mardi 30 novembre 2010

LUNULE DE PENSEE DANS LE SOLEIL DE LA PERCEPTION.


Etonnement de celui qui constate que jamais il n'a été celui qui perçoit. La couleur est vue, le son entendu, l'odeur sentie, le goût goûté, le contact ressenti sans que moi sujet de la pensée n'y soit pour rien. Le moi sujet de la pensée ne fait que des commentaires sur la réalité première de la perception (d'un seul geste perçue et percevante). Etonnement approfondi : le sens de la pensée y compris celle de moi sujet d'une telle constatation prend sens dans la réalité première de la perception sans que moi sujet n'y soit pour rien.

Faut-il en conclure que moi sujet de la pensée qui jusqu'à présent se croyait substantiel n'est rien qu'une illusion ? Faut-il conclure que c'est une erreur de se prendre pour quelqu'un ?

Dans la lumière de la perception pure, une lunule de pensée où se déploie moi sujet de la pensée persiste...

Etrangeté du rappel de Soi, perception pure, à partir de la lunule de pensée sentiment de moi : d'un côté, il y a le désir du moi de retour à la proche périphérie de la conscience pure et de l'autre, l'évidence que la conscience pure brillait déjà dans la lumière de ce désir du moi avant de se réaliser lumière consciente de toute lumière.


Emergeant dans la lumière de la perception pure, la lunule de pensée, où se déploie moi sujet de la pensée, réverbère toute la globalité de la lumière de la perception pure. Cette lunule de pensée qui n'était qu'un rayon inconscient du soleil de la perception pure est transformée involontairement par le fait de refléter de plus en plus complétement toute la lumière de ce soleil de la perception pure. Comme la lune dans le ciel cherchant la lumière du soleil pour se percevoir en pleine lumière finit par la réverbérer sur toute la terre au point qu'on y voit comme en plein jour sans pourtant apercevoir le soleil.

On peut dès lors imaginer que celui qui rencontre en l'autre une lunule de pensée ainsi réverbérée verra à travers cet autre un soleil qu'il ne sait pas bien voir en lui. Et s'il sait entrapercevoir en lui cette lumière du soleil unique, face à cet autre la réverbérant aussi intensément, il se sait non encore transformé. Il voit pointé en lui ce qui prend du temps pour laisser s'incarner au cœur de sa propre individualité cette lumière en une plus grande constance et intensité.



mercredi 3 novembre 2010

TOUTE PENSEE N'EST-ELLE QU'INVOCATION ?

Toute pensée n'est au fond qu'une fiction. Cette fiction a cependant un pouvoir certain d'invocation. Malheureusement, je me prends en flagrant délit de croire à sa puissance et de la croire à ma disposition, si je sais bien la manipuler. Je la crois alors plus réelle que la Conscience qui lui confère sens. Je me crois réel comme pensée de moi-même distincte de la pensée du monde et d'autrui. Je ne retiens de conscience qui ce qui tombe sous ce sens que j'invoque pour moi seul face au monde et à autrui. Je confonds distinctions de sens fécondes dans l'unité de la Conscience et significations de différences séparatrices oublieuses de leur condition de possibilité.

De la prière à la science, il s'agit toujours et encore d'une invocations de nos actions : la science n'est peut-être qu'une forme d'invocation plus partageable et plus efficace objectivement que la prière. Le simple d'esprit tel un enfant ne craint pas de recourir à la prière quand sa science, son sens de l'invocation efficace du point de vue de sa reproductibilité fait défaut. Comme il a foi en ce qui est, le simple d'esprit veut sereinement tout ce qui surgit de la Conscience : il juge que ce qui est vaut mieux que ce que sa prière espérait de mieux. L'efficacité de la prière relève plus de la qualité subjective de l'invocation que de l'efficacité objective de par sa reproductibilité.

Si comme simple d'esprit, on admet que le monde dans sa matérialité se transforme aussi en fonction de nos invocations, cette transformation elle-même n'en est que plus miraculeuse. C'est une réponse sur un plan qui échappe à la pensée qui pourtant l’invoquait. Ce qui est s'autocrée matériellement miraculeusement pour celui qui ne peut qu'invoquer. La pensée qui surgit est une autocréation qui peut surgir et disparaître harmonieusement dans le mouvement global d'autocréation de ce qui est. Faire la volonté de la Conscience (divine, faut-il le préciser ?) plutôt que la sienne n'est peut-être pas un délire de celui qui veut être un simple d'esprit. Ce savoir faire là n'est certainement pas un savoir mental mais n'est certainement pas non plus une ignorance. Ce savoir-faire n'est-il plus ou moins intense quand on est éveillé à la Conscience ? Qu'est-ce qui en jeu dans cet affinement de celui qui reconnaissant l'éveil se laisse devenir en lui ? Est-ce une finesse du coeur qui se dévoilera ? Est-ce une qualité de soumission et d'abandon de la volonté individuelle qui s'intensifiera ? Est-ce une inspiration plus éclairante de la juste invocation qui se révélera ? Est-ce une sensibilité à la beauté qui se manifestera ?

jeudi 30 septembre 2010

VOIR LA LUMIERE DE L'ESPRIT REND TRES OPTIMISTE.

Si la lumière de l'Esprit s'est vue malgré nous, alors nous savons que tout ce qui apparaît est de sa substance et que ce rien qui voit est de sa substance. Désormais dès que nous nous soumettons à sa vision ou qu'elle nous la donne de nouveau, nous expérimentons concrètement que notre sentiment de soi est de sa substance. Cette expérience qui voit se dissoudre le sentiment de soi en toute la substance de la lumière de l'Esprit s'approfondit sans forcément abolir le sentiment de soi. Tout ce qui est soi, les autres et le monde est de sa substance ainsi que le rien où ils surgissent. l'Etre de ce qui est en train d'être et n'est pas est donc la lumière de l'Esprit.

Tournant notre personne vers la lumière de l'Esprit, surgit la joie et l'accueil inconditionnel de tout ce apparaît en elle.

