L'âme n'est pas l'ego, c'est une individuation du Soi, c'est un nœud individuel de l'unique lumière, une perle de joie pure et sans objet qui grandit en un feu tout au fond du cœur tout en arrière.
C'est l'Eros de Socrate, c'est l'étincelle divine de Maître Eckhart, c'est la flamme grande comme un pouce de la Katha Upanishad (2.I.12-13) ou le feu du cœur chez les stoïciens.
L'âme n'est pas l'ego, notre vraie personne n'est pas un tas de masques derrière lesquelles des forces universelles inconscientes mènent leur jeu.
Il n'y a que Cela, ceci n'empêche pas que Cela est transcendance (une réalité en dehors de tout), Cela est tout et Cela est processus d'individuation.
C'est quand cette illumination illumine le fond du cœur là où présence personnelle et présence impersonnelle ne sont qu'un que l'âme peut prendre sens.
Autrement dit, c'est une grâce et la croissance de l'âme à travers nos dimensions mentales, émotionnelles et pulsionnelles qui amènent cette prise de conscience. C'est la grâce du devenir du tout qui dévoile dans notre personne une dimension individuelle de la lumière divine. Ce devenir du tout, en Inde, c'est la Mère divine, la mahashakti, la prakriti supérieure. Cette dimension individuelle de la lumière divine est ce que l'Inde appelle le Purusha.
Purusha (sanskrit IAST : puruṣa ; devanāgarī : पुरुष) signifie « mâle, homme, personne, héros | fonctionnaire, serviteur | principe vital, esprit | âme de l'univers » selon le Dictionnaire Stchoupak Sanskrit-français.
Notre personne doit se transformer dans le creuset du cœur pour que l'âme émerge de plus en plus...
Quand l'âme émerge, elle a ses propres initiatives. Même si demeurent des éléments non intégrés qui font un extérieur alors qu'elle est l'intérieur, son action d'intégration peut se déployer plus librement que lorsque nous n'étions pas conscience d'elle.
Et on peut donc ne pas être conscience d'elle, même si le Soi est réalisé comme espace vide d'accueil. Par contre, l'âme ne saurait être pleinement réalisée sans la réalisation de cette lumière spirituelle du Soi dont elle est une dimension subtile.
J'avoue que c'est comme un éveil dans l'éveil. Et beaucoup au nom de l'éveil au Soi diront que ces histoires sont illusoires. J'aimerais qu'ils se souviennent de leur temps d'ignorance du Soi, l'ignorance de l'âme est du même ordre, on l'ignore alors qu'elle est là en arrière-plan dans le cœur, cachée dans les ténèbres lumineuses du Soi.
La Katha Upanishad situe ce Purusha dont l'âme est l'émanation au fin fond du Soi (L'Atman, traduit ailleurs comme Le moi) (2-III-7-9 et 2-III-17) :
Au-dessus des sens, se trouve le mental ; au-dessus du mental, se trouve la pure lumière; au-dessus de la pure lumière le majestueux Atman ; au-dessus du majestueux Atman, se trouve le Non-manifesté.
Au-dessus du Non-manifesté, se trouve le Purusha, omnipénétrant, sans signe emblématique. Celui qui le connait est libéré et parvient à l'immortalité.
[...]
Le Purusha, de la taille d'un pouce, siège en tant que l'Atman Intérieur dans le cœur des créatures.
Ainsi au début avant de croître et d'émerger en avant, l'âme peut s'apercevoir tout derrière le centre du cœur, elle est un centre lumineux pas plus grand qu'un pouce, une flamme qui ne brûle pas (Katha Upanishad, 2- I - 12-13 et 2 - III -17) . Et déjà, cet aperçu donnera au cœur toute sa capacité d'ouverture, il le connectera à la Joie et à une égalité fondée sur la douceur.
Quand, à la lumière du Soi, l'âme émergera vraiment en avant, elle procédera à une purification impitoyable de tous les attachements de notre ancienne vie animale. Le désir perdra son sens, seule la soumission à l'action divine importera.
La participation de plus consciente à un devenir évolutif ne sera plus seulement liée à une compréhension mentale et à une foi dans le devenir. Elle ne sera plus liée seulement à des expériences passagères d'une force descendante.
Nous deviendrons des fils/filles de Dieu en devenant psychisés, transformés par notre âme et sa secrète complicité avec la dynamique évolutive de la nature, le devenir du tout, la Mère universelle.
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