vendredi 23 août 2013

L'EVEIL INELUCTABLE. Rien n'est contre (Episode 3).



L’éveil inéluctable
Que nous devenions de plus en plus conscients de Ton gouvernement souverain de ce monde qui n’est qu’un champ immense de Ta propre manifestation.
Il y a encore un léger voile dans la conscience qui parfois me fait oublier la vérité fondamentale que Tu es tout, chaque chose, chaque être, que Tu es partout, que Tu vois tout, connais tout et que Tu mènes tout vers l’accomplissement divin, chacun selon son développement évolutif. La Force de Vérité en action exposera tout le mensonge où qu’il soit et l’éliminera sans indulgence. Le monde entier subit la pression écrasante de Ta force transformatrice. Il se transformera en sa réalité divine ou il disparaîtra englouti dans la passé, oublié. Ton aide est présente avec tous ceux qui aspirent à une vie d’unité, de paix, d’harmonie, qui sont libres de toute rapacité, de toute passion, cruauté, violence, égoïsme aveugle et effréné. Toutes les barrières érigés par la vision étroite humaine , les religions exclusives, les systèmes politiques despotiques, basés sur la division et le bien être uniquement matérialiste, dominés par le nombre de adhérents, la quantité et non la qualité morale et éthique universelle, le nationalisme militant, en somme tous les éléments qui divisent les hommes au lieu de les unir dans une diversité multicolore seront progressivement éliminés par un éveil de la Réalité spirituelle qui est identique chez tous les hommes, dans tout ce qui existe. Naturellement cet éveil inéluctable est progressif suivant l’état de conscience actuel de l’individu. Ceux qui émergeront dans cette Réalité divine deviendront spontanément les agents lumineux de la Mère Divine. Ils n’agiront pas de la manière humaine mais en silence, invisiblement, un peu comme les elles-mêmes naturels qui sont hors du contrôle des hommes, mais ils apporteront le bonheur la paix, l’harmonie et la joie aux êtres assoiffés de conscience divine ?
Niranjan Guha Roy -2000

mardi 20 août 2013

DE "TOUT EST NEUTRE" A "RIEN N'EST CONTRE" DU POINT DE VUE INTERIEUR. Rien n'est contre (Episode 2).


http://eveilphilosophie.canalblog.com/archives/2011/11/16/22694250.html
Selon nous, la vérité de la non-dualité n'est pas dans l'affirmation métaphysique que "tout est neutre". Ce serait prendre le risque d'enfermer ce qui outrepasse le mental dans une formulation mentale discutable. La vérité de la non-dualité a plus exactement à voir avec l'affirmation pratique et métaphysique que "tout est égal". Autrement dit la non-dualité vécue dans sa profondeur la plus radicale est l'effacement des préférences personnelles y compris dans leur dimension culturelle et non leur simple relativisation. Un enjeu pratique éminent d'un approfondissement de la non-dualité au cœur du vécu personnel est donc la perfection de l'équanimité.

Si on admet cet enjeu pratique de perfection de la non-dualité incarnée au niveau personnel sous la forme de la vertu d'équanimité, on ne doit pas retomber non plus dans une forme de volontarisme spirituel. L'idéalisme qu'implique la recherche d'une perfection entraîne bien souvent un volontarisme qui remet l'ego au centre alors que le geste premier est de le relativiser dans la lumière non-duelle avant même d’espérer de voir s'abolir ses préférences. Mais d'autre part il y a des renoncements un peu rapide à tout idéal de perfection au nom d'un tout est parfait qui fait trop rapidement la part belle aux préférences égocentriques, même si on affirme volontiers qu'elles sont relativisées sans effort par la vue de notre véritable nature non-duelle. 

Accepter l'imperfection de notre réalisation non-duelle malgré un éveil flagrant à cette vérité et à sa lumière peut simplement signifier une humilité à l'encontre du volontarisme idéaliste et d'un laisser-aller des forces égocentriques. L'humilité véritable n'est ni humiliation de soi, ni posture subtile de l'ego : elle consiste simplement à percevoir ce qui fait tâche dans notre soi-disant équanimité rêvée. C'est un humour envers soi, un amour lucide de soi et non une forme perverse d'amour propre comme l'est l'auto-humiliation. L'humilité est une façon de se relier à la conscience non-duelle. L'humilité est d'abord ce qui fait de nous un cœur ouvert à une transformation dont nous sommes incapables volontairement. La conscience non-duelle, elle seule, a la vitesse requise pour attraper en flagrant délit les formes les mécanismes mentaux dans leur "plaisir de moudre et de moudre" et elle-seule a encore plus la vitesse de métamorphoser au vol les émotions et les pulsions. L'humilité est donc un renoncement à soi ego comme acteur de la vie spirituelle pour laisser vraiment la grâce de la conscience non-duelle opérer. Mais ce renoncement à soi n'est pas un mouvement sacrificiel doloriste. Il est don de soi à la lumière non-duelle : acte d'offrande de notre incarnation défaillante à l’œuvre divine. 
 