Nous commençons à comprendre qu'elle est à l'œuvre en tout. Nos changements sont dans l'ignorance de son œuvre. Tous nos discours sont dans l'ignorance de son œuvre. Le monde entier est le fruit de son œuvre. Et nous-même sommes son œuvre. S'apercevant malgré nous, elle redresse le détournement qu'elle s'est donnée d'elle-même à travers nous. Nous découvrons son œuvre auto-créatrice, son œuvre de transformation et d'amour. La lumière de l'Esprit découvre sa puissance d'action phénoménale.


Comment dès lors être pessimiste sur l'avenir de ce qui se manifeste ? Bien entendu, il n'est pas exclu que ce qui se manifeste voit la disparition de certaines manifestations comme autrefois telles espèce qui dominait la terre a disparu mais comment penser que la lumière de l'Esprit ne puisse pas engendrer une manifestation de plus en plus harmonieuse et à l'image de son amour pour nous à qui il s'impose malgré nous ?

samedi 25 septembre 2010

LA LUMIERE DE L'ESPRIT. CITATION DE SRI AUROBINDO.


« Je n'ai rien voulu apporter d'autre aux hommes qu'un chemin et une possibilité de se détourner du moi-je, de l'ego, de l'individu, pour se tourner vers ce que nous sommes vraiment : la Lumière de l'Esprit, la Toute-Lumière de l'Esprit. », Sri Aurobindo cité ici par Ma suryananda Lakshmi.

Commentaire :

Où voir la lumière de l'Esprit ? Regardons ce dessin de Ernst Mach :


Il y a une lumière extérieure qui entre par la fenêtre au fond, mais ce n'est pas la lumière de l'Esprit. Quand il y a moins de lumière solaire dans la pièce, la lumière de l'Esprit, où cette baisse de lumière du monde, se perçoit reste constante :

Reste une confusion : le sentiment de soi croit que cette lumière intérieure qui lui permet de voir est de son fait et qu'elle est de peu d'intérêt mais le sentiment égocentrique de soi, quoiqu'il produise, peut apprendre à se soumettre au fait que ses commentaires n'existent que dans cette lumière intérieure.

La lumière de l'Esprit est une chose bien pauvre au premier abord. La pensée et l'émotion ou la sensation semblent bien plus vivantes mais ce n'est pas voir que la lumière de l'Esprit est leur condition de possibilité. Si notre sentiment de soi se tourne vers cette lumière intérieure, se met dans cette lumière intérieure et la reconnaît comme son principe alors il entrera dans un processus de transformation. Si le sentiment de soi se soumet de plus en plus au fait que la lumière de l'Esprit l'enveloppe lui, autrui et le monde alors sa conscience sera de moins en moins égocentrique, il ne croira plus égocentriquement que cette lumière par laquelle il perçoit est sa propriété, son fait. Il n'y a de conscience que dans cette lumière de l'Esprit : la conscience égocentrique est une illusion.

Lorsqu'on lui parlait de cette lumière, le sentiment de soi égocentrique n'en voyait pas l'intérêt, la trouvant pauvre et peu agissante ; s'il se libère des croyances qui l'empêche de voir que la source de l'être se dévoile dans cette lumière, alors cette lumière de l'Esprit indiquera de plus en plus clairement ce qui doit être fait, elle impulsera même des actes dans un corps esprit d'où momentanément au moins il n'y a plus de conscience de soi individuelle.



jeudi 23 septembre 2010

ABOLIR L'HERITAGE ? QUELQUES PISTES THEORIQUES.






















Le mouvement intégral avec Ken Wilber partant des travaux de Clare Graves et ses disciples ou Sri Aurobindo dans L'idéal de l'unité humaine repère des transformations de notre culture selon notre appartenance plus ou moins consciente à telle ou telle organisation.

Nous proposons ci-dessus un schéma qui en donne une idée de leur analyse et de ce qu'on peut en retirer. Il est clair que la qualité d'être qui implique le dépassement incessant de l'ego influe sur la culture et entre en conflit avec elle.

Le judéo-christianisme dans son texte de référence La Bible offre dans son Premier Testament un dépassement de la mentalité clanique vers une mentalité ethnique puis pointe une réalité supraethnique que le Deuxième testament approfondit autour de l'enseignement et de la vie de Jésus-Christ. Le bouddhisme représente aussi un tel mouvement pour l'hindouisme. Au contact du christianisme des colons, l'hindouisme connaîtra à partir du XIXe siècle une forme d'universalisation dont Ramakhrishna, Vivékananda et aussi Sri Aurobindo sont l'incarnation spirituelle.

Nous voudrions appliquer ce schéma du dépassement de l'ego à la question de l'appropriation.
Ceci reste une ébauche qu'il nous faudra préciser mais voici une première approche :
























Quand l'enfant acquiert une conscience réfléchie, il parvient rapidement à un sens du Tien et du Mien. L'identification égocentrique à son propre corps définit l'arrière plan de son sens de l'appropriation que nous distinguerons du sens de la propriété. L'enfant s'appropriant son corps rencontre d'ailleurs des difficultés psychologiques. Il n'aime pas par exemple qu'on coupe ses ongles ou ses cheveux, il peut s'inquiéter de perdre ses fèces. Des liens étroits ont été reconnus par la psychanalyse entre le rapport à l'appropriation et les perturbations des selles.

Le rapport à la propriété est donc viscéralement lié à la conscience séparative de la conscience égocentrique.

Il nous semble que de nombreux enseignements spirituels négligent ce fait et qu'on peut légitimement questionner la profondeur du dépassement de l'ego qu'ils proposent.
Aujourd'hui la tribu, la famille ont bonne presse et à vrai dire il s'agit d'un espace de solidarité et de redistribution essentiel. Cependant on notera que le pouvoir et l'autorité sont concentrés dans les mains des parents. La tribu n'est pas un espace d'individualisation parfaitement libre tant qu'on est pas affranchi économiquement d'elle. Toutefois c'est un espace de don où le Tien et le Mien sont aussi échangés dans une relative confiance. Cet esprit peut exister entre amis, au sein d'une bande, etc. Dans nos sociétés postmodernes, cette fascination pour le clan, son sens du partage participe de la ploutocratie comme les sociologues Pinçon-Charlot l'ont bien vu (ici on trouvera une interview éloquente). Mais on ne doit pas se focaliser sur les plus riches, il existe des systèmes claniques qui sont mis en place au sein des grandes écoles qui forment nos cadres supérieurs, nos ingénieurs... Partout dans nos sociétés ploutocratiques postmodernes se pratiquent des "pistons".


