire quelques intuitions sur-mentales autrement que par la poésie...
Autre remarque.
RépondreSupprimerJe pense que nous ne pouvons pas nous contenter de couper les mauvaises herbes qui commencent à égrainer même si c'est bien sûr une tâche urgente et nécessaire. Il faut empêcher celles qui sont encore jeunes et tendres de devenir semblables et comme nous sommes humanistes, il ne faut pas les éradiquer à la naissance mais les hybrider dans leur identité pour qu'elles soient tout à la fois fidèles à leurs origines mais aussi ouvertes et incapables d'étouffer les autres plantes autour d'elles. Pour moi, il me suffit d'observer les USA où régulièrement surgissent des terroristes kamikazes qui n'ont plus d'autres causes à défendre que leur narcissisme psychopathologique... Il suffit de voir en France le nombre impressionnant de chauffards qui une fois leur piéton écrasé fuit, la dangerosité d'un nombre impressionnant de conducteurs... Il y a certainement des causalités sociales systémiques de nos sociétés capitalistes qui produisent ce genre d'individus capables d'occulter l'autre au point de le tuer plus ou moins involontairement. J'ai proposé ici quelques pistes mais il y en a certainement d'autres.