Tant qu'une partie de nous refuse de se voir transformer, l'offrande de soi demeure défaillante, l'humilité affichée reste illusoire. L'offrande de soi est un geste qui se joue instant après instant. Elle est foi dans la dimension évolutive de la conscience non-duelle, elle est aspiration à la grâce transformante de cette conscience. L'humilité dont il question est la joie de se fondre dans l’œil témoin de la conscience non-duelle et de voir que "Rien n'est contre", qu'il y a un chemin de perfectionnement de la présence de cette lumière au cœur même de la Vie matérielle. L'équanimité qui s'approche de sa propre perfection d’œil pur témoin atemporel révèle forcément la volonté divine transformatrice de toute chose que la tradition hindoue appelle La Mère. L'Être divin immuable qui se dévoile comme égalité par la vertu d'équanimité est inséparable d'un Devenir qui se dévoile comme volonté divine par la vertu d'humilité. Une dimension de ce Devenir absolu de l'Être est un principe d'individualisation authentique de l'ego et par-delà l'ego.

La transformation spirituelle de l'ego à la lumière de la conscience non-duelle peut éventuellement conduire à une prise de conscience d'un principe d'individualisation conjoint au Devenir animant la vie cosmique. En terme plus clair et moins conceptuel, l'accomplissement de la vertu d'équanimité et d'humilité par un approfondissement de la conscience non-duelle peut nous conduire à une prise de conscience en nous d'un monde de l'âme étroitement uni à La Mère. Notre ego n'est d'abord qu'un relai potentiel de ce monde de l'âme avant de s'élargir et de s'accomplir dans la venue en avant de ce monde.

"Rien n'est contre" la transformation psychique (lié au monde de l'âme) de l'ego à la lumière de la conscience non-duelle. La tradition spirituelle du platonisme perse que Henry Corbin ou Ostad Elahi nous ont découverte offre clairement un chemin en ce sens. L'accomplissement de cette transformation serait ce qu'on appelle la transformation spirituelle. Mais faut-il voir dans la mise en avant de l'âme par l'accomplissement des vertus le tout de la vie ? Le Devenir et donc ce qu'on appelle plus simplement la volonté divine s'arrête-t-il là ?

Qui nous dit que quelque chose est contre une divinisation du monde matériel ? La venue en avant pendant cette vie terrestre de certaines âmes, c'est-à-dire la disparition de tout égocentrisme personnel ne nous mettrait-il pas face à l'imperfection de nos corps animaux ? Ici le chemin de Mère et Sri Aurobindo est le seul (selon nos informations) qui répond que "Rien n'est contre".


vendredi 16 août 2013

DE 'TOUT EST NEUTRE" A "RIEN N'EST CONTRE" AU PLAN SOCIAL ET POLITIQUE. Rien n'est contre (Episode 1).

Du point de vue de mon ego, il y a des préférences et donc des rejets. Mais mes préférences et donc mes rejets ne coïncident pas avec ceux d'autres égos. Plus simplement mes préférences et mes rejets me mettent loin de toute neutralité par rapport aux faits.

Il s'agit de ma conscience ordinaire égocentrique. On conviendra cependant qu'elle ne peut guère engendrer une paix intérieure durable : dès que les faits contredisent mes préférences et mes rejets, je suis frustré, attristé d'une façon ou l'autre qui peut conduire à l'amertume, à la haine, à la dénégation, etc. Dans tous les cas je suis fort loin de toute paix intérieure caractérisant la sagesse. En outre, ces préférences et rejets m'opposant aux préférences et rejets des autres, on s'éloigne fatalement de la paix politique et sociale. 


Si je rejette telle croyance, telle religion que j'estime en partie contraire au pluralisme et à la liberté, par exemple, mais que d'autres l'embrassent dans mon entourage, je me positionnerais de manière tendue vis-à-vis de ces personnes.

A vrai dire dans nos sociétés pluralistes, nous aurons par définition affaire à des personnes qui rejettent ce qui en fait le fondement. Il y a ceux qui agissent à l'encontre du respect même des droits et des lois garantissant le pluralisme : ils sont un danger à écarter. Mais il y a ceux qui le rejettent par les idées, espérant vaincre le pluralisme par un mouvement quantitativement imposant mais qui veillent à rester dans le cadre des droits et des lois : ces derniers doivent être tolérés sinon la défense de la liberté contre les ennemis du pluralisme se retournerait contre elle-même.

Même si ceux qui rejettent le pluralisme sont à l'évidence forcément loin de vivre la neutralité qui conduit à la paix intérieure et à la sagesse dans une société constituée de manière pluraliste, quelqu'un qui préfère le pluralisme aura affaire à des préférences qui le contrarie dans ce que lui valorise. Celui qui basculerait dans la neutralité où la paix intérieure devient inébranlable ne peut pas avoir des propos condamnant une identité culturelle quelconque de manière unilatérale.