L'héritage proprement dit qui est la forme d'appropriation que nous voulons interroger apparaît avec des visions du monde ethnique. dans ces visions du monde, le clan est relativisé. C'est l'organisation ethnique qui prime face à des concurrences ethniques, liés à de nouveaux modes de production centré sur l'agriculture. Le fondement de la puissance économique est l'appropriation des terres cultivables. Une caste aristocratique va s'emparer des terres et faire admettre à tous que l'appropriation des terres cultivables s'hérite. La propriété au sens propre suppose une reconnaissance sociale. L'héritage est un système de propriété lié au système de castes inhérent au stade ethnique où au fond des clans entrent au sein d'une alliance ethnique en rapport hiérarchique avec les autres. A l'échelle du clan, le don et l'échange ne comprennent pas une telle conception. L'héritage est donc le nerf des sociétés de caste. On hérite des fonctions, des droits et des devoirs inhérents à la caste mais aussi des biens et des pouvoirs économiques qui sont les siens.

Le capitalisme d'Etat (qui comme le montre Immanuel Wallerstein fut aussi le fait des régimes communistes) et la modernité vont ébranler les système de caste mais il ne va guère questionner l'héritage. L'héritage est un résidu de l'égocentrisme clanique au sein de l'organisation clanique qui a contribué à l'injustice des castes mais qui dans le capitalisme d'Etat produit des classes sociales d'apparatchiks, une classe bourgeoisie plus ou moins grande, etc.

Le sociolibéralisme taxe plus ou moins les héritages pour le redistribuer en biens communs comme l'éducation, la santé, etc. car il a en vue un développement économique harmonieux. Il met en valeur une égale dignité qui n'est pas formelle dès lors qu'elle s'appuie sur une égalité des chances. Mais on notera qu'il est profondément en crise surtout depuis que le monde se modernise. Les dernières hautes castes féodales qui choisissent de chercher un pouvoir à travers la modernité forment des oligarchies ploutocratiques maquillées parfois derrière des paravents religieux fondamentalistes. Les élites occidentales s'allient ses nouveaux venus à la modernité et en postmoderne admettent souvent les différences de valeurs sans les interroger. On parie sur la modernisation des esprits pour que ces pays en voie de modernisation accepte les visions sociolibérales. On estime que le sociolibéralisme est un ensemble de valeurs qu'il ne convient pas d'imposer.


















L'humanisme postmoderne et sociolibéral compte essentiellement sur la modernisation économique pour vaincre la pauvreté. On compte sur la croissance pour diminuer le chômage, on compte sur la croissance pour redistribuer davantage les biens. La globalisation a obtenu de bons résultats mais on notera qu'une pauvreté de masse est réapparue dans le monde occidental postmoderne et que toutes les tentatives sociolibérales pour l'endiguer ont échoué face aux mécanismes perturbateurs de la mondialisation économique telle qu'elle est menée maintenant. Par ailleurs la croissance économique sociolibéral découvre que la terre n'a que des matières premières limitées. Certains pensent que la pauvreté sera vaincue seulement si on restreint la population terrestre. S'il y avait moins d'un milliard d'habitants voire 500 million nous pourrions continuer de vivre sur la même dynamique économique d'abondance.



































Où est l'erreur et l'impasse sociolibérale ? Ce sont des gens qui acceptent que gagner de l'argent est déconnecté de la qualité d'être et du fait de créer durablement. Leur défense agressive et irréfléchie de l'héritage et du droit à la propriété prouve leur rejet de la spiritualité. Il montre que l'ego est resté accroché aux vielles mentalités. Leur sens mondocentrique refuse le moyeu d'une approche systémique authentique qu'est la valorisation de la conscience d'être et de l'intuition créatrice car il reste tourné vers les niveaux inférieurs d'élargissement de l'ego. Pour eux, gagner sa vie est un devoir alors que les dominants par le jeu de l'héritage ont visiblement moins d'efforts à faire en ce sens. Ils ne parviennent pas à dissocier le travail et le fait de gagner sa vie. Certes la valorisation du travail est saine du point de vue d'une spiritualité qui valorise le développement de la conscience force créatrice. Mais pourquoi celui qui ne travaille pas devrait-il être condamné à ne pas gagner sa vie ?

Accéder pleinement à une conscience anthropocentrique suppose que l'enrichissement économique puisse être accessible au plus grand nombre. A vrai dire si tout le monde n'avait pas à gagner sa vie, il faudrait immédiatement repenser l'usage des biens relatifs à la terre. Il faudrait interdire toute spéculation financière sur la nourriture pour que ce droit d'exister concrétiser par un revenu d'existence ou de maintenance soit réel. Il faudrait créer des choses durables et recyclables et non produire de plus en plus de choses écologiquement dommageables qui amènent à un épuisement et une dépense inutile des ressources en vue d'un plus grand profit financier. Etc. La conscience systémique et authentiquement anthropocentrique qui seule peut allier de manière harmonieuse l'individu et le collectif n'est pas mondocentrique dans la mesure où elle intègre une écologie au service de la préservation de la vie humaine et du respect de chacune des individualités humaines.

Le dernier cercle met en jeu une évolution au-delà de l'homme qui suppose vraiment de se focaliser sur le devenir cosmique au-delà de l'ego mental qui caractérise les limites de la conscience humaine. La surhumanité mettra certainement fin à l'argent et à la propriété individuelle en dépassant définitivement le point de vue de l'ego. Mais cette disparition ne sera pas imposée politiquement. Elle aura lieu localement au sein du système économique systémique où chacun aura son revenu d'existence assuré et l'égoïsme de l'héritage déraciné. L'Avoir deviendra de plus en plus spontanément une expression de l'Être. Mais si ceci prend place n'est-ce pas une nouvelle manière d'être du cosmos qui se manifestera ? Ne faudra-t-il pas dépasser la surhumanité cosmocentrique dans une suprahumanité ayant accès comme à une nouvelle manière d'être cosmique ? C'est en tout cas ce que suggère Satprem quand il essaie de rendre compte de l'expérience de Mère...

mercredi 22 septembre 2010

ABOLIR L'HERITAGE ? QUELQUES PISTES.

