J'étais un ego en quête de salut, j'étais un ego en quête d'un paradis sur terre, j'étais un ego qui voulait une réponse au fait de la mort.
Tous ces désirs étaient des résistances de l'ego. L'ego voulait en trouvant son salut une sécurité et la le désir de sécurité renforçait son égocentrisme. Il avait certes renoncé aux sécurités matérielles pour une sécurité de la foi religieuse mais cette sécurité n'était pas celle d'une foi authentique, d'une fidélité à l'amour qui veut grandir par morts et résurrections.
Il fallait voir qu'on est construit pour l'amour. Je suis un espace d'accueil pour tout le monde avant même d'être un ego qui cherche à se distinguer de ce qu'il prétend ne pas être tout en voulant le soumettre.
Pour paraphraser Saint Paul, me tenant ainsi en Dieu, ce n'est plus moi qui vit mais Dieu qui vit en moi.
Seule l'âme, ce satellite projeté par l'amour, ne meurt pas et grandit par le biais d'une petite flamme projetée dans l'ego.
Mais ce feu de joie au coeur de l'âme qui se voit illumination de la conscience par la conscience restera-t-il un feu pour les âmes et le ciel de Dieu ?
Il y a là une bifurcation : la joie d'être une âme projetée par et dans la lumière de Dieu est tournée soit vers la blancheur céleste ou bien elle consent à se tourner vers le monde...
Le mouvement intégral doit se positionner plus clairement sur la question de l'argent. Quand on regarde ses propositions, elles sont toujours fortement monétisées. Il y a l'idée sous-jacente que les leaders de l'évolution sont socio-économiquement bien situés dans la société : les membres du mouvement intégral s'adressent avec leurs spirales évolutives à des leaders économiques qu'ils cherchent à gagner à leur cause. L'argent est nécessaire et il devrait un jour au final se plier aux forces de conscience évolutives si vraiment nous vivons un monde où se joue une évolution consciente de la conscience. Ainsi un moment indispensable de l'évolution consciente de la conscience consiste selon nous (même si d'autres moments le précéderont) à assurer à tous le fait de ne plus avoir à gagner financièrement sa vie. L'amélioration de la production économique pourrait dès lors signifier pour tous une libération de l'obligation de servir aveuglément telle ou telle logique injustifiable d'entreprise pour gagner sa vie. L'économie deviendrait alors l'instrument ou une authentique dimension d'une évolution consciente de la conscience.
Mais ce moment de soumission de l'argent comme force de conscience ne sera qu'un moment si l'évolution consciente de la conscience nous donne de percevoir l'être des individus nous dispensant de les estimer par leurs avoirs.
Encore une nouvelle réforme, encore une « refondation du lycée ». A quoi bon ?
Tout le monde le sait, il s’agit ici d’aligner les volumes horaires pour compenser les pertes de personnels de la fonction publique.
Pourtant tout le monde le sait aussi, nous sommes face à une situation de crise économique, de crise écologique majeure et il faut le dire de crise culturelle et spirituelle profonde qui exige de former des citoyens capables de l’affronter. Former seulement des élèves vaguement compétents dans des disciplines est très insuffisant. Il nous faut former des élèves capables de renouveler nos élites socio-économiques voire de participer à un renouvellement de notre manière collective de vivre et d’être.
D’une part, toute la rhétorique visant à justifier pédagogiquement la réforme ne cachera pas sa misère de vue. La préservation des heures de philosophie, d’ECJS ne garantit nullement de former des élèves capables de créer des réponses aux défis qui les attendent. On remarquera que les contenus et les ambitions des diverses disciplines n’ont même pas été précisés dans cette réforme. Seule la baisse du volume horaire dans la plupart des autres matières fait sens.
D’autre part, plus significatif encore, quand on parle d’aides personnalisées pour donner à cette réforme un semblant de justification pédagogique pour répondre au défi qui est le nôtre, on a affaire à de la poudre aux yeux. En effet, si on regarde ce point de plus près, on voit qu’il s’agit d’heures allouées en demi classe (entre une quinzaine et une vingtaine d’élèves). « Personnalisé » est utilisé pour masquer le fait qu’il ne s’agit toujours et surtoutpas d’aide individualisée. Pourtant les faits les plus contestables sociologiquement et économiquement sont là. Depuis plusieurs années, les élèves plus aisés sociologiquement et économiquement accèdent et réussissent plus facilement après leur baccalauréat dans les filières donnant accès aux postes clés de l’économie et de la société. Leur aisance vient de ce qu’ils reçoivent l’aide de leurs parents, de plus en plus de cours privés, voire des formations parallèles qui leur permettent d’avoir un niveau que les élèves des classes moyennes et populaires n’auront pas. Une telle réforme ne peut que renforcer cette situation qui à l’évidence met en cause l’égalité républicaine.
Enfin cette réforme prétend innover en donnant aux lycées une plus grande autonomie. A vrai dire, celui qui veut bien réfléchir sait qu’il s’agit de modeler le lycée sur un modèle antirépublicain d’entreprise. L’autonomie n’est pas donnée aux conseils pédagogiques formés par les enseignants dans lesquels les chefs d’établissement feraient figure d’arbitre. Une telle autonomie, authentique et démocratique, ne serait envisageable qu’avec des moyens horaires permettant d’accomplir pleinement la mission républicaine d’égalité des chances : il s’agirait vraiment d’envisager par exemple une aide individualisée aussi bien pour un élève en difficultés dans telle matière que pour un élève talentueux dans telle matière afin qu’il y atteigne l’excellence. Rien de cela avec cette réforme : il s’agit au final de donner encore plus de pouvoir aux personnels administratifs pour gérer la pénurie des moyens et la misère de perspective, il s’agit encore de rechercher davantage des logiques comptables au mépris des élèves, de leurs enseignements et des enseignants.
Cette réforme passera peut-être comme les autres s’appuyant sur le louvoiement des professeurs, la perspective des parents abusés par la rhétorique, la mauvaise foi ou le manque de lucidité des élites, etc. Mais cette réforme du lycée marquera une étape de plus dans l’affaiblissement des valeurs républicaines d’égalité, des valeurs démocratiques de l’autonomie comprise comme partage des responsabilités au profit de valeurs ploutocratiques et du management hiérarchique abusif qu’elles imposent.