mercredi 24 octobre 2012

L'ILLUSION DES PRETENTIONS TECHNOLOGIQUES HYPERMODERNES ET L'IMMORTALITE.

Les travaux de Clare Graves, de ses disciples et de Ken Wilber sur l'évolution des mentalités et des spiritualités nous ont inspiré ce schéma qui est aussi une relecture à partir de l'approche de Douglas Harding :

Chacune de ces mentalités culturelles y compris dans ses dimensions spirituelles quand elle s'est déployée dans l'histoire a déployé un système de production économique fondé sur un système technologique. Chaque système technologique est dépendant de ceux qui le précèdent comme chaque vision du monde propre à une mentalité présuppose l'intégration des précédentes. Marx a affirmé que cette intégration dialectique des visions du monde s'expliquait du point de vue de l'infrastructure d'une société comprenant le système technique et économique. Hegel lui partait de l'intégration dialectique des visions du monde pour expliquer l'histoire comme sa matérialisation. Il y a à l'évidence un va-et-vient entre l'infrastructure technologique et la superstructure culturelle. Une nouvelle approche technologique et scientifique a pu générer une nouvelle approche de l'expérience spirituelle et réciproquement une vision spirituelle a pu inspirer de nouvelles conceptions scientifiques et technologiques.

La question technologique se pose donc à notre stade postmoderne systémique ou hypermoderne soit à partir de notre compréhension spirituelle soit à partir de nos connaissances scientifiques.

Nous pouvons nous représenter à partir de connaissances scientifiques au moins de manière grossière une hiérarchie où chaque niveau matériel est le résultat d'un zoom à partir d'un niveau matériel plus grand ou plus petit. Notre zoom se perd ainsi dans l'infiniment grand et dans l'infiniment petit. Cependant à un niveau subtil et donc d'un point de vue plus spirituel, il y aurait une convergence entre la vacuité spirituelle où tout ce qui apparaît paraît et la découverte d'un niveau matériel d'où sourdiraient toutes les formes matérielles (un vide quantique ?). Faut-il faire une identification entre ces 2 approches ?

Ceci reste discutable à un niveau causal car le vide quantique est encore quelque chose alors que l'esprit en lequel apparaît toute chose est à la fois rien et capable de tout ce qui y apparaît. Le vide quantique est une manifestation, la vacuité au fond est une non manifestation, une non existence, une absence où se présente toute apparence : un Rien et un Tout simultanément.


Dans les milieux spirituels, on aime à ramener l'expérience directe de la vacuité à une réalité quantique : cette identification me semble donc contestable. C'est Ken Wilber qui le premier a incontestablement éveillé des doutes en moi au sujet des discours spiritualo-new age ramenant tout à de la mécanique quantique.

Quand l'hypermoderne se positionne en transhumaniste spiritualiste qui envisage d'abord l'évolution comme évolution biotechnologique, il manque alors un point capital que celui qui entre plus profondément et directement dans l'expérience spirituelle trouvera évident : toute connaissance mentale est toujours en marge de la connaissance de l'essentiel qui est non-mentale et donc ainsi hors de portée de tout arraisonnement technoscientifique. J'ai déjà évoqué ce point en partant d'une compréhension de la panne et de l'usure : on trouvera ici le lien avec cette réflexion. Mais on peut aussi développer une approche mettant en valeur l'essence du réel qui montre en quoi elle ne peut pas s'inféoder à une matérialité structurée technologiquement.

La technique n'a une action que sur des concrétisations du vide énergie. L'évolution comme on peut le voir au niveau causal se produit au croisement de l'infiniment grand et de l'infiniment petit, du microcosme et du macroscosme en lequel s'exprime ce vide énergie - force de conscience. Au-delà le non manifesté lui-même manifeste ce vide énergie - force de conscience : aucun technicien ne pourra donc jamais manipuler directement cette dimension première de la manifestation comme en amont d'elle la vacuité où se tient la source d'où pourtant s'est manifesté le génie technique jusqu'à présent et plus généralement l'évolution consciente de la conscience.

L'homme technicien et scientifique se tient toujours en aval de ce qui sourd à travers ce vide énergie. Il ne peut pas prendre dans son filet la Vie divine elle-même et sa force de conscience. Par exemple, le technoscientifique peut envisager d'allonger la vie humaine mais il ne peut pas matériellement lui conférer l'éternité qui caractérise la vacuité. Plus globalement comme cette Vie divine sourd en tout en tant que force de conscience, elle peut contourner n'importe quel détournement pensé technoscientifiquement et mener ailleurs son propre déploiement tout en le coordonnant à ce qui d'elle traverse le détournement technoscientifique en en montrant ainsi les limites.

S'il prend au sérieux le niveau causal et proprement non-duel, le technicien deviendra plus modeste, il aura la claire conscience d'une limite ontologique de toute visée scientifique et technique qui présuppose une prise d'objet(s) sur d'autre(s) objet(s) alors que le fond ultime sur lequel tout se manifeste est un non-objet. La visée transhumaniste de créer une humanité 2.0 paraît dès lors peu convaincante. Où est dans cette idéologie transhumaniste l'alignement de l'acte créateur avec sa source profonde ?

Par exemple, je remarque qu'en médecine ou en agronomie, ces dix dernières années, les progrès vraiment solides impliquent souvent une participation active du patient ou une participation plus consciente au fonctionnement de l'écosystème. En psychiatrie, les Thérapies Comportementales Cognitives ont produit des résultats plus solides que les progrès concernant des molécules chimiques comme il y en avait eu dans les années 70, 80, 90. En ce qui concerne l'agronomie les OGM ont été largement moins convaincants que les résultats obtenus par l'agroécologie.