Chacun commence à percevoir les limites de la dérive ploutocratique de notre démocratie (on pourra consulter ceci). A côté de l'enrichissement des plus riches, presque 13,4% des français ont moins de 908 euros par mois. C'est cette ploutocratie qui asphyxie notre économie. Car les plus riches profitant de la valorisation du gain par une majorité de français ont la main mise sur les politiques économiques. Ils paient de moins en moins d'impôts ou lui échappent volontiers en s'expatriant. Ce sont eux aussi et nulle autre qui acceptent les délocalisations qui font que nos emplois disparaissent. Ils refusent bien sûr les protections douanières qui s'imposent à l'égard d'économie qui ne donnent pas des conditions humaines à leurs travailleurs et ne respectent guère l'environnement car c'est bien sûr leurs propres gains qui sont en jeu. Certes la mondialisation de l'économie est un vecteur nécessaire pour la conscience d'appartenir à une seule humanité mais il paraît important d'imposer des conditions pour accélérer non pas les gains mais la qualité de vie !! La pensée libérale derrière laquelle les plus riches se cachent entre en profonde contradiction avec une réalité où l'Etat sert leurs intérêts. Qui a accepté une telle concentration de biens, d'argent et de pouvoir entre quelques mains ? Nos politiques de droite ou de gauche, nos désirs collectifs d'une économie puissante au regard de celles des autres, notre mimétisme à l'égard des anglo-saxons, etc...

Le monde des riches n'est pas au pouvoir sans le consentement de la majorité. Ce monde a parfaitement intégré la démocratie. Il nous appartient de ne plus céder à la ploutocratie au nom d'une culture fondée sur la valorisation de la qualité d'être et du développement de la puissance créatrice de chaque individu.
Dans une culture centrée sur l'être et son expression créatrice, il faut que l'avoir reflète au maximum la qualité d'être et le génie créateur individuel. Abolir l'héritage semble alors nécessaire pour rompre avec une société fascinée par l'avoir.

Il va de soi qu'hériter des biens et de la fortune due aux génies créateurs de nos ascendants ne garantit guère la valorisation de notre qualité d'être et de son expression créatrice.

L'héritier n'a rien fait sinon naître tel, il n'a rien créé de radicalement nouveau, il s'appuie sur une fortune pour investir et s'emparer d'autres biens : il ne crée rien, il spécule, il place et déplace.. Si génie il y a de sa part c'est un génie touchant au pouvoir. Dans une société fondée sur l'être et son expression créatrice, on partage le pouvoir que nous donne l'autorité créatrice. L'héritage est une nouvelle forme encore plus injuste de la société de castes que les démocrates ont prétendu rejeter après la révolution française. Etre libéral, amener le projet de la modernité qui s'oppose à une société close et hiérarchique à sa pleine expression implique d'abolir l'héritage. Certes il est légitime d'avoir des souvenirs, des objets fabriqués ou transmis par ses parents et grand-parents mais les droits sur une œuvre destinée au public, un capital économique peut-elle être ainsi transmise dans le giron de la seule famille sans que cela ne mette en cause l'égalité des chances et l'égalité des droits ? A vrai dire cela ne respecte plus profondément la dignité des êtres humains qui sont chacun un lieu de la conscience de l'Être et à chacun desquels il faut chercher à offrir les moyens d'épanouir sa propre puissance créatrice individuelle dont il est porteur étant l'individualisation de la conscience de l'Être.

On peut estimer qu'il est normal de constituer un pécule pour ses descendants qu'on aime et priver les gens d'héritage ne serait-ce pas interdire cet amour ?
Cette abolition de l'héritage intrafamilial n'a de sens que couplé à un revenu d'existence. Si la nation offre la possibilité à chaque citoyen de ne pas avoir à gagner sa vie grâce à un revenu d'existence, l'héritage comme pécule sensé aider les descendants n'est-il pas inutile ?

Il y a le cas du fondateur d'entreprise. Abolir l'héritage n'est-ce pas provoquer la faillite de l'entreprise et priver des créateurs de leur création collective ? Abolir l'héritage doit s'envisager d'un point de vue libéral et non comme un communisme étatique. Le point de vue libéral n'est pas étranger en soi à une libre communion fraternelle. A condition toutefois de respecter une certaine égalité.

Ce ne sont pas souvent les créateurs dans notre économie actuelle qui commandent la vie économique. Ce sont souvent des actionnaires et l'Etat qui tirent le plus profit des entreprises sans un profond souci de sa réalité humaine et créatrice :


On pourrait partager en une certaine mesure les actions de l'entreprise entre ceux qui y créent lorsque les propriétaires d'actions décèdent. Tous les membres d'une entreprise seront à long terme également actionnaires. Le capitalisme pourra devenir authentiquement libéral. Mais pour éviter que les membres de cette entreprise entrent collectivement dans une démarche de pouvoir dominateur sur le reste de la société, on fera en sorte que les concentrations d'entreprises soient contrôlées ou limitées lors de la transmission d'un instrument de travail. Si il est besoin d'entreprises concentrées comme c'est le cas pour les transports, l'eau des villes, etc. il faudra qu'elles appartiennent à la nation entière pour démocratiquement en garder le contrôle et s'assurer qu'elles remplissent leur mission de service collectif.

Ceux qui trouveraient notre approche irréaliste n'ont qu'à considérer l'utopie vivante d'une société axée sur l'Être et la conscience évolutive qu'est Auroville. Bien sûr, cette utopie n'est pas à la hauteur des idéaux qu'elles s'est donnée mais on notera que son idéal est encore plus relever que celui qui vient d'être esquisser puisqu'il tend à l'abolition de l'argent et de toute propriété individuelle transmissible.


