Le perfectionnisme de l'ego est une erreur indéniable. Mais il y a un préjugé répandu dans le monde spirituel de la non dualité contre une voie de perfectionnement au cœur de l'éveil lui-même.
Celui qui voit sa vraie nature de conscience infinie vit dans la sainteté. Mais voir sa vraie nature et baigner dans la sainteté n'est nullement une garantie d'une voie de perfection sincère.
La sainteté est notre être. La sainteté nous plonge dans notre dimension éternelle sans devenir. Il suffit ainsi d'une prise de conscience de notre être pour vivre la sainteté.
Mais la sainteté est souvent confondue trop vite avec la perfection qui doit condamner tout perfectionnisme. Les refrains du "il n'y a rien à faire" ou celui du "tout est parfait" sonnent souvent creux quand ils ne résonnent pas comme un déni. L'ego fait ses petites affaires et dès qu'on lui cherche querelle ou qu'on lui demande des comptes, soudain il revient prendre refuge dans la lumière. Il y a soudain avantage à dire sa dissipation pour ne pas entendre l'imperfection qui demeure et qui obscurcit la lumière de la sainteté pourtant indéniablement réalisée...
Il y a une perfection de la sainteté. Ne pas ressentir la perfection qu'il y a dans la sainteté de notre être essentiel signifie que cet être essentiel ne s'est pas réalisé au centre de notre individualité. La sainteté véritable voit la perfection de ce qui est, ici et maintenant. Mais si la sainteté n'aspire pas à davantage de perfection, elle manque l'aspiration à la participation la plus parfaite possible au devenir de ce qui est ici et maintenant.
Autrement dit, la sainteté voit la perfection du tout surgissant du rien ici et maintenant, car ce qui jaillit est dans sa totalité manifestation de l'être. Et en même temps qu'est vue la perfection du tout et l'éclat de l'être, l'aspiration à la perfection voit de plus en plus nettement les détails insatisfaisants même si le tout est parfait. Sans cette reconnaissance de l'imperfection dans le détail, il y a une libération spirituelle sans aucune compassion. La compassion reconnaît la souffrance et la douleur comme des imperfections manifestées à dépasser. Cette aspiration à la perfection qui implique la compassion met à l'écoute de la créativité intérieure du divin qui seule peut reprendre à travers nous le tableau qui se présente et le porter par sa grâce à plus de perfection.
Premièrement, cette grâce créatrice qui répond à l'aspiration sainte à la perfection ne se réduit pas à un chemin moral, à un idéal politique, etc. car c'est un procédé qui ne se réduit pas à des conceptions mentales à réaliser. Ici l'intuition créatrice est plus ou moins raffinée, élevée, illuminée, etc. L'artiste qui ne cherche pas centralement une solution mentale comme le scientifique sait qu'il y a plusieurs niveaux de qualité intuitive. Sa qualité d'aspiration détermine la qualité de la grâce créatrice qu'il pourra incarner.
Deuxièmement, aucun détail ne peut être amélioré en ignorant la perfection du tout et l'éclat de l'être qui manifeste le devenir. La grâce créatrice qui répond à l'aspiration à la création a besoin d'une expérience de la sainteté. Cette intuition de la perfection du tout et du presque rien dans lequel et par lequel il se manifeste est la base spirituelle de toute intuition créatrice de perfectionnement du détail.
En écho un texte de Quelques réponses de Mère, la compagne de Sri Aurobindo :
Le 13 juin 1960
Deuxièmement, aucun détail ne peut être amélioré en ignorant la perfection du tout et l'éclat de l'être qui manifeste le devenir. La grâce créatrice qui répond à l'aspiration à la création a besoin d'une expérience de la sainteté. Cette intuition de la perfection du tout et du presque rien dans lequel et par lequel il se manifeste est la base spirituelle de toute intuition créatrice de perfectionnement du détail.
En écho un texte de Quelques réponses de Mère, la compagne de Sri Aurobindo :
On garde ses défauts, parce qu'on s'y cramponne comme à quelque chose de précieux ; on tient à ses vices comme on tient à une partie de son corps, et arracher une mauvaise habitude fait aussi mal que de s'arracher une dent. Voilà pourquoi on ne progresse pas.
Tandis que si on fait généreusement l'offrande de son défaut, de son vice ou de la mauvaise habitude, alors on a la joie de faire une offrande et, en échange, on reçoit la force de remplacer ce qui a été donné, par une vibration meilleure et plus vraie.
Le 13 juin 1960
Bonjour Serges et merci pour ce texte.
RépondreSupprimerEn effet c'est très subtil, la conscience pure n'est pas perfectible et le perfectionnement de l'égo n'est pas souhaitable. Pourtant entre libération et transformation il y a chemin. Merci d'apporter cet éclairage, c'est rarement précisé dans le monde spirituel de la non dualité.
Concevoir la lumière comme un refuge ou s’exercer à y mourir ne relève pas tout à fait de la même démarche. N'est-ce pas ce que Douglas Harding indiquait dans "le petit livre" en écrivant "J'emprunte les trois voies à la fois : la première automatiquement, et la deuxième en pratiquant la troisième." ?
Bien à toi,
LL
RépondreSupprimerAujourd'hui m'est venue une autre variation sur le même thème :
1 - Ce qui est l'illusion est le vécu égocentrique de la conscience, ce n'est pas à confondre avec le vécu de soi en tant que personne ;
2 - Apercevoir l'essence de l'être n'est pas la fin car si pendant un instant le mécanisme égocentrique de la conscience a été rompu, il reprend vite ses droits ;
3 - Il y a une évolution de la personne, un développement en dehors des mécanismes égocentrique de la conscience : la personne se découvre en sa dimension transpersonnelle ;
Cependant, dans cette évolution de la personne, il me semble qu'il faut reconnaître que l'essence de la conscience est parfaite, il faut qu'il y ait reconnaissance d'une dimension parfaite imperfectible qui est plus moi que moi-même, plus intime à moi que moi-même disait Augustin d'Hippone. Car sans cette reconnaissance d'une dimension de nous-mêmes parfaitement parfaite nous ne pourrons pas parfaire l'abandon de notre personne à Cela seul qui peut la parfaire.