Celui qui touche à une perfection de la neutralité sait qu'à un niveau absolu "tout est parfait". L'obscurantisme d'un autre ne lui fera plus perdre sa paix intérieure. Derrière le visage grimaçant et agressif de l'autre, il voit la même réalité qu'en lui. La question n'est pas de condamner unilatéralement les préférences et rejets de l'autre mais de s'appuyer sur ce qui dans son identification illusoire pourrait lui aussi le mener à plus de liberté. L'amour inconditionnel et non préférentiel ne peut pas stigmatiser telle culture ou telle religion car il est fondamentalement plus doux qu'une colombe et rusé qu'un serpent. Un tel amour dépasse le calcul intéressé mais sait intégrer l'esprit calculateur. Combattre les tendances identitaires d'un autre pour l'aider à retrouver sa vraie nature où nous communions déjà avec lui ne passe pas par l'impression que du point de vue de nos préférences nous rejetons unilatéralement ce qui compose son identité culturelle et religieuse. Si son identité est fondée sur un rejet du pluralisme et qu'il sent de notre part un rejet de son identité comment pourrait-il envisager que le pluralisme que nous revendiquons en soit vraiment un ? La neutralité qui tend à la paix intérieure pourrait certainement incarner une spiritualité laïque libérée des carcans identitaires religieux mais à jouer la laïcité contre telle identité, nous allons à l'évidence à l'envers de cet idéal.

Poursuivre la perfection de la neutralité est une condition nécessaire de la sagesse mais ce leitmotiv semble à l'évidence insuffisant du point de vue du conflit persistant entre visions prémodernes d'un ordre hiérarchisé autour de lois et de mœurs communes et vision moderne pluraliste. D'ailleurs, cette neutralité a été prônée par des sages s'inscrivant complétement dans une société prémoderne sans remettre en cause ses fondements religieux exclusivistes ou la rigidité de la hiérarchie sociale. Ainsi bien que des sages modernes furent précurseurs dans la défense d'un certain pluralisme, la sagesse caractérisée par la neutralité ne permet pas de trancher entre ces deux approches. Une neutralité au niveau absolu peut susciter des individus en conflit culturel et religieux au niveau relatif.

Pour ma part, je rejoindrai dès lors les intuitions du mouvement intégral. "Rien n'est contre" me paraît beaucoup plus souple et pertinent que "Tout est neutre". "Tout est neutre" s’accommode fort bien du mental catastrophiste. Tout peut retourner à l'Être indifférencié, cela ne fait de toute façon aucune différence puisque la délivrance consiste à réaliser que tout est Cela. "Tout est neutre" peut justifier la relativisation de l'identité individuelle de l'autre sans aider l'autre à s'en délivrer puisque tout retournera inéluctablement par la catastrophe à Cela. "Rien n'est contre" exclut ce chemin de la catastrophe ; il y a un chemin de perfection qu'il s'agit de voir. "Rien n'est contre" nous parle d'une divinisation de la manifestation plurielle du divin.

Dès lors que "Rien n'est contre", nos préférences et nos rejets n'ont aucune valeur devant la seule valeur infinie du chemin de divinisation de la pluralité qui se cherche ici et maintenant. Chaque "ici et maintenant" offre les conditions nécessaires pour que ce chemin se réalise. L'acceptation neutre de ce qui est ici et maintenant si elle est nécessaire pour la paix reste insuffisante. Laisser se reconnaître à travers nous au-delà de notre identité relativisée l'unique Être de Cela n'est qu'une étape. la conscience maintenue de "Je ne suis pas cette pensée" ne résout pas le conflit entre des visions culturelles et religieuses diverses. La découverte que "Rien n'est contre" va bien au-delà car il s'agit de découvrir comment être co-créateurs en tant qu'authentiques disciples du sens.

Je n'ai rien à imposer de mes vues aux autres. Cela est inutile. Une argumentation aussi forte soit-elle ne renverse jamais  la vision de l'autre, si celle-ci n'est pas déjà un peu fissurée de l'intérieur ou si derrière celle-ci une soif de vérité l'emporte sur le désir de s'identifier. Puisque "Rien n'est contre", mon propos a d'abord pour ambition de contribuer à provoquer une ouverture intérieure dont le feu ne demandait que quelques nourritures extérieures adéquates pour s'alimenter et briser la forteresse mentale où il était en train de s'étouffer malgré son aspiration à respirer un autre air plus vrai, plus divin.
Mais puisque "Rien n'est contre", il y a certainement une intégration harmonieuse possible entre différents niveaux de mentalités d'une culture donnée et différentes identités culturelles.

On notera que l'identité culturelle devient moins crispée sur elle-même dès qu'on atteint une conscience mondocentrique.