DOCUMENT de réflexion (qu'on trouvera intégralement ici):

Le 19.06.1967, La Mère déclarait que pour vivre à Auroville :

" Au point de vue psychologique, les conditions requises sont :

1. La conviction de l'unité humaine essentielle, et la volonté de collaborer à l'avènement de cette unité.

2. La volonté de collaborer à tout ce qui favorise les réalisations futures.

3. Les conditions matérielles seront élaborées au fur et à mesure de la réalisation."

Après cela, La Mère indiqua clairement les grandes lignes qui devraient être observées dans notre vie matérielle. Elles doivent former la base de notre existence collective, mais ne doivent pas être appliquées de façon rigide et dogmatique. Par conséquent la structure de notre vie collective à Auroville doit être vaste et très flexible : elle est de caractère évolutif et changera en fonction de la croissance de conscience individuelle et collective, et avec l'émergence et l'expression progressive de la Vérité inhérente d'Auroville.

Les fondations de cette façon de vivre sont la confiance, la sincérité, la responsabilité et la bonne volonté.

1. La vie collective

Auroville veut être une cité où des gens du monde entier vivent en harmonie. Elle s'évertue à réaliser l'unité humaine et à être au service de la Vérité au-delà de toutes convictions sociales, politiques ou religieuses. Ainsi vous êtes tous invités à venir nous rejoindre dans cet effort évolutif. Bien qu'il ne nous appartienne pas de questionner les voies de développement spirituelles ou les pratiques spirituelles privées, Auroville ne doit pas être utilisé comme un lieu de prosélytisme ni pour recruter des adeptes pour aucune organisation politique, religieuse ou spirituelle. Les relations dans Auroville doivent être basées sur la collaboration sincère et la fraternité. Les conflits entre les résidents doivent être résolus au sein de la communauté, d'une manière qui est en accord avec l'esprit d'Auroville. Toute forme de violence ou d'abus n'a pas de place à Auroville. Une relation amicale avec la population locale aussi bien que le respect pour leur culture et leurs traditions est indispensable. Apprendre à parler le tamoul facilite grandement ce lien. Le respect de la nature et de l'environnement est attendu de tous. Les lois de l'Inde doivent être respectées. Toute personne brisant ces lois peut être sujet à un procès en justice qui pourrait résulter en une peine d'emprisonnement ou une expulsion du pays.

A cet égard, chacun doit être conscient que l'utilisation de drogues, qui a spécifiquement été interdite par La Mère dans Auroville, est aussi interdite par les lois indiennes.

2. Travail, Contribution, Argent

Le travail :

Chacun doit être conscient que nous sommes ici pour construire une cité de 50 000 habitants
comme moyen de donner " Un corps vivant à une unité humaine concrète "..

La participation par un travail significatif est un aspect essentiel de la vie à Auroville. Chacun est censé adopter une activité qui correspond aux besoins de la communauté tout en étant en harmonie avec les capacités, les priorités et les besoins de chaque individu.

Contribution :

L'on attend de chacun qu'il/elle contribue au bien-être collectif en travail, en nature et/ou en espèce. Les unités productives sont censées contribuer un partie importante de leurs revenus ou de leur production à la ville. Les Auroviliens aisés qui ne dépendent pas de la communauté pour leurs moyens d'existence sont encouragés à faire des donations accessoires ou régulières à la communauté ou à n'importe lequel de ses projets.

L'argent :

Parce qu'un objectif important est que les Auroviliens ne reçoivent pas d'argent équivalent à un paiement pour leur travail, et qu'il n'y ait pas de circulation d'argent à l'intérieur de la ville, la communauté est responsable pour couvrir les besoins courants de chaque personne autant que possible.

Pour augmenter la puissance économique d'Auroville et pour développer une économie sans liquidité, l'on attend des personnes ayant des moyens financiers qu'elles contribuent au moins assez pour toutes leurs dépenses dans Auroville ainsi qu'aussi généreusement qu'elles le peuvent pour les dépenses générales de la communauté à travers le Fond Central. Elles sont aussi encouragées à garder leurs capitaux dans Auroville. L'on attend des nouveaux venus qu'ils contribuent au moins assez pour leurs propres dépenses durant au moins la première année. [...]
Bien que des efforts intensifs soit faits, Auroville n'est pas encore capable de répondre à la totalité des besoins-particulièrement le logement-de tous les résidents.Des expériences sont en cours et l'on attend de tous les nouveaux auroviliens qu'ils joignent l'expérience économique qui est actuellement développée à Auroville.

3. Propriété et logement

Propriété :

L'on attend de chaque résident qu'il gère ses propres ressources au plus haut niveau de sa conscience. A Auroville, tout est, selon Mère, proprieté collective devant être utilisée pour le bien-être de tous. Argent et biens dans la cité sont sous la tutelle des individus, des responsables de projets et des gérant de services ou d'unités commerciales. Ils doivent être utilisés pour le développement de la cité aussi bien que pour la promotion des idéaux d'Auroville. Personne n'a de droit de propriété sur les maisons et autres constructions, services, projets ou activités commerciales dans Auroville. Vendre ou louer ses biens pour des profits personnels est inacceptable. Toutes les activités font partie de l'ensemble de la stucture d'Auroville et toutes les transactions financières les concernant ont lieu à travers les filières officielles d'Auroville.

Logement :

Il y a encore quelques années, parce que notre nombre était faible et la région vaste, l'habitation était individuelle et parsemée. Puis la tendance changea pour la construction en agglomérats mais toujours par des particuliers. Il y a désormais un appel pour quelque chose d'autre. L'habitat sera construit et détenu par la collectivité et attribué aux individus et familles sur la base du besoin. Il sera demandé à tous ceux qui le peuvent de contribuer généreusement au fond pour le logement. Durant votre période dite de ''nouveau venu'' (Newcomer), vous aurez la possibilité de loger dans un logement pour Newcomer ou une maison d'hôte (Guest house) en fonction de la disponibilité de telles accommodations. Idéalement, vous aurez le choix entre différents types d'habitations qui vous seront présentés par le Service du logement. Vous devez être conscient qu'Auroville fait actuellement face à une crise du logement critique et que la disponibilité, le genre et la taille du logement pourront dépendre de votre capacité à y contribuer.
N.B : On nous parle aujourd'hui d'enlever la nationalité aux polygames, ne serait-il pas plus juste d'enlever la nationalité à ceux qui ne paient pas leurs impôts en France et expatrient la majeure partie d'une fortune qu'ils ont pu gagner à l'aide des efforts de français ?