Concernant l'immortalité et l'éternité, nous ne saurons pas vaincre technologiquement la panne ou l'accident. Nous pouvons régénérer semble-t-il les cellules âgées, l’espérance de vie humaine augmentera considérablement dans un futur relativement proche même si on ne pourra pas vraisemblablement éviter des morts par accident. D'autre part il n'est pas certain que les cellules du cerveau puissent être régénérées : ne perdraient-elles pas à l'occasion la mémoire et la structure qui la nécessite ? Dès lors là encore c'est bien l'esprit qui donne forme au cerveau qui seul pourra éviter les limites que les cellules cérébrales rencontrent durant le vieillissement. La plasticité cérébrale qui a été découverte ces dernières années ou les Expériences de Mort Imminente qui interrogent nos approches encore trop matérialistes suggèrent là encore la nécessité d'une participation active et directe du sujet à son probable allongement considérable de l'espérance de vie dans le sens d'une participation de plus en plus consciente de notre matérialité charnelle à l'éternité de l'esprit.

Angelus Silesius dans Le Voyageur chérubinique donne à ce sujet une piste spirituelle capitale qui n'est pas sans rappeler les positions de Spinoza sur la vision éternelle de chacun de nos instants corporels qui nous confère ainsi une forme d'immortalité :
La créature est plus en Dieu qu'en elle-même ; Qu'elle périsse, elle ne cessera jamais d'être en Lui. [I, 193]
Nous pouvons comprendre que toutes nos sensations, pensées, émotions, toutes nos formes énergies sont en l'esprit, en ces ténèbres lumineuses ou vacuité. Si nous allons au-delà de notre conscience personnelle égocentrique c'est-à-dire au-delà de notre réalité de créature ou de manifestation psychologique (psyché), nous trouverons l'essence personnelle de notre dimension éternelle en laquelle toute notre histoire se déroule. Il nous faut déjà périr à notre conscience usuelle centrée sur l'ego pour vraiment comme un goutte d'eau disparaître dans le vin divin et y renaître dans l'évidence qu'il y a une dimension profonde de nous-même qui est immortelle. [pour creuser ce point on peut aller ici sur mon carnet philosophique]

Cette dimension immortelle n'est ni du monde des sensations, ni du monde des émotions ni non plus des pensées. Mais autour d'elle s'intègre plus certaines pensées que d'autres, plus certaines émotions et sentiments que d'autres, etc.

Au-delà de ces couches de conscience-énergie pouvons-nous transformer celle qui constituent notre dimension matérielle à partir de notre transformation en la vacuité ou ces ténèbres lumineuses ? Nous sommes le rejetons de l'esprit où tout paraît mais nous n'avons pas encore accès à cet acte par lequel il pose par le vide quantique ou une autre dimension qui nous est encore inconnue l'évolution de la matière.

La science nous a révélé par son approche indirecte et extérieure ces réalités. Peu de spiritualités du passé ont creusé dans cette direction.  Mais des voies traditionnelles comme celle des taoïstes montrent un passage entre action extérieure (gestes du qi gong, acupuncture, etc.) et une action intérieure (manipulation des énergies par l'imaginal) qui ont des effets jusqu'au plan physique.

L'homme relié à son essence peut-il y découvrir un chemin qui l'attend pour aller au-delà dans la spiritualisation consciente de la matière ?

Le pouvoir créateur du Suprême

La Mère Divine, le pouvoir créateur du Suprême
A entrepris la création d’une vie divine sur terre.
Elle est également présente dans le cœur secret de l’homme.
La plupart des êtres humains ne sont pas conscients de sa présence.
La conscience physique de l’homme agit comme un mur très opaque
Entre son âme, l’être psychique et la personnalité extérieure.
Aucun effort humain le plus intense soit il, même héroïque ne peut casser
Cette barrière, cette séparation entre nous et l’Esprit.
L’homme est une création, une manifestation partielle du Divin.
Si la force divine surgit de l’intérieur et se déverse d’au dessus,
l’être psychique est libéré dans le mental, le vital et le corps.
L’être psychique est l’être immortel dans l’homme.
Le mental, la vital et le corps, chaque atome dans l’univers renferment
L’élément psychique en eux, la présence divine.
La matière dans sa vraie nature est une substance spirituelle.
Il n’y a rien ici ou ailleurs qui ne soit pas l’Esprit,
Qui ne soit véritablement le Brahman, la substance de Dieu, la Mère Divine.
L’homme est une image défigurée, déformée, incomplète du Divin.
Mais l’homme un jour révèlera le Dieu magnifique qui est en lui.
Nous vivons seulement un court instant dans l’éternité du temps,
Nous n’avons aucune vision, nous sommes impatients, c’est pourquoi
Nous ne voyons pas,n’apprécions pas le lent et long travail
Pour la perfection de la Mère Divine.
Cette évolution même à pas de géants prendra des siècles.
Si nous aimons la Mère Divine, et aspirons à La servir alors par sa Grâce ,
Nous aurons une vraie vision spirituelle détaillée du travail
Et du procédé de transformation qu’Elle a entrepris.
Alors au lieu de nous plaindre nous pouvons collaborer avec la Mère
Et ainsi accélérer la manifestation divine.
Que notre aspiration soit sincère
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Poème Niranjan Guha Roy
Illustration Christine Alkov

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