Il va de soi que cette utopie politique du revenu d'existence allié à l'abolition de l'héritage des capitaux ne prendra corps que si l'Europe politique ne s'y oppose pas.

samedi 11 septembre 2010

CONSPIRATIONNISTES, CROYANCES AUX ILLUMINATI ET AUTRES ZEITGEIST IGNORENT L'ESSENTIEL.


-On lira d'abord en cliquant ici avec intérêt cet article de Rue 89 qui résume les travaux sociologiques sur les théories du complot et explique leur force actuellement.

-Cette interview de Philippe Corcuff qu'on trouvera ici est remarquable du point de vue sociologique et philosophique pour rappeler que les individus d'une classe sociale ou d'un groupe ne contrêle jamais intégralement leurs actions (on trouvera ici d'autres articles plus fouillés de Corcuff sur le même thème) ;

- Cet autre article de Luc Tesson qu'on trouvera ici pointe l'horizon millénariste qui caractérise les théories du complot. Je remarque qu'à partir de notre premier article de référence, cet aspect millénariste n'est pas totalement déraisonnable puisque les conspirationnistes prolifèrent à des périodes de crise sociale, politique et économique auxquelles succèdent des périodes de transformations historiques.

Nous proposons ici non pas une analyse sociologique comme l'article de rue 89 et l'interview de Philippe Corcuff ou une analyse politique comme l'article de Luc Tesson. Nous essaierons de proposer une analyse précisant la nature de l'ignorance spirituelle concernant les crises de transformation de l'humanité qui, selon moi, nous touche forcément lorsqu'on défend peu ou prou un point de vue conspirationniste.

Entendons-nous bien sur un premier point : qui est l'auteur ultime de ce qui est ? Toute spiritualité digne de ce nom admettra que croire que l'ego est l'acteur est une illusion. Bien sûr, une tradition philosophique persistante rejoint volontiers le sens commun : nous avons un libre-arbitre. Nous faisons donc selon cette conception le bien et le mal consciemment. Quand nous sommes conspirationnistes nous devenons très manichéens. Lorsqu'on défend un tel point de vue, nous devons donc nous interroger sur notre sincérité : il suffit de s'observer un peu et on voit que l'on fait souvent le mal que l'on sait être mal et que l'on ne fait pas le bien que l'on sait être bien. Pascal essaie de nous montrer que cette incapacité à être vraiment capable de choisir le bien s'amenuise avec notre amour propre qui ne veut pas le reconnaître :
« La nature de l’amour propre et de ce moi humain est de n’aimer que soi et de ne considérer que soi. Mais que fera-t-il ? Il ne saurait empêcher que cet objet qu’il aime ne soit plein de défauts et de misère ; il veut être grand, et il se voit petit ; il veut être heureux, et il se voit misérable ; il veut être parfait, et il se voit plein d’imperfections ; il veut être l’objet de l’amour et de l’estime des hommes, et il voit que ses défauts ne méritent que leur aversion et leur mépris. Cet embarras où il se trouve produit en lui la plus injuste et la plus criminelle passion qu’il soit possible de s’imaginer ; car il conçoit une haine mortelle contre cette vérité qui le reprend, et qui le convainc de ses défauts. Il désirerait de l’anéantir, et, ne pouvant la détruire en elle-même, il la détruit, autant qu’il peut, dans sa connaissance et dans celle des autres et à soi-même, et qu’il ne peut souffrir qu’on les lui fasse voir ni qu’on les voie.
C’est sans doute un mal que d’être plein de défauts ; mais c’est encore un plus grand mal que d’en être plein et de ne les vouloir pas reconnaître, puisque c’est y ajouter encore celui d’une illusion volontaire. Nous ne voulons pas que les autres nous trompent ; et nous ne trouvons pas juste qu’ils veuillent être estimés de nous plus qu’ils ne méritent : il n’est donc pas juste aussi que nous les trompions et que nous voulions qu’ils nous estiment plus que nous ne méritons. » Pensées, L.978, S.743.
Notre marge de manœuvre n'est jamais celle que les théories du libre-arbitre prétendent. Regardons le schéma suivant que propose Douglas Harding : Notre action personnelle n'implique-t-elle pas une action du tout émergeant de rien ? Nos actes personnels sont donc les actes de la conscience JE SUIS universelle. Notre personnalité peut penser à l'encontre de ce JE SUIS : l'amour propre, la croyance à un libre-arbitre absolu le prouvent mais rien ne se fait en dehors de JE SUIS.

Ce premier point acquis, nous pouvons essayer de jauger ce que valent les théories du complot qui ne cessent de fleurir et auxquelles nous avons tendance à nous raccrocher en période de crise. Imaginons du point de vue spirituel qu'est le nôtre une tentative de complot. Elle émane alors d'un groupe qui pense contrôler l'histoire. Or le JE SUIS qui s'aperçoit lorsque ma petite personne n'ignore pas d'où elle surgit seul enfante le Devenir. Un tel groupe est dans l'illusion. Ses actes ne seront pas adéquats à ses projets : ils ne se feront pas avec le même impact que prévu par eux, ils rencontreront des interactions qu'ils ne maîtrisaient pas, leur égocentrisme et leur amour-propre nuira à l'harmonie de leur groupe, etc. Autrement dit un groupe de comploteur verrait son action déformées par des actes inconscients du point de vue de leur projet. Ils peuvent réussir sur certains points mais ils échoueront sur d'autres. Les théoriciens du complot comme d'éventuelles tentatives de complot omettent toujours la réalité profonde de l'inconscient.

Ce deuxième point est profondément solidaire du premier point. Le mystère du JE SUIS qui rend le libre-arbitre personnel obsolète débouche sur l'omniprésence de l'inconscient pour ceux qui vivent sur le seul plan des personnalités. A l'évidence l'inconscient collectif sera encore plus puissamment désaxé d'une intention collective que l'inconscient individuel dès lors que le JE SUIS sera ignoré culturellement. On nous dira que les religions ont un impact correcteur : cela dépend de quelle époque on parle. Avant l'époque moderne, l'expérience profonde de JE SUIS, du PRESQUE RIEN ou du TOUT IMMANENT se découvrait en leur sein d'où leur effet réformateur et leur impact historique. Elles sont aujourd'hui dans leur pratique pour la plupart en réalité en ignorance du JE SUIS au point de rejeter et de condamner de plus en plus systématiquement ceux qui en ont une expérience approfondie. A vrai dire de nombreux groupes religieux face à leur incompréhension et leur rejet du monde manifesté par JE SUIS aimeraient bien comploter et ils n'y parviennent guère. Le JE SUIS, le PRESQUE RIEN et le TOUT IMMANENT, cet UN qui les a fondé autrefois avec ses différents accents sur l'individualité, le non SOI ou le processus n'est plus la source profonde de leurs projets...
Les théoriciens du complot sont nombreux et influents. Pourquoi ? Nous ne sommes plus à l'époque de la recherche du complot satanique de la même façon que ce fût le cas avant l'ère moderne. Nos théoriciens du complot ne sont plus des religieux superstitieux qui essaient en vain de comprendre ainsi un monde qui leur échappe que ce soit par des maladies d'une violence incompréhensible, soit par l'avancée inéluctable de la modernité. Toutefois nous sommes certainement à la fin d'un cycle comme le furent ces religieux superstitieux pour qui les événements échappaient à leur représentation du monde. Ils parvenaient à la sauvegarder en découvrant sous la torture un complot satanique avoué par une sorcière, un mage, un philosophe, etc. Aujourd'hui, on veut que le chaos soit le fruit de l'intention d'un certains nombres de petits groupes. La finance et l'argent échappent de plus en plus au contrôle conscient des financiers et des banquiers animés par leur recherche du profit : alors on invente un groupe caché qui le contrôle vraiment consciemment tout cela et on fait des films qui montrent des images convaincantes. L'environnement semble menacer la possibilité d'une vie humaine digne de ce nom alors on invente un complot visant à l'extermination d'une partie de la population terrestre et bien sûr on trouve une réunion de milliardaires qui s'inquiètent effectivement de la surpopulation humaine sans eux-mêmes en comprendre le sens et on lui donnera ici une version relativement modérée et là une version nettement conspirationniste. On soupçonne ces milliardaires de vouloir tuer une partie de l'humanité. On oublie que l'environnement pollué et un climat perturbé peuvent avoir très bientôt des effets meurtriers de très grandes ampleurs. Autrement dit nos milliardaires n'ont qu'à laisser faire... Notre espèce, de toute manière, devra se réadapter à un nouvel environnement et il est clair que les pays pauvres et surpeuplés où la corruption est endémique vont connaître de terribles soubresauts. Par ailleurs, comme nous l'avons déjà évoqué, on sent bien que l'influence du religieux sur le destin de l'humanité va faiblir globalement face à ce qui est une crise évolutive de l'espèce humaine qu'aucune religion n'envisage réellement. Si les islamistes arrivaient au pouvoir au Pakistan, que feraient-ils face aux prochaines montées des eaux ? Globalement, même nos grands médias préfèrent fantasmer sur le pouvoir de groupuscules religieux que sur ce qui est en jeu. Bien entendu, le conspirationniste lui fantasmera sur un groupe religieux ou politique qui n'est même pas celui des groupes terroristes ou tyranniques qui défraient la chronique des grands médias et dont la menace serait encore plus terrible, ces derniers manipulant les groupes connus médiatiquement. Etc.

Si on admet le devenir suivant de l'humanité :

Alors on doit pourtant se demander si la grande extinction en cours n'implique pas ceci :

Les religieux, les financiers, les politiciens comme les théoriciens du complot n'envisagent pas cette possibilité d'un après l'homme. Si notre crise évolutive engendre d'une part un surhomme et d'autre part un suprahomme comme touts les sauts évolutifs précédents de la lignée humaine.

Si nous admettons que nous ne sommes pas les auteurs de notre devenir et que seul JE SUIS agit et que c'est à partir de lui qu'il y a évolution à une manifestation de conscience supérieure alors nous reconnaissons de plus en plus la formidable part d'inconscient à l'œuvre. Même nous qui pensons cette évolution de la conscience et qui nous tournons vers JE SUIS ne sommes pas totalement conscient de cette évolution de la conscience.

Si on considère la prégnance de l'inconscient sur nos actions, les questions posées par un documentaire comme The corporation sont plus pertinentes et justes que celles soulevées par le documentaire Zeitgeist. Les questions posées par The corporation pointent la part d'inconscient qui se sert de nous pour provoquer la crise évolutive. les questions posées par Zeitgeist relèvent pour l'essentiel des théories du complot et donc participent davantage de l'inconscience générale.

La partie III de Zeitgeist qui soupçonne un groupe de puissants de concevoir la monnaie à son profit empêche de voir le caractère inconscient de l'évolution économique en cours pour la plupart et les effets néfastes pour l'humanité qu'une telle évolution non consciente entraîne si elle demeure majoritairement telle.
L'effondrement du Wall Trade Center signifie avant tout l'impuissance de ce qui symbolise la puissance moderne avec ses technologies. Les moyens électroniques de surveillance ont fait faillite ; les radars, les satellites, les constructions à toutes épreuves, etc., tout cela a fait faillite. Le théoricien du complot préfère y voir un complot provenant de ceux qui ont le plus à disposition cette puissance. A vrai dire, là encore, on refuse de voir qu'il est question d'une crise évolutive qui révèle la limite profonde de tout ce que nous considérons comme la puissance due à notre conscience mentale. La partie II de Zeitgeist empêche une telle prise de conscience.


La partie I de Zeitgeist croit voir dans la religion chrétienne une supercherie du fait de la récupération de symboles et croyances égyptiennes. Les forces de conscience de JE SUIS que la religion égyptienne exprime à travers ses symboles et ses dieux n'est pas une totale inconscience de JE SUIS. Le christianisme s'il a réinvesti ces expressions n'est pas alors une totale inconscience de JE SUIS. D'ailleurs les plus grands penseurs des traditions juives et chrétiennes ont toujours reconnus une proximité avec les égyptiens. Jung estime même que les archétypes s'expriment avec autant de force dans différentes cultures qui n'ont pas forcément de liens entre elles : le déluge judéo-chrétien s'inspire peut-être de l'épopée de Gilgamesh mais la disparition de l'empire de Mû est un mythe qui a la même structure que les précédents et dont la filiation avec les précédents fait défaut. Le 25 décembre renvoie certainement à une conscience force ou un archétype de la conscience humaine spirituelle. D'où une date centrale pour le christianisme comme pour le bouddhisme... Aujourd'hui, la nouveauté est le passage d'une vie spirituelle exclusivement religieuse à une spiritualité en dehors des religions. Focalisé sur l'idée que le judéo-christianisme a des charlatans pour fondateur, les gens qui pensent avec Zeitgeist et les divers conspirationnistes passent à côté de cette radicale nouveauté. Les questions, que celle-ci pose, ne sont pas envisagées alors qu'elles sont les indices visibles d'une évolution en cours de la manifestation de l'absolu. Zeitgeist est bien une entreprise ignorante parmi tant d'autres du mystère évolutif de la manifestation de JE SUIS.

On pourrait affirmer que cette évolution vers plus de conscience n'aura pas lieu et que le nom de l'absolu n'est pas Je SUIS mais Presque Rien où notre humanité va finir par se résorber. Mais là encore ceci ne ferait que montrer le ridicule d'insister sur des complots humains alors que ce sont tous les phénomènes qui porteraient en leur sein l'éventualité de l'auto-abolition de ce qui les manifeste. Si spirituellement le monde est le lieu de manifestation de l'absolu alors il est le lieu d'action de l'absolu : celui qui en prend conscience et peut mener à bien ne peut être que l'absolu auto-créateur.

P.S :

Ici un groupe de liens vers des articles dénonçant diverses rumeurs de complot.

Ici dans cette même série d'article un article sur la rumeur des Illuminati.


jeudi 19 août 2010

SPIRITUALITE ET MECANIQUE QUANTIQUE.


Il y a un refrain qui chez de multiples chercheurs spirituels : la science et plus particulièrement la mécanique quantique nous permet de penser la spiritualité.

Mais les étrangetés de la mécanique quantique restent au bout de nos microscopes. Et l'esprit nous est seulement accessible du côté de celui qui regarde.


Identifier l'esprit et la matière de la part de ces chercheurs ou même expérimentateurs spirituels n'est que le fait de la pensée et aucunement le fait d'une réalité psycho-matérielle. Si vraiment notre matérialité était immédiatement accessible à l'esprit qui se révèle en nous alors nous assisterions à une action spirituelle au cœur même de la matière sans aucun intermédiaire.

Quand nous sommes nés à l'esprit alors la pensée ne nous embarque plus aussi facilement dans ses circonvolutions. Nous tenir en l'esprit purifie la pensée : sa mécanique ne nous emporte plus. Elle est transformée de plus en plus en un instrument de l'esprit qui l'éclaire de lumière plus hautes font elle apprend à devenir l'expression.

Quand notre naissance à l'esprit gagne en clarté alors la mécanique des émotions, des désirs de même se purifie. Nos émotions deviennent l'expression des sentiments qui nous relient à l'esprit. Notre désir de devenir l'instrument de l'esprit l'emporte de plus en plus sur tous les désirs égocentriques. Les sympathies de l'esprit l'emporte de plus en plus sur nos préférences et nos répulsions.

Se gargariser de ce qui rapproche la science et la spiritualité peut certes renforcer la foi chancelante en l'esprit. Cependant que valent des interprétations des vulgarisations scientifiques pour valider l'esprit ? N'est-ce pas plutôt une démarche expérimentale de l'esprit qui est souhaitable pour vraiment y naître ? La foi spirituelle n'est-elle pas d'autant plus forte qu'elle se libère des convictions mentales pour reconnaître directement la lumière de l'esprit qui l'habite?

Et pour celui qui est né à l'esprit et se veut sincère en se soumettant de tout son être à l'esprit, ce discours conciliateur sonne encore plus faux. Dans l'évidence de l'esprit, que vaut un tel discours ? Pointe-il l'évidence de l'esprit qui se tient ici et maintenant ?

La science dans sa démarche même met entre parenthèse la naissance à l'esprit, elle agit sur la matière sans remettre son action pleinement entre les mains de l'esprit. c'est comme mettre en ordre des pensées en utilisant d'autres pensées ou plus encore en utilisant des pensées pour chercher à remettre en ordre nos émotions et nos désirs en ne remettant pas cette transformation entre les mains de l'esprit. La science appartient à nos changements et non à la transformation de l'esprit.

Aucun mouvement perceptible de transformation à la croisée de l'esprit et de la matière n'a encore eu lieu pour la majorité de ceux qui sont déjà nés à l'esprit. La transformation mentale et vitale a certes un impact sur notre matérialité : notre corps se porte mieux quand la pensée, les émotions et les désirs sont transformés par l'esprit. Mais il ne s'agit pas encore d'une transformation consciente sur le plan matériel lui même. Notre transformation n'a pas franchi la barrière des pulsions organiques et des mécanismes cellulaires qui restent l'œuvre de la Nature. Autrement dit notre transformation spirituelle n'a rien encore pour la presque totalité d'entre nous d'une évolution biologique et matérielle consciente.
Ainsi ceux qui parlent d'une convergence de la science et de la spiritualité ignorent et rejettent inconsciemment pour la plupart une transformation d'un nouvel ordre au-delà de ce que la plupart des spiritualités envisage.
On trouvera ici un approfondissement de cette question à partir de Quantum questions de Ken Wilber. Et ici sur le même blog d'Eveil et philosophie une discussion qui montre que la science ne permet pas de trancher entre matérialisme et théisme.

On trouvera ici sur le blog de Mudita un propos de Sri Aurobindo sur les limites de la science.